Tu ne m'as pas crue. Je suis une foutue mauvaise menteuse. J'aurais bien voulu que tu me crois.
-Doucement. Du calme. Ça ne te fera pas mal.
Je t'ai manqué. Tu as bougé et j'ai eu le côté du genou, je voulais couper la jambe. Décidément, cette semaine, rien ne va.
Tu as essayé de te sauver en courant sur ta jambe intacte. Tu allais vers le quai. Je t'ai rattrapé sans effort. Le tunnel grondait le vrombissement du métro qui s'en venait. Voyant que tu ne pouvais m'échapper, tu as tenté de sauter. J'ai saisi le collet de ton manteau juste à temps. Tu t'es demandé pourquoi. Parce que je veux te tuer moi-même et aussi parce que j'ai pensé à ta mère. Ta mère préférera être la mère de ma pauvre victime plutôt que la mère d'un suicidé.
Tu gesticulais, et appelais, au secours, de ta voix éteinte. Tu tentais d'être vu. Sauvé. Mais personne n'a fait attention à toi. Tu t'es dit que c'était un cauchemar. Celui que tout le monde fait. On crie à s'époumoner mais personne n'entend parce qu'aucun son ne sort. Si j'en avais eu le temps, je t'aurais donné mon interprétation de ce rêve. C'est un problème d'estime de soi et un besoin criant de s'exprimer. Tu te sentais piégé, muselé. On vit dans un triste monde.
Je n'avais pas le temps de t'exposer ma théorie, tu devais mourir et j'avais un rendez-vous juste après. Avec lui. Je lui ai dit de m'attendre dans le couloir en réparation du métro Pie-IX. Après j'ai toujours envie de fourrer, maintenant je prévois le coup. Je lui ai dit d'amener quelqu'un, ce sera plus amusant.
Tu as fermé les yeux.
-Ostie que tu m'excites. Si j'étais un homme je banderais.
Cette remarque t'as vraiment affecté. Tu as joint les mains. Tu priais. Oui tu priais. Christ de niaiseux. J'ai frappé un grand coup franc au milieu de ta cage thoracique et tu t'es effondré.
J'ai marché jusqu'au bout du quai, suis entrée dans le dernier wagon. Le métro accélérait et je ne t'ai qu'entrevu quand il est passé devant ton corps inanimé.
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