mercredi 12 décembre 2018

Le cri d'un clown




Collage à partir de la pièce écrite par Raynald Bouchard
Le 19 décembre dans le cadre de la soirée poésie de Noël dans le parc, je lirai ceci :



Un clown ça a toujours des valises
Ma plastique de vie

As-tu compris? J'en veux pas de balayeuse.
Je suis en train de chercher mon moi artistique.
Payer la taxe d'amusement
SOS une bouteille à la mer sur la rue Rivard
Le client a toujours raison.
Faut toujours qu'il dise "oui"
Comme ça quand arrive le temps de signer le chèque,
il dit oui.
Ce matin-là, j'ai mis le paquet!
Je vendais juste aux gens malhonnêtes.
Tout l'monde pensait qu'y me fourraient tellement j'avais l'air d'un innocent.

Je lui ai dit qu'il n'était plus mon père pis je suis parti.
C'est la dernière fois qu'on s'est vu.
Pourquoi je monte sur scène?
Est-ce que c'est mon père qui me pousse dans l'cul, même mort, ou bien ça vient de moi?
Ce serait moins compromettant de vous raconter ma vie entre quatre yeux, même dans un lit, que de la déballer devant une bande d'étrangers.
Je pourrais raconter la vie de ce spectateur absent. Ce serait encore moins compromettant pour moi. Je pourrais vous faire croire que je parle de lui, alors que je parle de moi. Je pourrais tricher. Ça me donnerait du courage pour aller plus loin dans ma vie personnelle. On ne saurait pas si je dis vrai, ou si je dis faux.
Je suis un autre, je n'existe pas, je suis là dans la salle avec vous, assis à côté de Monsieur.

Moi aussi je suis capable d'aller jusqu'au bout de mes actes. Et surtout de tout dire ce qu'il ne faut pas dire!
Tout le monde m'appelait le robot.
Je n'existais que pour toi.
Pour me défouler, j'ai voulu lancer un grand cri.
Mais rendu en haut... j'ai pas été capable de crier.
Aujourd'hui je comprends pourquoi je n'ai pas été capable de crier; c'est simple, je n'existais pas!
Je ne voulais pas être président. Je ne voulais pas. Je commençais à être fatigué. Je mangeais rien qu'une salade par jour. Je jouais dans toutes les pièces. Je dormais juste quelques heures. J'étais trop sollicité. Je doutais de moi.
J'avais bien plus le goût de crier que de faire des discours.
Je ne comprends pas la politique, mais je peux vous lancer un cri.

Bienvenue à l'institut psychiatrique
Vous n'êtes pas dans théâtre là, vous êtes dans pital. Detendez-vous.
Malade mental!
Vous avez des problèmes de personnalité, prenez une pelule!

L'identité!
À mesure que je me rasais, mes identités sans nombre jaillissaient devant mon miroir.
Je passais de l'autre côté du miroir. La glace se brisa. Pas d'égratignure, pas de sang.
Je ne l'ai pas dit à mon psychiatre.
Mes nouvelles identités ne duraient pas longtemps.
Moi je tournais en rond autour de moi. Dans la roue infernale des identités. Alimentée d'une peur morbide, la roue ne pouvait plus s'arrêter de tourner.
La moelle épinière atteinte dans son moyeu huilait l'essieu central de la folie. Estropiant ma colonne vertébrale. Ébranlés par la peur d'une remise en question perpétuelle, mes nerfs craquaient sous le poids des réponses. je m'enfonçais sous la loi de l'inertie. Plus je me débattais, plus mes nerfs craquaient, et plus je donnais une force motrice à mon impuissance.
Les nerfs accrochés à l'essieu comme des rayons fidèles obéissaient à la loi en me mettant des bâtons dans les roues.

Propulsant mon "moi artistique" hors de moi, dans l'espace sidéral. Je devenais fou dans la galaxie des arts.
Rien n'est vrai chez moi.
Je fais du théâtre!

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