samedi 21 mars 2009

De voir naître l'étoile, comme il est doux

Je suis une paresseuse, je sort le moins souvent possible de mon cocon. Mercredi le 10 mai 2000 je suis allé au dépanneur avec ma voisine, chose que je ne fais jamais puisque c'est mon chum qui fait les commission chez-nous... Quand je suis revenue deux minutes plus tard, Dédé Fortin était mort. Mon chum et mon frère assis sur le divan m'ont regardé et m'ont dit en choeur: Dédé Fortin s'est tué. Non ça se peut pas. Que je disais. Quelques minutes plus tard, mon petit frère de 7 ans au téléphone me disait à travers ses larmes: Ça veut dire que y aura plus de St-Jean Baptiste? Dédé chantera plus à la St-Jean?

Dans Hochelaga-Maisonneuve, tout le monde aimait les Colocs. Les enfants chantaient tassez-vous de d'là en jouant à la corde à sauter. Les adultes criaient bon dieu donne-moi une job! On s'identifiait énormément à lui. Il chantait notre vie, notre misère, notre révolte et soudainement, il a abandonné.

Nous sommes allés en pèlerinage hier avec mon mari et mon petit frère qui est aujourd'hui un grand gars de seize ans. Le petit est fragile ces temps-ci, la semaine dernière il était encore à l'hôpital. Nous avons attendu sa sortie pour l'emmener avec nous. Je lui ai dit que je lui paierais le film et irait le voir avec lui à une condition: Qu'il ne choisisse pas la même fin. Mon petit frère a fait des pas de géants cette semaine et avait bien mérité cette soirée cinéma.

Dédé à travers les brumes m'a renversée. J'appréhendais la fin et je ne voulais pas pleurer. Je n'ai pas pleuré. J'ai été captivée par cette histoire qu'on me racontait même si j'en connaissais de grands bouts. Dès les premières notes, on plonge dans l'univers de Dédé et ça fait du bien. Belzébuth et l'arrivée à Montréal étaient particulièrement réussis.

Sébastien Ricard n'était pas seulement à la hauteur, personne d'autre n'aurait pu mieux nous rendre Dédé. Pendant deux heures et demi je l'ai vu revivre sous mes yeux. Vers la fin du film Dédé se regarde dans la glace, j'ai mis la main sur ma bouche pour ne pas m'écrier: il est là! Je me demandais même si on avait numérisé cette scène et remplacé le visage de Sébastien par celui de Dédé. Il y a évidement eu une bonne job de coiffure et de maquillage, mais Sébastien est parfait. Il ne joue pas à Dédé, il ne l'imite pas, il est devenu lui, il le personnifie à merveille. Jamais ça ne sonne faux, jamais je n'ai cessé d'y croire.

La caricature de Mononc' Serge tape sur les nerfs. Les petites erreurs historiques m'ont fait rire. Les cigarettes à la mode en 90 n'étaient certainement pas des Peter Jackson. C'est tout. Pour le reste c'est un film impeccable. Que je reverrai en DVD.

Je ne peux toujours pas me résoudre à le laisser partir... Il est là. Dans cette maison Dédé n'est pas mort, il ressort ponctuellement selon notre humeur et nous emporte comme lui seul sait le faire.

2 commentaires:

  1. a description que tu as fait du film, me donne encore plus envie de la voir!

    Je me souviens avoir plauré quand il est mort. Je n'arrivais pas à croire que l'être humain puisse être malheureux à ce point.

    Je suis une idéaliste, sans doute l'as-tu remarqué, et j'accepte bien mal que la société fasse autant dommages aux gens.

    Merci Cannelle, pour tes impressions aussi intenses.

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  2. J'ai essayé de regarder votre clip, mais il semble que je n'y arrive pas! J'ai au moins pu regarder les photos! Quelle idée originale que vous avez eu!

    PS: tu trouves que Sorcière mal aimée est trop dans le travail? hihi! Pourtant, j'ai le profil parfait d'une fille qui fait ses choix en focntion de travailler le moins possible!
    ;-)

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