samedi 27 juillet 2013
La différence entre mon père et Guy Fournier c'est que mon père est mort, ça le rend beaucoup plus sympathique.
Quand je me maquillais en cachette alors que j'avais douze ans et que je volais les vêtements de ma mère parce que je trouvais les miens trop prudes, mon père me disait que j'avais l'air d'une putain. Ce que j'aimais pas, c'était comment il disait putain, c'était pas beau. Honteux.
Déjà j'étais pas d'accord, je les trouvais plutôt jolies les putains et je les admirais, quelque chose me disait qu'elles avaient envoyé chier leur père comme je rêvais tellement de le faire. Elles étaient libres et pouvaient coucher avec plein d'hommes. Choisir avec qui et fixer le prix de l'échange de service. Rester dehors le soir. Faire tout ce que les hommes nous interdisent.
Je pense qu'à ce moment-là, mon père et moi avions tous deux une vision erronée du travail du sexe. C'est pas sale comme il le voulait, c'est pas toujours chic comme ce que j'attendais. Je n'ai que plus de respect pour touTEs mes collègues filles et garçons. Le prix à payer pour s'habiller comme on veut et passer la nuit dehors, peut être élevé; porter l'étiquette de putain, c'est valorisant pour personne.
Pénélope Mcquade, c'est pas comme mon amie, elle me tape sur les nerfs pas mal, mais moi, je pense pas qu'il faut violer les filles qui me tapent sur les nerfs, elle a le droit de vivre, même si elle ne m'invite pas à son émission pour parler de mon livre. Pénélope, comme plein de filles, elle pense que c'est pas de même que ça marche, c'est pas parce que tu vois son genou que tu peux y toucher. C'est son opinion. Mais je suis assez d'accord. Logiquement.
Idéalement, faudrait comprendre une fois pour toutes que c'est pas beau le viol. Faudrait ne jamais violer personne, même pas les putains. Oui, je suis une putain. Elle aussi. Nous le sommes toutes. Toutes des putains. Une putain ça se respecte, salaud! Pauvre petit monsieur d'une race d'imbéciles d'enfants de choeur de bâtards d'ancêtres d'hosties de caves nés dans un siècle noir où vous faisiez la prière à l'école. Reviens-en Guy Fournier, les femmes rentreront pas dans leur cuisine, tu peux pas les violer de même parce qu'elles t'excitent, faudra te trouver une autre activité. Va donc te bercer, c'est plus de ton âge.
Pourquoi moi je serais plus putain que comptable, plus putain qu'écrivaine, plus putain que militante, plus putain que juste une femme comme les autres? Juste parce qu'aujourd'hui j'ai ma robe rouge. Toutes les femmes sont des putains et vous n'avez pas à leur dire comment s'habiller. Elle est où la ligne, tu vois un genou, tu peux lui toucher, tu vois des cuisses, tu peux les ouvrir? Des fois faut forcer un peu pour ouvrir les cuisses de la fille, mais elle aime ça. Elle a tout planifié ce matin en choisissant ses vêtements. Elle est où la ligne et pourquoi ce n'est jamais à la fille de la tracer? Guy Fournier va me dire quand je peux dire non.
Quel imbécile pense encore qu'une femme s'habille pour les autres qui ne sont de toute façon jamais satisfaits? Les malades mentaux ont toujours une bonne excuse pour violer des femmes innocentes. Guy Fournier n'est pas qu'un minuscule, c'est un aliéné mental. Une chance qu'on ne vit pas dans l'espèce de fiction qu'il s'imagine en regardant les publicités du mouvement Desjardins parce que je lui mangerais les couilles et le lobotomiserais.
Dans notre réalité, il va se faire crier un peu dessus par quelques "hystériques" comme moi, et ils vont en rire au Bye Bye, mais c'est tout. C'est de valeur. Le viol est un crime grave, un acte sexiste, haineux, commis contre toutes les femmes chaque fois qu'il est perpétré... l'incitation au viol et l'incitation à craindre le viol devraient aussi être considérés comme des actes criminels.
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