Mais c'était pas ça le sujet. Après la crème à glace et le pain frais ou avant, je sais pas trop, on est allé chez Rossy. Pas le Rossy de la Tario sur la promenade. L'ancien Rossy sur la Tario à côté de la ruelle Goulet. Aujourd'hui c'est un marché aux puces. En face il y avait une biscuiterie Oscar, la mère de Mélodie travaillait là. C'est le Rossy où on était allé quand ma tante Marie m'a abandonnée dans un banc de neige et qu'elle était rentrée à l'intérieur parce que j'étais malcommode. C'est le même Rossy où j'ai pissé dans une allée alors que ma mère me faisait essayer du linge par dessus mes vêtements. Ce jour-là chez Rossy, ma grand mère m'a acheté un Magic Slate. Quand la filleule m'a demandé c'était quoi un fucking Magic Slate, j'ai essayé de l'expliquer, même avec des dessins. J'ai voulu lui montrer c'était quoi un duplicateur à alcool, mais elle a jamais compris pourquoi ça imprimait juste en bleu. Finalement, je lui ai dit qu'un Magic Slate, c'était un peu comme sa tablette, éteinte.
-Tu jouaies avec une tablette éteinte?
-Ma chérie, dans mon temps, on jouait avec rien. Une branche. Les dents de grand-pôpa. Imagine comment j'étais folle quand on m'a acheté en même temps que mon Magic Mate, un coquet piano de poche.
-C'est quoi?
-C'est comme... euh. Ben c'est comme si t'avais juste une application pour jouer d'un piano avec seulement 13 touches sur ta tablette.
Ce bidule avait quelque chose d'addictif. Une odeur particulière. Une texture. L'étui de plastique et les touches en caoutchouc. 13 petits clitoris que j'ai tripotés de toutes les façons possibles.
Dans ce temps-là, des minis pianos, ils en vendaient partout. Même à l'épicerie. Finalement plus j'y pense, plus je suis convaincue que mon premier piano de poche venait pas de chez Rossy, mais de chez Explosion, sur la Catherine près de la rue Amherst.
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