Tu m'aimais.
Je le savais, je soignais mes mots, mes gestes.
Je voulais pas t'encourager.
Mais je voulais pas que tu te tannes, non plus.
Fallait que je te nourrisse juste assez pour
que tu gardes l'intérêt.
Tu m'aimais.
Je me sentais cheap quand ça paraissait trop.
Quand tu t'ouvrais
quand tu me déballais tes sentiments
et m'assurais que c'était pas grave.
Pas grave pour qui?
Tu m'aimais.
J'aimais ça sentir que j'étais importante.
J'avais l'avantage.
T'avais tout le temps peur de mal agir.
Et quand je te rassurais, je me sentais puissante.
Tu m'aimais.
Rien d'autre chez toi ne m'attirait.
Et je m'en voulais.
Tu me respectais, mais pas moi.
Je faisais semblant d'être bien
et je mentais quand tu me le demandais.
Tu m'aimais.
Je savais plus de choses que toi
et ça me faisait du bien de pas me sentir conne.
Quand tu me regardais avec des grands yeux.
Quand tu me trouvais trop intelligente.
Tu m'aimais.
J'en ai profité pareil.
Me suis poussée avant de m'habituer.
Avant d'être trop impliquée.
Tu m'aimais.
Je m'ennuie de ça.
Le regard bienveillant.
Le sourire.
Les mots gentils.
Je m'ennuie de ça.
L'amour.
J'y avais renoncé.
Y a des personnes aimables
et d'autres qui sont serviables.
Je pensais que j'étais faite comme ça.
On ne m'aime pas.
Pas moi.
On aime la fille à côté.
On me demande le numéro de mon amie.
J'ai jamais été la plus belle.
Fallait que je sois drôle
et que j'accepte les miettes, comme toi.
On apprend à aimer les miettes
Même s'il faut les ramasser par terre
Même sous une couche de poussière
On apprend à avaler en fermant les yeux
On apprend à se contenter de miettes
à se faire accroire que c'est une bonne bouchée.
Moi j'aimais à sens unique, comme toi.
Je suis plus capable.
Depuis que tu as inversé les rôles,
j'ai le coeur figé.
Tu m'aimais.
J'ai fait exprès aussi.
Je choisissais les mots, les couleurs et le ton pour.
Tu m'aimais et je feignais la surprise
"Mais qu'est-ce que tu me trouves?"
Ça te dérangeait pas.
Le mensonge.
Y a juste moi qui s'enfarge là-dedans.
Ça n'avait jamais fonctionné avant toi.
Tu m'aimais.
Et j'aimais ça que tu m'admires
que tu me retiennes le matin
que ça te dérange quand je parlais de ma vie avec lui.
Tu voulais faire tes preuves.
Tu m'aimais.
Le matin où tu m'as dit que si t'étais moins cave
si tu buvais moins
faisais moins de niaiseries
je te donnerais une chance.
J'ai vomi.
J'ai vomi en reconnaissant ma détresse
dans ton coeur.
Et je ne suis plus capable d'aimer.
J'avais jamais eu besoin d'expliquer à quelqu'un,
non, je t'aime pas.
C'est plus facile à dire qu'à entendre.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire