jeudi 10 mai 2012

Souveraineté du vide

Écrire, seulement. Ne rien changer.Laisser s'accumuler la colère, le désespoir. Continuer.

Lecture sans fond, sans fin. Lecture immobile. L'histoire n'avance pas. Il n'y a pas d'hisoitre.
Tout part de cet homme dans la fin de sa vie, dans la fermeture de sa chambre qui ne fait qu'une avec la chambre immatérielle de l'écriture.

Le bruit que font les livres ouvrerts sur cette table : Ils marmonnent.

...la lecture comme ces chants inventent quelque chose de notre âme.

Écrite pour personne. L'histoire de personne. Cela commencerait n'importe où, n'importe comment.

La fraîcheur mortelle d'un désespoir. On ne sait plus rien.

Je ne sais rien de ce que je fais. Je le fais, c'est tout.

Écrire, sur des feuilles blanches ou grises, sur des écorces, sur des pierres. Sur les pierres de taille de la nuit. Je pense aux animaux fossiles qui sont dedans la terre, à ces cerfs fossiles que parfois l'on exhume, à cette empreinte minutieuse de leurs os dans les pierres. Pris dans le mouvement où la mort les a chevauchés. Ils courent depuis des siècles... Depuis des siècles. Immobiles. Ce serait là une assez juste image de l'écriture.

Juste ça.

 -Christan Bobin

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