C'est à cause de Sandra si je dors pas. Ce qu'elle a dit, je ne peux en parler à personne. Sandra, elle est malade. Elle sait pas être gentille et elle a pas de filtre. Elle peut te regarder en pleine face et te dire qu'elle t'a toujours trouvé un peu laid mais qu'elle te trouve utile quand elle a pas de clopes. Elle peut te regarder dans les yeux et te dire la vérité même si toi t'as rien demandé. Sandra, ce qu'elle a dit, je ne peux pas lui répéter.
Sandra dit qu'on me comprend. On, je sais pas trop qui est inclus dans le on, ils sont combien à s'être consultés avant de déclarer qu'ils me comprennent. J'ai quand même une idée des noms de ceux qui sont impliqués. Sandra dit que souvent, plus personne ne le reconnaît, alors on me comprend.On comprend quoi?
J'ai comme un blanc. J'étais soûle et gelée, je venais de vomir. Je me souviens juste des mots "aventures extras conjugales".
Alors comme ça on étudie mon comportement et l'explique par l'état de santé de mon mari. On a du temps à perdre en sacrement.
Mais j'ai pas d'aventures extras conjugales, bonne Ste-Anne, j'utiliserai jamais cette expression-là pour décrire ma façon de vivre. Le terme aventure, c'est superficiel et tellement péjoratif. Comme si je faisais des collections. Je suis pas dans cet esprit-là pantoute.
Et puis pourquoi est-ce que sa condition mentale expliquerait mon comportement? J'ai pas le droit d'être libre indépendamment du fait qu'il ne soit plus le même?
On pense probablement que je reste par devoir. On me trouve ben bonne. Une estie de sainte.
Mais je l'aime. C'est juste ça. Je l'aime pareil comme quand j'avais seize ans. Je l'aime tellement que j'ai peur de mourir sans lui, même si je sais que je survivrais. Je l'aime même quand il gâche ma vie. Je l'aime quand il fait des niaiseries. Je l'aime même s'il perd sa job, qu'il fraude la compagnie d'assurance, me vole mes cartes et se fait arrêter. Je l'aime et si l'idée me prenait d'arrêter, ça serait sûrement pour m'éprendre de quelqu'un d'encore plus fucké et dangereux.
Y a personne d'autre avec qui je veux partager ce que je partage avec lui. J'ai bien fait de l'épouser lui, parce qu'avec un autre, ç'aurait été pénible. Mais lui, quand il me regarde.
On sait pas du tout comment nous vivons. Comment nous nous aimons. Comment nous communiquons. Comment je lui dis ce que je ne peux dire qu'à lui. Comment il m'aime comme un fou. Comme un fou qu'il est. Et même si on ne le reconnaît plus, moi je finis toujours par le retrouver.
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