Félicitations

 Aujourd'hui j'ai créé un petit dossier, avec ton petit nom. C'est ce que je fais avec les paquets de problèmes, je les corrige et les classe dans des petits dossiers.

Je pense souvent à ce psy de merde quand j'ai fait mon burn out. Il trouvait ça drôle, l'importance que j'attache à mon titre. Il a dit qu'est-ce que ça change? J'ai essayé pendant deux semaines de me faire à l'idée, me présenter et tendre la main : Bonjour je suis l'attachée de... Enchantée, Chantal, attachée de... C'est comme si je n'étais plus moi j'étais maintenant attachée. 

Bonjour, je suis la formatrice. Chantal, formatrice. Je suis quelqu'un, je suis fière, j'ai du pouvoir. Je pense que je ne veux pas vraiment être attachée.

Il trouvait ça drôle. 

Ce courriel aujourd'hui "Chantal, ma directrice, vous fera parvenir..."

Je suis leur directrice. Mon congé peut s'arrêter drète là. Pas besoin de psy. Je sais ce que je veux. Je sais qui je suis, je suis leur directrice. Je suis pas là pour leur dire quoi faire.  Ils savent qu'ils peuvent m'appeler n'importe quand, à n'importe quelle heure, je vais aller les chercher, à l'hôpital, au poste de police, à l'aéroport. 

- C'est quoi qui se passe avec nous autre si y a la guerre?

- Tu sais, j'apprécie ta confiance. Mais je ne peux pas vraiment te rassurer cette fois. On va gérer la crise un jour à la fois, être à l'affût des recommandations, s'adapter et continuer. Jusqu'à la fin.

C'est comme quand tout le monde danse et là chacun va au milieu faire son petit move et on me tire sur la main et on essaie de m'envoyer là moi aussi, mais je suis comme, non, je vais pas au milieu moi. Arrêtez de me regarder. Touchez-moi pas. Je danse mieux quand je reste sur le côté.

 Il m'a dit, j'aimerais ça y parler. Peux-tu me laisser parler au ministre? Je vais lui expliquer que j'ai sauvé des vies. J'ai dit, j'ai pas aussi facilement accès à ce monde-là.

Mais on a trouvé un moyen et il a eu 3 minutes.

Je voudrais qu'ils comprennent.

Je voudrais qu'ils pensent exactement comme moi. 

Je m'impatiente. 

Je leur ai donné la lettre, ils avaient de la peine, ils étaient fâchés.

Moi aussi.

Tsé la confiance.

On les a laissé tombés tellement de fois

Toute leur vie.

Me faire respecter d'elleux et gagner leur confiance.

Réussir.

Toute scraper ça en cinq minutes.

Merci la CAQ.

Ça faisait un an, pas de drame, pas de chicane, pas de menace. 

On oublie vite que c'est temporaire.

J'ai si peu d'ennemis

Ma première réaction ça été de dire à Michaël, je ne dis jamais que vous êtes mes employés, j'ai ben plus de respect pour vous autres! Mais ce ne sont pas mes mots, ça n'est pas ma réalité. J'habite une dimension différente de la sienne où selon ma version tout ça est faux, évidemment! 

 

J'ai fait souffrir cette personne il y a longtemps et elle utilise les moyens dont elle dispose pour me rappeler qu'elle n'a pas oublié. 

Tout à coup j'ai un drôle de feeling, je décide d'ouvrir le document à 3h18 AM

Je suis sur un panel à 11h15. 

Je devrais me préparer.

Ma relation avec le Ministre de la santé se porte mieux que tu penses

Des dizaines de courriels "importants"

Des heures de rencontre "urgentes"

Des dépenses en communication

Pour accéder à Monsieur le ministre

Des lettres d'appui

Des appels officiels

Menacer de sortie publique pour un rendez-vous confirmé 

Avec l'attachée de Monsieur le ministre

Des membres impuissants

Des alliés déchirés

Des employés déroutés

"Laisse-moi lui parler, je vais lui expliquer au Ministre"

C'est arrivé ce matin par courriel programmé

Il travaille pour moi la fin de semaine

Lettre officielle du Directeur de la santé publique, rencontre annulée

Il ne veut pas nous parler Monsieur le Ministre

Ça lui a coûté 230 000 piastres

pour avoir la paix

Pour l'instant

Merci, à la prochaine, Monsieur le Ministre

Wilfred continue d'essayer de rentrer dans Salebarbes

 (Toc toc toc)

-Bon c'est qui ça?!

-Fais chier j'étais dedans.

-Y a juste la femme à Éloi qui sait qu'on est là.

-Ma femme a rien dit, est pas de même.

-Hostie les gars c'est lui!

-Quoi, Wilfred, encore?

-Je te l'avais dit de laisser les lumières fermées.

-On va pas jammer les lumière fermées, exagère pas Jo.

-Ouin ben c'est à ton tour de le regarder dans ses petits yeux de chien battu pour lui dire qu'on veux rien savoir de lui.

-Qu'est-ce que j'y dis là? J'haïs ça.

-On pourrait juste pas répondre, you know.

-JF, Laisse-le rentrer 2 minutes, il fait frette quand même.

-Hey les boys.

-Hey salut Wilfred, comment ça va?

-Pas pire pas pire. Vous seriez pas en train de pratiquer, par chance?

-Nous autres? Non, non, jamais de la vie.

-C'est une réunion pour notre pool de hockey.

-Ok, ok. J'pensais je vous avais entendu jouer.

-Pas à soir.

-Si jamais qu'il reste de la place dans votre pool.

-Non, c'est complet malheureusement.

-Je voulais juste passer pour vous souhaiter bonne année. J'ai apporté du sucre à crème de ma grand-mère. 

-T'es pas sérieux.

-Merci t'es ben swell de nous apporter du sucre à crème.

-Y est fucking bon, sérieux. 

-J'ai écrit une toune sur le sucre à crème de ma grand-mère, je pourrais vous faire un extrait. 

-On aura pas le temps ce soir.

-Me suis dit, je pourrais arrêter en passant pis jouer une couple de tounes avec les  gars. Vous êtes tellement s'a coche.

-C'est complet malheureusement, Wilfred. 

-Si jamais si que vous avez besoin, je suis là.

-Ok Wilfred, on t'appelle. 

-On peut-tu garder le sucre à crème?

-Come on r'donnes-y son sucre à crème, tu manges pas chez vous.

-Gardez-le, je vais revenir chercher le plat un autre m'ment d'nné.

-Attache bien ton manteau.

-Bye bye.

-Bye Wilfred.

-Y est parti? Barre la porte.