Plus l'ombre d'espoir, mais j'étais dominé par l'idée de savoir à tout prix.
Rentré dans ma chambre, je restai sur une chaise gelé et recroquevillé.
Je me levai à la fin. J'étais si faible que m'habiller me coûta une peine inouïe : j'en pleurai. Je dus, dans l'escalier, m'arrêter, m'appuyer au mur.
Il neigeait. J'avais les bâtiments de la gare devant moi, un cylindre d'usine à gaz. Suffoqué, haché par le froid, je marchais dans la neige intacte, mon pas dans la neige et mon tremblement (je claquais fébrilement des dents) étaient d'une si folle impuissance.
Je faisais, ramassé sur moi-même, un "...ho...ho...ho..." grelotté. C'était dans l'ordre des choses : persister dans mon entreprise, me perdre dans la neige? Ce projet n'avait qu'un sens : ce que je refusait absolument était d'attendre et j'avais choisi.
(...)
J'étais loin, si loin du monde des réflexions calmes, mon malheur avait cette douceur électrique de vide qui ressemble aux ongles qu'on tourne.
(...)
"qu'ai-je fait, pensai-je, pour être ainsi de toutes façons rejeté dans l'impossible?" Mes yeux allaient du garde à l'ecclésiastique : j'imaginais le Dieu que ce dernier niait. Dans le calme où j'étais, un gémissement intérieur et gémi du fond de ma solitude me brisait. J'étais seul, gémissement que personne n'entendit, que jamais nulle oreille n'entendra.
Quelle inimaginable force aurait eue ma plainte s'il était un Dieu?
"Réfléchis cependant. Rien ne peut t'échapper désormais. Si Dieu n'est pas, cette plainte déchirée dans ta solitude est l'extrême limite du possible : en ce sens, il n'est pas d'élément de l'univers qui ne lui soit soumis! elle n'est soumise à rien, domine tout et n'en est pas moins faite d'une conscience d'impuissance infinie : du sentiment de l'impossible exactement!"
(...)
(La nudité n'est que la mort et les plus tendres baisers ont un arrière-goût de rat.)
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