vendredi 11 septembre 2009

Lettre à la filleule

Bonjour ma belle,

J'avais dit à ta maman que je t'écrirais, pour t'aider dans la lecture. Je ne l'ai pas fait souvent, je te promets d'essayer d'y consacrer un peu plus de temps à partir de maintenant.

C'est l'histoire d'un mardi ensoleillé, il faisait beau, l'air était bon, un peu comme aujourd'hui. C'était le 11 septembre 2001, un jour inoubliable. Le jour où ta maman a fait son test de grossesse. Au départ, ta maman voulait garder le secret, le plus longtemps possible, mais quand elle m'a vue en arrivant au travail, elle n'a pas résisté et m'a annoncé la bonne nouvelle. J'étais très heureuse pour elle.

Quelques minutes plus tard, une rumeur, un vent de panique s'est emparé du bureau, tout le monde recevait des messages de leurs proches. Quelque chose de gros, quelque chose qu'on n'attendait pas s'est produit. Ta maman a reçu un message de ta mamie et m'a dit : "New-York a été attaqué." J'ai téléphoné à ton oncle qui ma dit : "C'est la troisième guerre mondiale, qu'est-ce que tu veux que je te dise Cannelle? Relaxe." Tu sais, ton oncle a un don pour m'énerver. Je pleurais et tremblais comme une feuille. Ta maman, tu sais comme elle est bonne et douce, elle m'a consolée, elle a pris mes mains dans les siennes pour qu'elles s'arrêtent de trembler, elle m'a donné une cigarette, elle a caressé mes cheveux. Quand le bureau a été évacué à midi, ta maman a appelé Jane pour lui dire : Cannelle a beaucoup de peine, vas la voir. Je suis chanceuse d'avoir une amie comme ta maman, elle m'a donné la filleule la plus adorable du monde entier. Elle est très précieuse, tu le sais mieux que moi.

Le lendemain, tu étais sans doutes affectée toi aussi par cet événement qui disait-on changerait le monde à jamais, car ta maman se tordait sous les contractions sur sa chaise. Elle avait des grands yeux inquiets et j'ai réussi à la convaincre d'aller à l'hôpital. Ta maman, qui était toujours toute énervée, qui sautait et courrait partout, a dû rester immobile pendant trois semaines. Elle a arrêté de fumer. Elle l'a fait pour toi. Mais elle a continué de manger de la poutine, ça, elle n'arrêteras jamais tu sais.

Je cherchais juste une façon de t'expliquer que la vie, ce n'est pas noir et blanc comme ta tante Cannelle. Ce jour horrible, n'était pas qu'horrible. C'est le jour où ta maman réalisait son rêve, celui d'attendre un bébé de l'homme qu'elle aimait. Tes parents ma belle, ils s'aimaient et ils te voulaient, plus que tout au monde. C'est aussi le jour où mon amie Kayoem a rencontré l'homme de sa vie. Des milliers d'enfants sont nés le 11 septembre 2001, des gens se sont mariés. Même si aux infos, on a voulu nous faire croire que la terre s'est arrêtée de tourner, c'est faux. Alors quand on te racontera ce qui s'est passé ce jour-là, tu pourras ajouter : Ce n'est pas tout, c'est aussi le jour où le monde a été informé de ma venue! Et ça, c'est bien plus important que tout le reste, n'est-ce pas ma pitoune?

J'ai hâte de te voir dimanche, j'ai acheté du nouveau papier à scrapbooking et il me tarde de te le montrer.

Je t'aime ma belle.

Cannelle

5 commentaires:

  1. C'est vraiment une très belle lettre. :)

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  2. Tout plein de tendresse, c'est mignon :)

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  3. @ Kat : Merci.

    @ Angélus : Ouin, ça manque de sang.

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  4. J'ai pas de maraine, mais si j'avais à en avoir une, j'aimerais qu'elle soit comme toi! C'est mignon tout plein, cette lettre!

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