dimanche 23 juin 2013

J’ai rêvé que nous étions dimanche

C’était nous deux, des gaufres, dimanche, le soleil, l’odeur du café, c’était sucré et c’était doux.

J’ai fait le café comme tu l’aimes, enfin je crois. Je prépare les gaufres quand tu me rejoins. Tu enfiles ton chandail en entrant dans la cuisine, j’ai vu ton ventre, ton nombril et cette petite ligne de poils qui descend jusque dans ton pyjama. Je voudrais voir dans ton pyjama. Mes seins se dressent, je regrette de m’être levée, je voudrais me recoucher avec toi. T’offrir une longue fellation dominicale, lente, paresseuse, douce, te déguster jusqu’à midi en laissant mes mains courir partout sur toi.

Tes mains sur mes hanches, tu m’embrasses le cou, je rougis et soupire. Tes doigts fouinent sous ma camisole, se posent sur mon ventre et tu me demandes si j’ai bien dormi. Je me retourne, tu prends mon visage dans tes mains et tu m’embrasses. On a toute la journée devant nous, nous ferons l’amour plus tard.

Je te tends tes gaufres, tu me prépares un café, tu ne mets pas assez de sucre, mais je ne dis rien. Nous mangeons sans parler, ce n’est pas nécessaire. Tu pointes l’assiette et tu agrandis les yeux, tu mets la main sur ton coeur. Mes gaufres, tu les aimes et du coup je me sens quelqu’un d’important. Je regarde tes mains, tu regardes mes seins, on pense à la même chose. Que ferons-nous demain, lundi, quand tes mains seront à des kilomètres de mes seins? Nous perdons un temps précieux alors que tes mains et mes seins se languissent.

Tu te lèves et débarrasses la table, je me lève et te demande ce que tu veux faire aujourd’hui. Tu me réponds que nous ferons ce que je voudrai.

Ce que je voudrais, c’est qu’on aille prendre une douche, je te laverai, tu me laveras. On se goûtera sous l’eau et après on aura froid, tu me couvriras et me réchaufferas. On fera l’amour, juste une fois et je m’endormirai paisiblement la tête sur ta poitrine. Je dormirai comme je ne dors plus depuis des mois. Avec ton cœur battant contre mon oreille, ton souffle sur mon front et ta main qui trace de grands cercles dans mon dos.
J’ai rêvé que nous étions dimanche, tu me presses contre toi, le soleil chaud me brûle les paupières et ta voix, c’est déjà dimanche. Je sais déjà dimanche, mais au moins on a dimanche!
Je n’ai pas de plan, tu n’as pas de plan, mais on a tout à faire, t’as vu le bordel?  Notre vie est un bordel et ça nous plait, ça nous ressemble. Tu n’aimes pas parler de ménage avant d’avoir mangé. J’ai fait des gaufres pour nous donner du courage, mais tu n’as pas très faim, il y a des fraises et j’ai taché la nappe de ma mère. Ça t’a fait rire, je me suis fâchée. Tu t’es excusé, ça ne m’a pas calmée, j’ai lancé une assiette sur le mur et j’ai crié et j’ai crié.

Tu t’es enfermé dans le bureau, avec ton nouveau jeu vidéo, j’ai pris une douche et je suis allée marcher. Un homme sur la rue m’a demandé si j’étais heureuse et je lui ai souri, parce que j’ai tout de suite pensé à toi. À toi qui m’attendais, à toi et à tes grands yeux qui me suivent partout. Je me demandais si tu étais encore enfermé dans le bureau ou si tu étais allé vacher sur le divan à te gratter les couilles devant une partie de Hockey d’une ligue quelconque en rediffusion. Je me demandais si tu avais autant envie que moi d’effacer ce matin et de recommencer à zéro.
J’ai rêvé que nous étions dimanche, tu me réveilles en embrassant mes épaules et tu dis que je goûte le soleil. Tu ne veux pas de gaufres, nous allons au restaurant et tu manges comme un ogre. Tu as faim et tu as quelque chose en tête, tu te retiens quand tu souris, tu me prépares une surprise. Notre serveuse habituelle n’est pas là et ça te dérange, tu me dis que la nôtre, c’est la meilleure serveuse du coin. Tu recommandes du café, mais tu ne le bois pas.

Alors qu’on rentre tu me proposes d’aller au cinéma, mais on ne s’est pas entendu sur le film alors nous sommes allés au club vidéo et on a acheté des bonbons. Tu t’es trompé, non, ce ne sont pas ceux-là mes préférés.

J’ai rêvé que nous étions dimanche et tout semblait si réel, le goût, les couleurs, la texture des choses. Le soleil, les gaufres et tes yeux, particulièrement clairs et amoureux. Je sentais que tu étais là, dans notre lit. J’ai senti ton corps chaud lové contre le mien, j’avais une main sur ta poitrine et mon front reposait dans le creux entre tes épaules quand j’embrassais ton dos.
J’ai rêvé que nous étions dimanche et je te serre dans mes bras si fort que mes ongles s’enfoncent dans ta peau. Je n’ai pas envie de cuisiner, je ne ferai pas de gaufres et si nous restions au lit toute la journée?

J’ai rêvé que nous étions dimanche et le téléphone…   

J’ai rêvé que nous étions dimanche. J’ai brulé les gaufres l’alarme stridente du détecteur de fumée t’a violemment tiré du sommeil et tu as gardé un air enragé toute la matinée. Je suis allée pleurer dans la salle de bain en récurant la baignoire.

J’ai rêvé que nous étions dimanche, je te regarde dormir. J’effleure ta peau avec mes cheveux et mes lèvres, je t’observe jusqu’à ce que tu t’éveilles. À ton réveil, je suis penchée sur toi et te demande si tu as faim. Tu as pris mon sein dans ta bouche et le mâches en guise de réponse. J’essaie de me dégager, on lutte quelques minutes puis je tombe par terre et tu as peur que je me sois fait mal.

J’ai fait des gaufres et on a mangé en regardant des dessins animés, tu m’as offert ta dernière bouchée. Il faisait trop froid pour sortir, nous sommes restés ici. Tu as glissé tes doigts en moi pendant que je terminais mon livre.

J’ai rêvé que nous étions dimanche et je ne veux pas me lever, je ne veux pas ouvrir les yeux. Me ferais-tu des gaufres? Ça me manque tellement. J’ai pleuré pendant des semaines quand j’ai compris que dimanche n’existait plus. J’ai crié, j’ai frappé le mur de notre chambre jusqu’à le défoncer, je t’ai détesté, ça n’a rien changé.

J’ai rêvé que nous étions dimanche et cette urgence paresseuse, je t’ai dit mille fois je t’aime, ça ne suffit pas, j’ai pris des somnifères et j’y suis retournée.

Depuis que tu n’es plus là, c’est lundi tous les jours.

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