jeudi 3 décembre 2009

J'aurais dû faire pompier

L'angoisse te tord les entrailles, tu ne sais pas pourquoi. Tu te dis, je vais manger, c'est un vieux truc depuis que t'es petite, quelque chose ne va pas comme tu veux, tu manges. Tu vomis, tu ne sais pas pourquoi, pourquoi c'est toujours toi qui vomisses. Mais qu'est-ce que t'as fait au bon Dieu pour qu'il te fasse vomir tout le temps comme ça? Tu souris, si tu vomis assez tu vas peut-être maigrir à ton goût.

Tu traines ta hache mais elle te pèse et rien qu'à l'idée d'avoir à la soulever pour l'abattre sur quelqu'un, t'as envie d'aller te recoucher. Se recoucher, c'est une recette que tu n'as jamais gâchée.

Tu ne fais pas ce qu'on attend de toi, ton esprit vogue pendant des heures, tu voudrais une belle mort, tu voudrais que ça saigne. Tu imagines des mécanismes, une mise en scène. Être transpercée par des dizaines de lames de verres, tu volerais en éclats et le sang giclerait, sur les murs, au plafond, tu partirais en souriant.

Tu te demandes qui ramassera le sang? Maman, elle a du nerf et elle a fait ça toute sa vie, passer la mope, éponger le sang. Toi aussi, moper du sang, on t'a élevée pour ça. L'état d'urgence, c'est devenu ta vie et quand ça se calme, ça te manque encore plus que la coke. Besoin de déchirer ton linge, besoin de voler au secours, besoin de tendre la main et de payer la traite à tout le monde. Autrement t'es inutile.

Alors tu souhaites tellement qu'on appelle et tu sais que tu as ce don particulier, tous tes souhaits se réalisent. Tu travailleras donc toute la nuit, parce que faire des corrections, ça te fait sentir importante, tu en as besoin.

2 commentaires:

  1. Bonsoir mademoiselle.
    C'est un post surement très intime, et compréhensible que pour toi. Mais, tu sais je l'aime pareil ce texte.

    Et j'adore aussi ton expression "moper du sang". Ça me fait presque rire.
    :)

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  2. Je seconde. J'adore. Ça me fait comme un remous à l'intérieur.

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