dimanche 25 novembre 2012

Tu me marches sur le corps avec tes caps d'acier

Mes amis font le ménage de la cuisine.
T'as jamais vu ça, une cuisine propre de même.
Elle a passé la journée avec moi, dans mon bureau.
Pendant son jour de congé.
À travailler gratis parce que je suis épuisée.
Juste pour m'aider.
C'est vrai que ma vie est plate.
Je vais voyager.
Je vais étudier et rencontrer des professeurs.
Je vais m'acheter un piano.

Toi,
tu me marches sur le corps avec tes caps d'acier.
Tu cherches désespérement
et tu trouves à chaque fois, une nouvelle façon de m'écraser.
Je ne sens presque plus rien.
L'habitude. Tes coups.
La forme de ta semelle bleue, mauve, jaune,
les couleurs se mélangent sur mes côtes.
Je pleure tout doucement, la main sur le ventre.
Ça va passer je sais. Patience. Tu vas te calmer.
Je respire. La douleur s'en va, mais je me souviens.

Après tes yeux reprennent leur couleur.
Cette voix redevient la tienne.
Après tu me consoles.
Tu es un héros. Tu nettoies le sang sur mes joues.
Tu me dis que ça va aller. Tu t'excuses avec de vrais larmes.
Mais tu recommenceras.

Je t'ai rendu fou comme mon père.
C'est moi. Je l'ai déjà fait. C'est comme un don.

C'est naturel.
Tout est de me faute bien entendu.

Où est-ce que je me suis trompée?
Me suis trompée partout.
Je n'ai raison de rien. Je ne gagne jamais.
Je m'acharne à comprendre, à savoir, moi pauvre imbécile.
Je m'enfarge dans les détails
pendant que tu cruises ma meilleure amie.
Tu ne te caches pas, tu exagères pour me faire mal.

Je suis la fille qui pue sur le bord du lavabo.
Je ne sais plus si je suis une femme.
Tu les veux toutes. Toutes sauf moi.
Ne suis-je pas comme elles? Tu les regardes comme moi.
Mais tu ne me regardes plus.
Tu changes le casting du film que j'ai écrit.
Tu leur donnes mon nom et leur chuchotes des mots que j'ai inventé pour nous.
Tu prends mes cadeaux pour les offrir aux autres.
Tu leur cuisines mes recettes.
Tu voles ma poésie pour coucher tes putes dans mon lit.
Tu es fier de payer. C'est toi qui payes, c'est toi le boss.
Je suis une guenille sale que tu laisses sécher.
Tu veux revenir t'essuyer la graine sur moi quand t'es fatigué.
Me garder comme un secret, comme une assurance.

Quand je sors sur la Tario ou la Catherine
entre Ville-Marie et St-Denis, tout le monde me connaît.
Tout le monde connaît la p'tite.
La p'tite folle.
La p'tite bizarre qui fait plein d'affaires.
La p'tite cochonne.
La p'tite comptable.
La p'tite qui travaille dans la drogue avec du monde de même.
La p'tite cuisinière.
La p'tite manifestante.
La p'tite féministe.
La p'tite qui fait de la politique.
La p'tite de la serveuse.
La p'tite soeur du DJ.
La p'tite soeur du joueur de hockey.
La p'tite fille du joueur de piano.
La p'tite nièce du comédien.
La p'tite qui écrit des livres.
La p'tite amoureuse recyclable.
Tout le monde connaît la p'tite dépressive qui se fait marcher sur le corps.
Tout le monde connaît tes caps d'acier.
C'est pas moi qui devrais se cacher.

Reprends ta honte et va l'injecter à quelqu'un d'autre.
N'importe laquelle de tes niaiseuses.
Elles se valent toutes.
J'ai dit voyons donc, si au moins tu choisissais des filles brillantes.
Et tu as répondu : peut-être que je suis tanné de ton intelligence.
Mon intelligence.
Tanné de mon intelligence.
Mais je suce bien en tabarnak, tu dis.
C'est de valeur pour toi.
Je n'ai plus l'intention de te toucher même avec un couteau.




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