Je sais, j'ai dit que je n'avais pas le temps, mais j'attends après un client et j'avais une lettre en attente à écrire. Ça fait des mois que je l'écris dans ma tête. Je la corrige, je la déchire, je recommence. Des mois que je traine ça et ce matin, enfin, elle s'est écrite d'un seul jet et je suis prête à l'envoyer. Mais je ne peux pas l'envoyer. La voici.
Tu es morte ce matin. Dans l'autobus dix-huit sur Beaubien le soleil jouait à se cacher entre deux édifices, il est réapparut et j'ai vu une boutique qui m'a fait penser à toi. D'un coup toute ma rage et ma peine sont sorties de la petite boîte où je les avais soigneusement rangées. Ma gorge brulait, mes yeux clignaient frénétiquement, mes poings serrés. Tu en as de la chance de ne pas être ma mère tu sais. Le soleil continuait son petit jeu entre les édifices, mais je ne le voyais plus, je ne voyais que ton visage, ton horrible visage de femme aigrie.
J'ai soupiré en voyant les étudiants sortir pour aller au CEGEP, je me suis trouvée une place, un rayon s'est posé sur mon nez, j'ai sourit et me suis dit : d'la marde! Oui de la marde. Est-ce qu'elle pense à nous? Est-ce qu'elle se ronge en dedans? Non. Je ne disais rien, je m'efforçais de ne pas te juger, jusqu'à ce que tu fasses du mal à l'homme que j'aime. Tu n'aurais pas dû, maintenant, je ne peux revenir en arrière, je te hais.
Tu n'as aucun ami, faire le vide autour de toi, c'est ton sport préféré. Tu exiges des autres ce qu'ils ne peuvent te donner et tu n'as rien à offrir en retour. Tes mensonges, ta jalousie, ton manque de compassion, je n'ai pas de temps à perdre avec quelqu'un comme toi. Je t'ai donc tuée. À compter d'aujourd'hui, tu n'existes plus.
Dans deux semaines, c'est Noël, je ferai tout ce que je peux pour que ce soit magique, je rendrai ton fils heureux comme je sais le faire depuis plus de dix ans, tu ne lui manqueras pas, il s'est habitué.
Tu ne seras pas là et s'il n'en tenait qu'à moi, tu ne serais plus là, plus jamais. Cette décision ne m'appartient pas, il fera bien ce qu'il voudra l'homme de ma vie, pour moi, tu es morte ce matin. Je ne veux plus te voir, te parler, te côtoyer. Il me fera plaisir de squatter chez ma mère ou Jane si un jour tu te décides à nous visiter, oui tu seras toujours la bienvenue chez moi, je ne te ferai pas le plaisir de te chasser, je partirai quand tu arriveras. Je te détesterai en silence, mais ne cesserai jamais de te haïr.
Ici ce matin, il y a un beau soleil et quelques nuages, demain il neigera, peut-être que c'est déjà commencé chez toi? Il fait un peu froid, mais jamais autant que dans ton (pas de) cœur de mère.
J'aime le style.
RépondreSupprimerJe tuerai bien ma belle-mère aussi..
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