mercredi 10 avril 2013

Faut que je trouve comment tu t'appelles

Une manif de soir le mois dernier, ça pétait dans le quartier chinois. Je me suis appuyée sur une pierre, j'ai retiré une chaussure, ma cheville enflait. Il fallait se remettre à courir, les policiers chargeaient, j'entendais des détonations. J'ai sautillé et j'ai tourné à gauche et je me suis réfugiée dans une entrée où tu étais. 

Tu avais un sourire magnifique et des yeux tellement bleus et un accent adorable quand tu m'as dit que tu ne manifestais pas par peur qu'on te renvoie en France parce que tu n'es pas résident. Je te trouvais beau, mais surtout gentil. On a vu les gens se sauver et l'antiémeute s'engouffrer dans notre petite rue. On a jasé un peu et on est reparti vers le métro St-Laurent. Tu as pris la Catherine, direction ouest.

Je suis entrée au magasin de vélos. Il y a un beau vélo rouge romantique, tellement parfait pour moi et je te vois. Je te reconnais, je n'oublie jamais rien, je ne sais pas ton nom si tu me l'avais dit, je m'en rappellerais. Je regarde ailleurs parce que je voudrais pas te mettre mal à l'aise et je sais que tu ne me reconnaîtras pas. Mais tu t'es avancé et tu as dit "hé!" comme si tu étais content de me voir. Et tu t'es penché, je me souvenais pas que tu étais aussi grand. Tu m'as embrassé. J'ai trouvé que tu sentais bon.

Je n'ai pas acheté mon vélo, je ne savais pas où me mettre. Il pensait qu'on faisait de la politique ensemble, j'ai dit non. Un artiste? Je pense pas. Un collègue? Non, du tout.

-Je ne le connais pas vraiment. Sais même pas comment il s'appelle.
-Moi les gens que je ne connais pas, ils ne m'embrassent pas.

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