mardi 25 février 2014

Je ne peux pas en parler


Je me lève la nuit pour ne pas pleurer devant lui. J'ai bien vu dans les yeux de ma doc qu'elle était désolée. Comme si j'avais le cancer pis que c'était la fin. Comme quelque chose qui est là pour rester. Apprendre à vivre avec. Accepter que j'ai tous les torts. Tout le temps. Éviter de le contrarier pour éviter le pire. Il ne fera pas d'effort. Il ne participera pas plus. On ne croit pas qu'il redeviendra comme avant. Et ça peut recommencer. N'importe quand. Ça pourrait être pire. Peu importe la médication. Pow! Quand il va se sentir agressé. Paf! Quand il va décider que c'est fini. Boom! Qu'est-ce qu'il pourrait bien faire de pire? Rentrer avec une mitraillette dans une garderie. Violer une petite fille? Qu'est-ce qu'il m'a pas fait, encore? Moi je peux juste m'asseoir. Je peux pas compter sur rien ni personne. Il changera pas. Il s'améliorera pas. Personne ne prendra soin de moi comme j'ai pris et je prendrai soin de lui. Personne ne m'aimera comme ça. Personne ne me supportera. Personne pour me donner un break. C'est un don que je fais. Pis faut que je me contente du cinq minutes de lucidité, du demi sourire. De nos bon vieux souvenirs heureux. C'est tout ce que j'aurai. Ça ira pas mieux. Jamais.

Quand ton médecin a envie de pleurer, c'est quelque chose proche du désespoir que tu sens.

Je suis due en tabarnak pour rencontrer quelqu'un du côté des gentils. Ça serait bon. Juste un gars ordinaire, tranquille, drôle. Ça serait comme des vacances. Ça me ferait du bien de sortir. Je ne parlerais pas de lui, de cette vie-là que je retrouve quand je rentre. De l'angoisse qui m'étreint quand j'approche de cet appartement lugubre que je n'ai toujours pas repeint. Je n'en dirai rien.

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