mercredi 24 décembre 2014

Te souviens-tu de la dernière fois qu'on est allé passer Noël dans ta famille?

Te souviens-tu j'ai pleuré en rentrant?

Moi je me souviens de ta petite cousine, la belle pitchounette qui devenait tellement une belle fille que c'était difficile de pas être jalouse. Elle était tellement parfaite. C'était impossible de ne pas la regarder. Elle avait changé en pas beaucoup de temps. On lui disait de faire attention avec sa petite jupe, elle n'était plus une petite fille là. J'ai entendu quelqu'un parler de ses cuisses. Quelqu'un les trouvait grosses. Son frère et ses oncles l'ont écoeurée avec ça pendant toute la soirée. Comme si tout le monde avait des droits sur son corps. Un moment donné elle a donné une poussée à son frère. Elle était tannée. Il l'a agrippée, l'a forcée à s'asseoir sur lui, il la tenait. Il l'empêchait de bouger. Elle a crié. J'ai vu les yeux de la petite se remplir d'eau. Je l'ai vue arrêter de se débattre, se laisser faire pour que ça arrête. Pendant que tout le monde riait d'elle. Tu te penses fine hein. On lui a montré à se tenir tranquille même quand on lui fait et lui dit des choses qu'elle aime pas. C'est de même que ça marche dans ta famille.

J'ai passé le reste de la soirée dehors à fumer. Quand j'ai fini mon paquet de cigarettes j'ai fumé les tiennes. Après je t'ai dit que je voulais m'en aller.

J'ai failli te sauter dessus ce soir-là. Parce que sur le coup tu voulais pas me croire. T'avais vu la même chose que moi mais tu pensais que c'était pas grave. J'ai failli partir, j'attendais juste ta réaction quand je t'ai dit que je pouvais pas avoir d'enfants avec toi parce que je vais tuer celui qui va traiter mon enfant comme ça et je serais obligée de tuer toute ta famille, même tes tantes parce que ta famille est misogyne. C'était pas juste des jokes de mononc. Les jokes de mononc, c'est jamais juste des jokes. Faire semblant d'être un mononc cochon pour mettre le monde mal à l'aise, c'est pas moins grave qu'être un vrai pédophile.

À partir de ce jour-là tu t'es mis à faire attention à tout ce que ta famille disait et ça t'a pas pris de temps pour comprendre que j'avais raison. Ta famille hais les femmes. C'est sûr que c'aurait été plus confortable de continuer de faire semblant que tout est correct. C'est sûr que ça t'a demandé un effort pour reconnaître que tu avais été malhonnête tout ce temps-là parce que c'était moins compliqué de faire comme si c'était des jokes. C'est pas simple d'accepter le fait que de ne pas participer à ces conneries, c'est pas suffisant, il faut les arrêter, les empêcher de commencer. Faut montrer aux hommes que ça ne fonctionne pas comme ça. C'est impossible.

Depuis ce jour-là il est trop tard pour moi, je ne me sentirai jamais en sécurité dans ta famille et je pourrais jamais laisser mon petit sans surveillance avec eux. Ben oui mais c'est Noël, c'est pas le temps de penser à ça. C'est pas le temps de juger et condamner les gens qu'on aime...

C'est Noël. C'est le moment de créer un espace sécuritaire pour toi, moi et les filles que tu aimes (en fait, même les filles qu'on n'aime pas ont droit à la sécurité). C'est pas difficile de s'intégrer, juste arrêter de menacer la sécurité des filles. Juste ça.

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