Ça fait presque un an que je penche à gauche.
C'est pas neurologique, le docteur est rassuré.
Je tangue. Je penche, je perds l'équilibre.
Ça me force à demeurer attentive.
Je marche comme sur un matelas.
C'est le même pied que cet hiver,
dans le quartier chinois
en pleine manif.
Le même pied.
Je pensais pas que je me rendrais.
J'ai réussi à marcher jusqu'au bout du stationnement.
J'avais tellement mal.
Je t'ai appelé. Ton cell était fermé. Ma voix tremblait sur ta boîte vocale.
J'aurais tellement voulu que tu répondes.
T'es capable de me guérir juste en me parlant doucement.
Je t'ai texté que je pouvais pas marcher.
Que j'étais assise par terre devant le dollorama.
J'ai ouvert mon paquet de gomme balloune.
Pour me distraire, parce que j'avais le goût
de pleurer.
C'est toujours trop sucré.
Je l'ai crachée par terre.
Je me retenais de pleurer, mais ça marchait pas,
ça faisait trop mal.
Même les joueurs de hockey pleurent des fois.
J'ai texté Johnny, il m'a envoyé Mélodie.
Elle m'a dit t'en fait pas. On va les installer tes décorations.
On est là pour ça.
Je savais que tu serais fâché.
Tu as dit que c'est arrivé parce que je suis fatiguée.
Tu as dit que je vais rester couchée tout le temps.
Tu vas me servir, moi je me repose.
En m'asseyant dans la voiture de Mélo
je me suis dit que je pourrais pas voir de garçons pour un bout,
surtout si je suis enfermée.
Je voulais sortir ce soir.
Quand tu m'as aidée à sortir de la voiture
on s'est regardé et on a eu la même idée.
C'est une bonne excuse pour prendre de la morphine.
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