J'ai mis mes deux mains sur ma bouche, comme pour empêcher ma mâchoire de trembler. Mes yeux serrés. J'hyperventilais et je luttais contre ma peine, je ne voulais pas pleurer, j'en ai assez de pleurer pour ça. Je ne veux plus. C'est toujours quand tu t'excuses que je m'effondre comme ça. Avant c'est l'adrénaline, mode qui-vive, l'attente. Je me prépare à toutes les actions et réactions possibles. Est-ce que tu vas me jeter encore? Frapper? Juste crier? Si tu me fais mal, je vais commencer par essayer de te maîtriser, te raisonner, mais si tu me fais vraiment mal, il va falloir que je te fasse arrêter.
Sur le coup j'ai pas trop réagi. J'ai ramassé ce que tu as cassé. J'ai passé le balais, je me suis excusée devant Johnny, je lui ai dit que tu étais comme ça maintenant. Il a dit que tu es vraiment bizarre depuis trop longtemps. Je me suis dépêchée de tout remettre à sa place parce que j'avais du travail et dix minutes après ça cognait à la porte.
C'est parce que je t'ai demandé d'acheter du lait au dépanneur. Parce que j'étais épuisée, quand tu m'as dit que je pouvais y aller, je t'ai dit que j'avais travaillé toute la journée, moi. Je passe pas ma vie à manger des céréales. Et j'avais besoin de lait pour offrir du café pendant ma réunion, j'avais juste vingt-cinq minutes de pause pour avaler mon spaghetti. Tu m'as regardée comme si tu voulais que je meure. Ça me tue, ce regard-là.
Mais j'ai fait comme si et ça m'a fait du bien. Ça m'a fait du bien de travailler, j'y pensais moins, je me sentais utile et je n'avais pas peur qu'on me lance quelque chose ou qu'on me fasse remarquer que je suis moins bandante et plus amère depuis que je ne me sens à ma place nulle part ailleurs qu'au travail.
Je voulais le voir ce soir. Prendre l'avion avec toi demain.
Tu m'as empêché d'y aller. J'avais envie de me sentir, tu sais, me sentir désirée. Il me regarde comme personne, il veut juste me faire du bien. Je n'ai plus envie de partir.
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