mardi 28 octobre 2014

Pleurer avec mon petit frère

J'avais jamais cru ça, moi, que ça faisait du bien de pleurer. Mais quand Einstein est venu chez moi, qu'il s'est assis dans mon sofa bleu de psy avant qu'on aille chercher notre mère en psychiatrie et qu'il m'a dit, comment ça se fait qu'elle est folle de même?

Je me suis mise à pleurer. J'ai dit, tsé ti-cul, maman elle est pas si pire que ça. Considérant qu'on l'a traitée comme un animal, on lui rasait la tête, l'abusait, l'affamait. On l'a enfermée, on l'a battue. On la faisait se battre avec les autres pour gagner une beurrée de sucre. On l'empêchait d'aller à l'école parce qu'elle aimait ça. Trimbalée dans des familles d'accueil où elle était plus mal traitée que dans sa propre famille. La DPJ l'a oubliée pendant deux ans. Perdu son dossier. Y a jamais personne qui s'est excusé. Y a jamais eu personne pour elle. Y a jamais eu de place pour notre mère. On devrait même pas être là. Maman elle est pas si pire que ça. Elle est juste normalement enragée.

Il a pleuré avec moi et je pense que ça nous a fait du bien.

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