dimanche 30 août 2015

Si je t'écris, il va falloir que j'écrive ton nom. Je l'ai effacé partout pour ne plus y penser. Je pense toujours à toi quand même. Quand je cherche tes messages et que je ne les retrouve plus, je me sens soulagée. C'est comme se réveiller d'un cauchemard. Ce n'était pas vrai. C'est terminé.

Si j'osais t'écrire une dernière fois, je te dirais que je t'aime. Après je m'excuserais et m'expliquerais pendant au moins dix lignes parce que je sais que ça se dit pas. Je sais que je peux pas te dire ça. Je te le dirais pareil. Pour te dire tout de suite après de pas faire trop attention. C'est pas ce que tu penses. C'est plus du respect, de l'admiration, de l'empathie, mais tout ça c'est rien. C'est la complicité. L'intimité. On a jamais réussi à compléter le triangle, toi et moi. C'est quoi l'amour sans passion et sans engagement? C'est ça. Je suis certaine que tu peux comprendre. J'espère depuis tellement longtemps que tu te sentes pareil et qu'on vive quelque chose de beau toi pis moi. Je ne te demande plus ça. Je ne te demande rien. Je ne t'écrirai pas.

Si je t'écrivais ce soir. Je te parlerais des perquisitions chez les indépendantistes Catalans. De la grande crise économique mondiale et la grande dépression qui s'en viennent. La crise des migrants. Ça sent la fin, tu penses pas? On a combien de temps tu crois? On a assez de bouffe pour quoi, dix, douze ans encore? Faut pas que j'y pense, je me projette un film noir et blanc, et le sang coule partout, noir comme de l'encre. Savoir qu'on n'est pas du côté des gentils. Des enfants crient, des gens qui pleurent. Des catastrophes. Du désespoir. Tu trouves ça beau, toi aussi. Je te raconterai pas mes théories.

Si je t'écrivais encore une fois. Je te dirais que je suis heureuse du peu que nous avons partagé tous les deux. Je te dirais que j'ai toujours voulu être honnête et sincère et que j'ai senti la même chose chez toi. Ce serait un grand mensonge. Mais j'ai jamais pu m'empêcher de te parler comme si t'étais merveilleux. Comme si je n'étais rien. Et je nous ai idéalisés comme si toi pis moi on allait s'élever. Au-dessus de quoi, de qui? Je ne t'écrirai plus.

Si je t'écrivais avant la fin, je brûlerais mon punch. Je serais inévitablement déçue de toi. De ta réaction. J'ai jamais compris tes réations. Je ne peux pas te prévenir.

Je ne t'aurai rien dit de vrai et tu ne m'auras rien donné de toi.

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