mardi 27 août 2013

-J'ai la job que je veux depuis que j'ai douze ans. J'ai un bon salaire. Je suis où je me voyais.
-Je connais ce sentiment-là.
-J'ai fait ce que tu voulais.
-Je t'ai fortement encouragé à faire ce qui te ressemble et ce qui te rend heureux. Depuis que tu as douze ans je te dis que si tu t'impliques et que tu restes impliqué ils vont t'engager.
-T'as tout le temps raison.
-Surtout quand je me mêle pas de mes affaires.
-J'étais nerveux en tabarnak. Je m'étais préparé pour vrai. J'ai dit que j'ai tout fait dans c'te bâtisse-là. Si tu me donnes pas c'te job-là ça va être une autre. J'ai lavé les toilettes, j'ai chanté des tites chansons tout l'été, j'ai été technicien de son, DJ, organisateur d'événement, bénévole. Tu peux compter sur moi pour appliquer sur tous les postes que tu vas afficher, mais pour l'instant c'est lui que j'veux.  Pis là pendant l'entrevue, je lui ai dit, un jour tu vas prendre ta retraite, ça va prendre quelqu'un pour te remplacer, quelqu'un comme moi.
-T'as pas dit ça.
-Il a dit mon p'tit christ t'es ben capable!
-T'as dit ça pour vrai.
-Je vais travailler à l'école. L'école que j'ai lâchée. Je vais travailler avec des petits gars surtout pis moi je vais les empêcher de lâcher. En jouant au Hockey. Parce que la vie c'est comme une game d'Hockey. Tu vas voir, mes jeunes, ils vont être ben avec moi.
-T'as fait combien d'heures de bénévolat l'an dernier?
-Je sais pas mais j'ai reçu un prix parce que j'en ai fait beaucoup.
-Ouais, tu es bien mon petit frère.
-Je vais réussir comme toi.
-Mieux que moi. maman me l'a dit. Elle a été impressionnée par ton show. Elle a dit, Einstein est encore meilleur que toi, Cannelle. Il est bon avec le monde.
-M'man t'a dit ça!
-Elle te le dira jamais, elle me le dit à moi quand elle est fière de toi.
-Elle était sûrement soûle.
-Elle était soûle, mais c'est pas grave. Moi j'ai un truc. J'ai décidé que quand m'man est soûle pis qu'elle dit quelque chose que j'aime; c'est vrai. Si j'aime pas ça; c'est pas vrai! Essaie ça.
-T'es sérieuse là.
-Non. Mais j'ai pensé que pour quelqu'un comme toi qui écoutes des radios poubelles dans son char et qui lis juste le journal de Montréal et des biographies de golfeurs, ça pouvait marcher.
-Tu me fais chier. t'es jalouse.
-Bien au contraire, je suis fière. Tout ce que tu arrives à faire avec un si petit potentiel, y a de quoi être invité à prendre un train pour raconter ta vie à Josélito.
-Heille t'as-tu fini? Vous allez arrêter de me parler comme si J't'ais un estie de cave pis un bébé. J'ai une bonne job, je paye mon loyer pis mes comptes comme vous autres. J'ai pas de leçons à recevoir de vous autres.
-Qui ça vous?
-Tout le monde! Je vais travailler pour ceux qui m'ont sauvé quand j'ai lâché l'école. J'ai juste vingt-et-un ans pis je fais ce que je veux dans vie. Dans Masosh en plus!
-Touche pas aux tite-filles. Si tu savais quand j'avais seize ans tout ce que je faisais endurer aux stagiaires et aux techniciens en loisirs et aux animateurs de pastorale et aux directeurs et aussi aux techniciens en labo et parfois aux parents bénévoles et aux enseignants et même aux enseignantes. Oh si tu savais...
-T'es-tu conne toé. Tu me parlerais pas de même si j'étais une femme. Tu sais pas comment c'est dur de faire ma job, je peux même pas changer des couches.
-Je sais. M'excuse.
-Si une fille me regarde, je la sors de mon groupe.
-Tu vas lui briser le coeur.
-Ouais, la vie c't'une salope, bébé.
-Ouais t'es mon p'tit frère.
-Ouais.
-Ouais.
-Ouais.
-Ok bonne nuit.
-Je t'aime ma tite soeur.
-Câlisse que t'es téteux.
-Toi t'es comme m'man. Faut attendre tu sois soûle pour te dire qu'on t'aime.
-Soûle? Moi?
-Ben c'est ça. Personne a jamais le droit de t'aimer. Si tu prenais un coup peut-être qu'on aurait le droit.
-OK bye.
-...
-Heille Einstein!
-Quoooiiiii?
-Sais-tu de quoi tu peux être fier?
-De quoi?
-De rien produire pour c't'hostie de système de marde. Rien qui se consomme, se jette, se gaspille. Juste du bonheur.
-T'es endoctrinée ben raide.
-Marx pis moi on t'aime, ti-cul.
-Fuck you, un jour je vais l'avoir mon bloc appartements. Je passe Go je prends ma paye, je vais chez Mcdo avec mes nikes pis je vais penser à toi en mangeant mon quart de livre. En veux-tu?
-Non j'vas juste te piquer une couple de frites.


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