jeudi 13 février 2014

Veux-tu jouer avec moi

Tu sais ce que je connais pas, je demande pas mieux qu'à l'apprendre. Si tu voulais me montrer à jouer. Dans la neige. Au Playstation 4. Tout ce que tu veux. J'ai jamais joué à rien de ma vie. Oui, je le sais que j'ai l'air d'une menteuse comme ça. 

J'avais tellement de poupées. Et je jouais pas avec. J'avais jamais assez de crayons. J'ai jamais joué à rien de ma vie. Je coiffais les Barbies, leur dessinais et leur fabriquais des robes. Quand je voyais d'autres enfants jouer à la Barbie et les faire parler et s'inventer des histoires, je les trouvais stupides. Toute ma vie, j'ai organisé des partys, j'ai inventé des jeux, j'ai conçu des décors, fabriqué des costumes, j'ai embarqué plein de monde dans mes folies et je les ai regardés jouer. J'essayais de comprendre comment ils faisaient. Moi je servais des shooters et je prenais des photos. Toujours trop énervée pour m'amuser. Moi j'étais l'aînée. Je faisais des forts, des glissades de neige pour les petits et je les surveillais, pour pas qu'ils se blessent. Dans mon bulletin de maternelle, c'est écrit que je veux pas jouer et que je suis un petit contremaître. 

Je suis pas devenue comédienne quand j'ai compris que c'était pas vraiment vrai, je pouvais pas devenir le personnage et je suis pas capable de jouer. Pas capable de jouer. Même si je voulais tellement. Même si j'essayais. Même si ça fonctionnait. Malgré les applaudissements, moi, je savais que j'étais pas capable de jouer. 

Et je me suis demandé un peu toute ma vie si tout le monde n'était pas un peu, pas capable de jouer, sans oser se l'avouer.

J'ai vraiment failli me chicaner solide avec Mélodie sur un sujet super sérieux. Elle le sait que je niaise pas avec ça. Et elle s'est mise à dire que je respectais pas son opinion. Mais là attends une minute, quand on parle de science, câlisse, j'ai mes limites. J'avais de la misère à pas être méchante et je savais que je m'en voudrais. Je lui ai dit que le problème, comme d'habitude, c'est qu'elle est pas capable de reconnaître et d'accepter la réalité. 

Alors Mélodie elle m'a dit que ce que nous acceptions comme réalité, elle n'y croyait pas de toutes façons. Pis elle a continué de fabriquer sa piniata.

J'étais tellement en tabarnak. C'est cute pour cruiser, ces phrases-là. Mais tu peux pas penser ça. Hostie t'as vraiment rien dans tête. J'étais découragée. Ça peut pas être vrai.

Je suis partie. En revenant j'ai comme compris que c'est moi qui accepte pas la réalité. La réalité, c'est que tout le monde se fout de tout le monde. Tout le monde préfère jouer. Tout le temps. Moi j'essaye de comprendre, je m'intéresse au gens, je joue pas. Jamais.

Il faudrait que tu m'apprennes. J'ai jamais joué à Zelda. Jamais joué à la cachette. Jamais joué dans la neige.

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