J'ai adoré Baby it's cold outside. Puis j'ai eu honte de l'aimer. J'ai chanté la version ironique d'Otarie sans comprendre ce qui clochait. Et j'ai voulu comprendre.
Pour apprécier une oeuvre comme celle-ci, j'ai besoin de m'intéresser à ses conditions de production et de la remettre en contexte. Je réfléchis et je fais des choix, plus conscients, je pense. Je me garde une petite gène pour triper sur les oeuvres d'un cinéaste, pas uniquement parce que c'est un pédophile et un prédateur, mais parce qu'il n'a jamais payé pour ses crimes et que toute son oeuvre fait la promotion de sa déviance et son mode de vie répugnant. J'écoute encore un groupe parce que le chanteur a purgé sa peine et je n'ai pas l'impression qu'il fasse la promotion de la violence conjugale. Ça change tout.
Je voulais savoir d'où ça venait cette chanson-là? J'espérais vraiment que ce soit pas un vieux cochon qui ait écrit ça pour une adolescente. Ce n'est pas le cas. Frank Loesser a rencontré madame alors qu'elle était déjà chanteuse et elle avait 18 ans. Ils se sont mariés un an plus tard. La première fois que Lynn Garland chante Baby it's cold outside en 1944, elle a 27 ans. C'est une petite chanson qu'il font dans les soirées mondaines entre amis pendant 2 ans avant qu'elle soit vendue à la MGM.
Ce n'est pas un mauvais exercice d'analyser Baby it's cold outside en fonction des codes d'aujourd'hui, mais il faut en tenir compte. On n'intoxiquait pas les filles au GHB en 1944. Qu'est-ce qu'il y a dans mon verre, ça voulait juste dire, ça me fait de l'effet. Si une ou deux phrases posent problème on peut peut-être les retirer/adapter?
Si on oublie les images des films pour la plupart assez mal-aisantes et qu'on s'intéresse à ce que l'auteur a écrit. Juste ce qui est écrit. Je n'ai pas réussi à retrouver les partitions originales écrites sur une serviette de table de l'hôtel Navarro de New-York. D'après l'auteur, ils négocient à égalité, même s'ils les a représentés comme une souris et un loup...
Pour ma part, chaque fois que j'ai lu les paroles de cette chanson, les lignes du chanteur étaient entre parenthèses. Comme une voix secondaire. Il n'est qu'une des autres voix qu'elle entend pendant qu'elle essaie de réfléchir. C'est elle qui s'exprime la première. La voix principale. La chanson, c'est elle. Elle décide quand ça commence et quand ça finit. Si elle reste ou part. Il lui fait des suggestions. Elle essaie de ne pas l'écouter. Mais quand t'es une fille, on te montre à écouter tout le monde à part toi-même.
J'entends une fille qui cherche sa voix. Faudrait pas le faire juste parce qu'il insiste. Faudrait pas s'en empêcher juste parce que papa veut pas.
C'est une chanson sur une femme qui a envie de se laisser tenter. Briser les règles. Ça commence, au moment où elle arrive. Elle dit qu'elle ne peut pas rester. Il espérait qu'elle passe. On la sent crouler sous la pression sociale. Il lui demande de rester, elle ne dit jamais, je n'en ai pas envie, mais plutôt : Je ne devrais pas, je ne peux pas. On comprend qu'elle lutte, je devrais dire non, pas je voudrais dire non. C'est ce qu'on attend d'elle. On ne sent pas qu'elle discute avec lui, il parle tout seul comme un con. Elle se demande à elle-même quoi faire. Elle se sent vicieuse, mais craint que sa soeur ne s'en doute. Elle n'est pas libre. D'accord, encore un verre, une dernière cigarette, même si je ne fume pas. Elle explique comment la société jugerait incorrect qu'elle le fasse. Puis elle choisit en mesurant ce que ça lui coûtera. Au moins je dirai que j'ai essayé. Elle se prépare à assumer parce qu'elle compte désobéir. Elle sait bien qu'il ne fera jamais assez froid dehors pour qu'un fille comme elle puisse découcher sans conséquences... tant pis. Faisait froid dehors.
C'est une chanson sur une femme qui a envie de se laisser tenter. Briser les règles. Ça commence, au moment où elle arrive. Elle dit qu'elle ne peut pas rester. Il espérait qu'elle passe. On la sent crouler sous la pression sociale. Il lui demande de rester, elle ne dit jamais, je n'en ai pas envie, mais plutôt : Je ne devrais pas, je ne peux pas. On comprend qu'elle lutte, je devrais dire non, pas je voudrais dire non. C'est ce qu'on attend d'elle. On ne sent pas qu'elle discute avec lui, il parle tout seul comme un con. Elle se demande à elle-même quoi faire. Elle se sent vicieuse, mais craint que sa soeur ne s'en doute. Elle n'est pas libre. D'accord, encore un verre, une dernière cigarette, même si je ne fume pas. Elle explique comment la société jugerait incorrect qu'elle le fasse. Puis elle choisit en mesurant ce que ça lui coûtera. Au moins je dirai que j'ai essayé. Elle se prépare à assumer parce qu'elle compte désobéir. Elle sait bien qu'il ne fera jamais assez froid dehors pour qu'un fille comme elle puisse découcher sans conséquences... tant pis. Faisait froid dehors.
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