Quel jour on est?

Aujourd'hui, je sors du garde-robe.

Depuis que j'ai mis une photo de moi trop claire sur ce blog, je reçois de plus en plus de courriels. La peau, ça excite les p'tits gars. Mais aujourd'hui, ils vont tous s'enfuir en courant en apprenant que Cannelle, est féministe. Non mais, c'est tu rien qu'assez laid comme mot? On dirait une secte. J'aimerais mieux égalitariste, ça représente mieux ce que je pense, mon combat à moi, c'est pour l'égalité, rien de plus, rien de moins.

Quand j'avais quinze ans, j'étais révoltée et féministe.

Quand j'avais vingt ans, je disais que les féministes étaient des esties de mal baisées.

Aujourd'hui, je voudrais ne pas avoir besoin d'en parler. Vous savez quoi, j'aimerais ne pas avoir besoin d'être féministe. Mais je n'ai pas le choix!

Rien ne m'enrage plus que les imbéciles qui dénoncent la burqa et le Niqab pendant qu'ils magasinent des strings à leur fillette de dix ans.

Parce que j'ai choisi un métier traditionnellement féminin, je gagne une fraction du salaire de mon mari. Pourtant, on arrive et on part du bureau à la même heure. On travaille aussi fort et j'ai même plus de responsabilités que mon mari. Mais j'avais juste à choisir une job d'homme si je voulais un salaire d'homme faut croire. J'avais juste à travailler pour le gouvernement, j'avais juste à trouver un poste syndiqué. Parce que dans le privé, ces inégalités existent encore.

Et quand un patineur est un peu trop exubérant à notre goût, on le traite de femme. Il devrait passer des tests pour voir si c'est pas rien qu'une femme. C'est réducteur être une femme, la preuve, c'est que pas un homme voudrait en être. Si vous voulez en insulter un, traitez le de femme.

Au bureau, je reçois un courriel sexiste tous les trois jours. Est-ce qu'on se sentirait aussi drôle de faire suivre autant de courriels antisémites ou simplement racistes? Non, les femmes, on peut en rire, c'est rien que des femmes. Même les femmes rient des femmes. Ça, c'est triste.

Je parlais de ça avec un p'tit enfant gâté qui m'a dit que j'étais dans le champ, que l'égalité était atteinte au Québec, que je répandais des mensonges. Que de dire de telles choses était du faux féminisme. Si une entreprise ne respecte pas la loi sur l'équité, poursuis-là et tu seras riche Cannelle. Ouin, c'est sûre que si j'avais le cash de ton père, je pourrais m'amuser à poursuivre des entreprises.

Hier, je lisais dans Le Devoir à la page G8 que l'écart de salaire entre les hommes et les femmes est encore de 12.5%, ce près de 14 ans après qu'une loi fut votée à l'Assemblée nationale. Même si les employeur avaient jusqu'en 2001 pour procéder à l'évaluation et l'ajustement salarial des emplois occupés, seule la moitié des employeurs ont fait leur devoir jusqu'à ce jour. Si c'était rien qu'un petit con de balayeur, je m'en sacrerais de me faire dire que je suis dans le champ. Mais ce petit con est attaché politique sacrement!

Ça fait que j'ai pas le choix. Moi et toutes les femmes qui n'ont pas été élevées pour servir et se la fermer, on n'a pas le choix de continuer de dénoncer les iniquités, parce qu'il y en a encore trop et il y a encore trop de petits cons qui pensent qu'on n'est rien que des frustrées mal informées.