jeudi 30 octobre 2014

Moi je voulais tellement être comme Mitsou

Quand j'avais quatre ans, Yaelle s'est déguisée en Madonna. Mon père en revenait pas, mais c'était pas étonnant avec une mère monoparentale qui s'était jamais mariée comme la sienne. Moi j'avais juste le droit d'être une clown ou une fleur ou un tube de pâte à dents. Oui, j'ai été un tube de pâte à dents. Je me sentais vraiment pas bien. Même si les adultes me trouvaient originales et personne avait jamais vu ça. Moi, j'aurais voulu une belle robe. Des bijoux.

Dans mon temps il y avait Mitsou avec sa petite jupe. Mon père la détestait. J'avais pas le droit d'écouter Mitsou parce que Mitsou c'était une dévergondée. Je me souviens de cette petite fille qui l'imitait parfaitement à l'émission de Nathalie Simard et de mon père qui criait. Petite putain. Quels genre de parents laissent son enfant passer à la TV amenché de même comme une salope?

Et plus je lui demandais de justifier son opinion, moins je comprenais. C'était toujours quelque chose comme "Ça se fait pas." "Ça a pas de bon sens." "Je veux pas que ma fille ressemble à ça." À quoi? Mon père refusait que je ressemble à Mitsou? À moi-même? Il crachait sur mon identité. J'étais sa fille à lui et j'avais pas le droit de vouloir quelque chose qu'il ne voulait pas.

La fille avec du rouge à lèvres des tresses et des belles cuisses, elle disait : J'm'en vas, même si tu fourres comme un Dieu. Je serai plus dépendante de ton affection pis de ta grosse graine. J'ai peut-être rien que juste 17 ans, mais je sais où je m'en vais! C'est ça qu'elle disait Mitsou. C'est ça que je comprenais à 6 ans. Ben oui, tu peux dire que je suis une menteuse, t'es pas obligée de me croire. Mais à six ans, j'interprétais la chanson de Mitsou comme un cri, un méchant gros fuck you man, je décâlisse; et ça, ça me parlait beaucoup. Je comprenais aussi que Mitsou allait se trouver un autre chum et le fait d'avoir plus d'un partenaire sexuel pendant sa vie, ça me parlait. Je voulais pas être comme ma mère. Je voulais être libre.

Une chose certaine, je n'ai jamais porté de vêtement sexys pour exciter mon père. Jamais. Et je doute que ce soit l'objectif des petites filles qui choisissent des costumes sexys. Mon père, je l'ai envoyé chier de toutes les façons possibles avec mes vêtements. Et s'il vivait encore, je continuerais. Parce que chaque fois que quelqu'un se permet de juger et critiquer l'apparence de quelqu'un d'autre, il mérite de se faire envoyer chier solidement. Même par une petite fille de six ans.

À huit ans j'ai fabriqué mon costume avec ma mère et j'avais une méchante belle robe noire et rouge. J'étais une diseuse de bonne-aventure. Quand je l'ai mise pour aller à l'école, j'ai failli me mettre à pleurer. Pendant la nuit, ma mère avait cousu la craque de la jupe en avant, pour pas qu'on voit mes cuisses. Pour pas que je sois sexy. Mon père avait dit quand il m'avait vue que : j'étais trop jeune pour ça. Mais ça n'a jamais été clair, à quel âge j'aurais le droit de choisir. En fait son but était de me laisser choisir une fois qu'il m'aurait façonnée comme lui et que mes choix refléteraient ses idées, ses valeurs, ses convictions. Ce jour-là n'est jamais arrivé.

J'ai toujours cru, même si j'étais très jeune, que de m'empêcher de découvrir et d'exprimer ma propre identité sexuelle était une violence qu'on me faisait. Et j'avais juste hâte de partir pour devenir une pute et lui faire honte.

Et vos costumes à vous, les parents, ils ont l'air de quoi? Et qu'en est-il des autres jouets que vous offrez à vos petites filles? J'ai l'impression que ça vous scandalise moins quand elle vous demande une cuisinière rose ou une planche à repasser fisher price. Finalement dans le développement de vos enfants les limites sont fixés d'après vos tabous, vos petites maladies mentales et vos petites convictions de merde. Leur apprendre à réfléchir et leur faire confiance quand ils choisissent, c'est trop de travail, j'imagine. Quand on fait des enfants pour se projeter, ça finit toujours par faire mal.

Si vous pensez que c'est effrayant qu'on vende des costumes sexys pour petites filles, je trouve tout aussi effrayant que vous osiez le dire devant vos enfants. Car vous faites pire. On est jamais trop jeune pour apprendre le slut-shaming. Je pense que si vous accompagnez vos enfants comme du monde dans vie, si vous les éduquez, si vous les écoutez, si vous les aimez, si vous les respectez, vous devriez vous demander pourquoi vous ne pouvez pas leur faire confiance lorsque vient le temps de choisir sa tenue. Si tu veux pas que ta fille se maquille et s'habille comme elle veut, peu importe l'âge, je pense que tu devrais voir un psy. Essayer de comprendre c'est quoi qui te dérange là-dedans et d'où ça vient. Qui est responsable de cette image-là? L'image que tu te fais de la sexualité. L'image que tu te fait de tes enfants et de toi-même. Et toi quelle image tu projettes? Tu as le droit de te maquiller, mais pas la petite. Quand tu pognes les nerfs au magasin et que tu chicanes ta fille parce qu'elle a choisi le costume que tu veux pas, je pense pas que tu changes quelque chose au patriarcat et à l'hypersexualisation. Le problème en ce moment c'est qu'on s'attaque à des symptômes farfelus quand le mal est bien plus profond, bien plus complexe. Mais c'est plus facile de pointer des costumes de petites filles, de les culpabiliser et de culpabiliser les écoeurantes de mères qui permettent ça, que de se questionner sur toute notre approche de la sexualité et l'impact du marketing genré sur nos vies.

Et maintenant que j'ai dit tout ça, j'avoue que chez moi, les costumes et les jeux violents sont interdits. Pas de fausse arme à feu dans ma maison. Même pas de fusil à l'eau. Je m'en fous que tu aimes ça, que tu promettes d'être gentil, que ce soit juste pour jouer. Je n'argumenterai même pas, j'ai déjà décidé. Tu n'auras jamais en ta possession une réplique d'arme à feu, mon garçon. Et si quelqu'un d'autre te l'offre, je te le confisquerai devant cette personne pour m'assurer que mon message soit reçu... On a pas tous les mêmes tabous. Je devrais peut-être parler de ça avec ma psy.

Sébastien

Me suis toujours demandé si y'ont des cahiers Canada dans les autres pays?

mercredi 29 octobre 2014

Si tu veux c'est facile.
T'as juste à prendre ma main.
Je vais te suivre.
On se roule un peu dans les feuilles,
on se lit des poèmes
en faisant de la boucane.
As-tu envie de profiter
du moment présent 
avec moi?

La différence entre ma job pis la tienne c'est que quand quelqu'un rentre pas, on appelle les hôpitaux.
Alice,
quand tu as de la peine,
moi aussi j'ai de la peine.
Et tu m'apportes un petit gâteau
d'Halloween.
Oui je sais,
j'ai compris.
Alice,
j'ai hâte que tu te souviennes
de ce que tu vaux,
parce que moi je m'en rappelle
de tes yeux brillants
ton rire qui monte
et résonne dans l'église.

mardi 28 octobre 2014

Pleurer avec mon petit frère

J'avais jamais cru ça, moi, que ça faisait du bien de pleurer. Mais quand Einstein est venu chez moi, qu'il s'est assis dans mon sofa bleu de psy avant qu'on aille chercher notre mère en psychiatrie et qu'il m'a dit, comment ça se fait qu'elle est folle de même?

Je me suis mise à pleurer. J'ai dit, tsé ti-cul, maman elle est pas si pire que ça. Considérant qu'on l'a traitée comme un animal, on lui rasait la tête, l'abusait, l'affamait. On l'a enfermée, on l'a battue. On la faisait se battre avec les autres pour gagner une beurrée de sucre. On l'empêchait d'aller à l'école parce qu'elle aimait ça. Trimbalée dans des familles d'accueil où elle était plus mal traitée que dans sa propre famille. La DPJ l'a oubliée pendant deux ans. Perdu son dossier. Y a jamais personne qui s'est excusé. Y a jamais eu personne pour elle. Y a jamais eu de place pour notre mère. On devrait même pas être là. Maman elle est pas si pire que ça. Elle est juste normalement enragée.

Il a pleuré avec moi et je pense que ça nous a fait du bien.

lundi 27 octobre 2014

Ma vie magique

À la page 115 du livre sur Botticelli que je viens d'emprunter à la bibli, je trouve ça :



J'ai pus le temps d'étudier, j'ai un poème en morse à décoder.



vendredi 24 octobre 2014

jeudi 23 octobre 2014

Juste me faire un câlin. Mettre ta main sur mes cheveux et me laisser pleurer un peu. Après je vais m'en aller pis je t'achalerai pus.
Je pourrais te donner, je sais pas, mettons trente piastres pour ton dérangement.
C'est-tu possible de rencontrer un gars ordinaire?
Un homme normal
avec une vie normale,
genre un gentil monsieur
qui m'invite à jouer dans sa chambre,
ça se peut-tu?
Tsé, un gars qui aime ça juste marcher
en parlant de la Catalogne,
frencher sur un banc,
capable de faire l'amour correctement une dizaine de minutes
sans trop d'acrobaties.

Pas de niaissage
de gossage
de cruisage
de menterie.

Ça existe-tu encore du monde qui a du plaisir
sans maltraiter personne?
C'est vraiment trop demander?

Je vous invite tous à appliquer.
Je conserve les candidatures pendant au moins six mois.

Avoir un collègue du bon côté de la force

J'ai apporté une tartelette portugaise juste pour toi.

Si un jour je perds cette job-là, je vais mourir c'est sûr.
Quelque chose a changé ce soir-là
quand j'ai pris ton courriel.
J'ai compris de quoi,
mais j'ai pris des mois
à savoir ce que j'ai compris.

Je pensais que tu m'aimais
mais que tu savais pas
comment me le dire.
C'était le contraire.
Tu m'aimes pas.
Et tu sais pas quoi dire.

J'ai trop pleuré.
J'ai écrit un livre sur toi.
Je me suis retournée
dans tous les sens
pour comprendre
ce que tu me fais.

J'aurais tellement voulu
que tu n'aies jamais
pitié 
de 
moi.

Maintenant la guerre de Harper est justifiée

Quand on tue des militaires à côté de chez vous, c'est pas parce qu'ils ont un nom québécois et qu'ils te ressemblent que ça en fait des civils. Ce sont des militaires. Qui est-ce que ça surprend qu'on attaque des militaires en temps de guerre? Peut-être que si tu pensais pas que la vie de ton beau-frère à la base de Val-Cartier vaut plus que celles d'un Mohamed random en au moyen-orient, peut-être qu'on serait pas en guerre. Si tu reconnaissais la valeur d'une vie humaine, quelle qu'elle soit, tu t'arracherais les cheveux, tu te crèverais les yeux et tu tomberais à genoux pour demander pardon. Mais tu fais pas ça. Tu penses que t'es du bon côté. Et ça te fait de la peine qu'on tue deux soldats. Alors qu'en ton nom on torture des innocents au bout du monde. C'est pas grave, c'est loin.

Notre pays a déclaré la guerre à un état. Qui plus est, un état religieux. Il l'a dit Harper qu'il déclarait la guerre à l'État Islamique. C'est sûr qu'on n'est pas habitués à ce que ce soit chez nous, la guerre. Mais c'est nous qui l'avons déclarée. On a déclaré la guerre à un état. On tue des humains depuis 13 ans pour les libérer. Des hommes, des femmes, des enfants, des civils. J'ai beaucoup de peine pour eux. Les militaires ont choisi la guerre, ils ont choisi la violence, ils ont choisi de crever pour le pouvoir. J'ai plus de peine pour les deux tatas endoctrinés qui ont tiré sur des militaires et qu'on a exécutés avant qu'ils puissent se défendre. On aurait pu apprendre que les services de renseignements canadiens les ont encouragés à passer à l'acte s'ils avaient pu parler. Comme le font les américains...

mercredi 22 octobre 2014

Quand est-ce que tu vas m'appeler?
Me donner rendez-vous?
M'inviter quelque part?
J'ai toujours envie de te parler.
Envie que tu me fasses rire
et perdre la tête
et jouir
et crier trop fort.

Depuis que je t'ai revu j'ai juste envie que tu me pognes.
Tu m'entraînes chez toi
où tu me pousses sur le lit
et me déshabilles complètement
devant lui.
Te toucher
pendant qu'il nous observe.

Les yeux de ton amoureux,
sa posture,
son sourire discret.
La distance.
Quand il nous regarde baiser.
La tension.
Son désir.
L'érection dans sa main pendant
que toi tu me lèches
et m'ouvres.

Ses judicieux conseils.
Quand il s'étend calmement
à côté de moi qui reçois tes coups,
pour nous caresser doucement.
"Mange ses seins."
"Prends-la plus haut"
Comment il sait que j'aime mieux ça plus haut?

L'attente.
La sienne.
La tienne.
La mienne.
Il patiente et
choisit
le bon moment.
Quand tu lui dis
que tu es prêt.

Ses doigts.
Ses doigts qui entrent avec toi
en moi
qui vont chercher
ma mouille
pour te lubrifier.

Lorsqu'il te prépare
et que tu trembles d'excitation.
Quand il s'installe et que
ton regard effrayé me fait fondre
et qu'il caresse ton épaule
du bout de son nez.
Tout doux
avant de se transformer en bête sauvage.
Quand je te serre parce que
j'ai peur de ta façon de gémir avec lui.
Quand il prend ton cul
et que tu es encore en moi
Quand nous devenons comme
quelque chose d'autre
qui n'existe qu'entre nous.

Quand est-ce qu'on va recommencer?
Moi j'aime les grosses.

Ah ouin, t'aimes les grosses. Pis les grosses t'aiment-elles?

Moi je sais pas. J'ai comme peur des pervers fétichistes qui aiment les grosses. Je pense que je préfère les humanistes tantriques qui aiment tout le monde...


-Je me ferais bien une ligne de poudre sur tes seins moi ce soir...
-Mes boules tiennent pas full bien. T'es peut-être mieux de la faire sur mon cul, ta ligne.

Trois jours sans toi

Je salive.
Je mouille.
J'attends.
Ça fait trois jours.
Je veux ta voiture.
Toi.
Moi.
Une shot de Tequila.
Avaler
ton pieux trop grand pour ma bouche.
Ma dose de toi.

vendredi 17 octobre 2014

Je vais faire la seule chose que je sais faire pour m'en sortir. La seule chose qui fonctionne quand j'ai envie de mourir. Essayer d'avoir un A.

jeudi 16 octobre 2014

Mon cirque à moi

Il a dit ta mère est encore soûle. J'pus capable. Une bonne journée tu vas me voir arriver chez vous avec elle pis son stock.

J'ai dit je le sais. 

Pis la ma mère a appelé sur l'autre ligne pour dire qu'elle venait de s'envoyer toutes les pilules de la maison. 

Pis j'ai appelé une ambulance pour ma mère qui est dans une autre ville trop loin où je peux absolument pas me rendre.

Et j'aimerais bien avoir inventé tout ça parce qu'entendre ta mère te dire "Viens me chercher, j'ai peur" comme une petite fille au téléphone, quand on peut rien faire, ça devrait pas exister.

Je tremble et j'arrive pas encore à pleurer, je me répète que j'avais pas vraiment besoin de vivre ça maintenant. Encore.

Une ambulance c'est-tu 150$ ou 250$?

Christ de réflexe de comptable.
Si j'arrive pas à le dire.
Si je sais pas quels mots.
Je sais pas quoi dire.
Je ne suis pas capable
de prononcer ces mots
que je ne sais même pas écrire.
Le mal est là.
Dans ces mots que je m'interdis.
Douleur de l'impossible.

Je peux disparaître.
Je peux mourir
et rejoindre celle que
je n'arrive plus
à habiter.
Et ne plus jamais écrire
et ne plus jamais parler
et ne plus exister.

Tu ne remarqueras pas mon absence.

lundi 13 octobre 2014

Vos rires

Avec elle tu rigoles.
Avec elle tu joues.
Tu fais des plans farfelues.
Tu rêves.
Tu es vraiment amoureux.
Vous êtes beaux.
Vous vous ressemblez.
J'essaie de ne pas vous détester.

Je me déteste aussi.
J'ai mis trop de temps à comprendre.
Tu as jamais eu ces yeux-là avec moi.
Pourquoi tu m'as regardée d'abord?
Pourquoi t'as fait ça?
Te manifestes-tu souvent comme ça pour rien?
Juste pour déconcentrer les filles.
Juste pour me torturer un peu.
Avec ton sourire meurtrier.
Et tes mots.

J'ai été conne et t'ai pris au sérieux.
Chaque petite promesse,
je n'ai rien oublié.
J'ai écouté, j'ai attendu, j'ai été utile.
Tu voulais pas m'utiliser
je sais pas si c'est vrai maintenant.
Peut-être que ça fait partie de ton discours habituel.
Ta démarche incertaine
de gars qui se pense gentil
qui voudrait l'être
mais n'y arrive pas. 

Tu n'y arrives pas.
Tu n'es pas arrivé à moi
as-tu essayé de venir?
As-tu suivi mon itinéraire?
en as-tu essayé un nouveau?
Ou ben si tu t'es levé en retard et t'as laissé faire?

Est-ce que c'est juste par paresse
intellectuelle
que tu passes tout droit?
Parce que c'est sûr qu'avec moi
ça sera pas normatif.
Au fond t'es bien dans ton monde
confortable
où personne ne vient te remettre en question.
Certainement pas elle.

Tu joues avec elle.
Tu rigoles.
Vous n'irez nulpart
ne construirez rien.
Je n'ai pas le droit d'être jalouse
si tu es heureux.
Et même si,
j'ai rien à dire.
Mais l'es-tu?
Es-tu heureux sans moi?
Sans nos sourires,
sans nos échanges,
sans notre complicité.
Es-tu heureux?
Je le sais ben que c'est pas de mes affaires.
Es-tu heureux pour vrai?

Et là j'ai dit que je pouvais pas prendre de vacances pour l'halloween et j'allais en parler, j'allais le faire naturellement. Juste comme ça. Mais personne ne m'a rien demandé, tout le monde a continué à parler d'autre chose. Personne ne se demande pourquoi je ne peux plus prendre mes vacances. Tellement habitués que je sois retenue par le travail. J'en ai jamais parlé.

J'ai gardé ça pour moi, depuis le début. Je veux pas faire de peine à ma mère, je veux pas l'inquiéter. Je veux pas que tout le monde essaie de me sauver avec sa psycho-pop et ses antioxidants, je veux pas qu'on juge mes choix. J'aime mieux rester toute seule.

Et on a accroché des monstres partout et on a fabriqué un clown épeurant et j'ai fait une robe magnifique avec des nappes en platique. Et je vis chaque moment comme si c'était le dernier. Je suis pas mal zen. Je pense que j'ai pas trop fait de mal en 32 ans. J'ai pas mal tout le temps fait de mon mieux. C'est sûr que j'ai perdu beaucoup de temps à essayer de me faire aimer, mais c'est le cas d'un peu tout le monde, ça. Je suis tellement bien préparée à la fin que ça peut juste bien se passer, je peux juste survivre.

Mais quelle vie j'aurai?

Et tout ça me brûle un peu, j'aimerais ça en parler, mais y a personne.


vendredi 10 octobre 2014




J’étais dans un taxi quand j’ai entendu parler de la vague d’agressions. Je me suis demandée à ce moment-là pourquoi je prenais encore le taxi? Quand je repense à toutes ces fois où je me suis faite harcelée par un chauffeur. Toutes ces fois où je suis sortie de la voiture les larmes aux yeux en me demandant pourquoi je me laissais faire. La honte. Je pourrais pas vraiment les décrire physiquement, même si je suis jamais soûle.

Dans un taxi on m’appelle, ma chérie, on commente ma tenue, on me demande mon âge, si je suis mariée. Si je fais encore l’amour avec mon mari. On me demande si j’ai des enfants. On me dit de faire des enfants. On me propose de me montrer comment. On me dit que je suis trop belle pour sortir seule. On me demande si je veux une course gratuite…

C’est comme ça que ça se passe quand je prends un taxi. Et je prends encore des taxis. Allez savoir pourquoi. J’ai bien pensé me plaindre. Un répartiteur m'a dit que c'est que vous voulez que je vous dise madame? Je voudrais entendre que c'est inacceptable. Pas que je devrais boire moins ou marcher. J'aimerais écrire une lettre aux médias, écrire au chef de police, au maire, au premier-ministre. Demander si c’est normal. Mais à quoi bon. Puisque tous pensent la même chose. Pourquoi je prends encore des taxis? Pourquoi je cours après comme ça? J’ai juste à marcher, prendre le bus, ne pas sortir. Si je prends un risque, faut que j’assume.

J’assume. Je prends le taxi et quand le chauffeur agit de façon déplacée, je me laisse faire. Pourquoi je me laisse faire. Parce que je ne peux pas appeler la police quand je ne me sens pas en sécurité. Pourquoi je me laisse faire? Parce que c’est juste un peu comme partout en société quand on est une femme on apprend à vivre en étant victime d’agressions à répétition.

Même que des fois ça prend des années à comprendre c’est quoi une agression. Et on a pas trop le choix de faire fi de, pour continuer à vivre. Pourquoi je prends des taxis? Parce que de toute façon, je ne suis en sécurité nulle part et partout où j’irai, il se trouvera toujours un trou de cul pour dire que je l’ai cherché.

Je sais pas comment sont faites ces filles qui ont dénoncé. Je ne sais pas où elles ont pris la force, le courage qu’il faut pour écrire un rapport de police, le signer. Affronter la réalité. Je les aime et les admire. J’aimerais leur faire un câlin et leur dire merci.

mercredi 8 octobre 2014

J'en ai parlé à personne. Pas envie et pas vraiment capable de le faire. Parler de moi. Je me disais que j'avais le temps en masse. Et je suis même pas obligée. C'est les affaires de personne.

Je me disais que j'avais le temps de me préparer.

Je suis passée en priorité. Parce que je suis encore jeune. Plein de belles années qu'ils disent. J'ai pas vraiment peur.

Mais je suis tellement toute seule.

Et jusque là j'avais jamais essayé d'imaginer après.

lundi 6 octobre 2014

Plus personne n'ose sortir, c'est miné. Couillard est en train de tout saccager. Il creuse des trous partout. Plus d'aide aux devoirs, plus de services de gardes, plus de collation dans les écoles, de moins en moins de livres à la bibli. Moins d'argent pour les itinérants. Et il s'amuse à retarder les subventions.

Pendant qu'ils se votent des primes je travaille gratis. J'ai pus les moyens de me payer. Pis j'arrêterai pas, ça il le sait.

Le monde crève de faim. Ils essaient de nous tuer.

Je l'entends le message.
Ne comptez plus sur le ministère de la santé.
Ne comptez plus sur l'état.

Me souviens qu'en 2009 Bolduc a dit que les organismes communautaires, c'est du cheap labor.
Maintenant c'est de l'esclavage.

Je vais le faire pareil. Je vais travailler sans être payée. Je vais payer les autres avec ce qui reste, je vais pas payer mes comptes. Je vais le faire, je vais le faire, mais en vieillissant, on s'en rend plus compte. De tout ce qu'on sacrifie. Et c'est mieux de pas en parler, parce qu'on a juste l'air de quelqu'un qui fait ça pour s'en vanter après. C'est pas si grave, le peu d'argent que je mets de côté pour le voyage que je fais jamais.

Couillard, tu me dois de l'argent. Je t'ai avancé du cash, tu me dois personnellement de l'argent, pis un jour, je vais aller te collecter mon sacrement.

dimanche 5 octobre 2014

Avant toi j'aimais ça faire des pipes.
Avant je trouvais pas ça humiliant.
Mais il y a eu toi.
Tes mots dures.
Tes gestes brusques.
Ton regard méprisant.
J'ai pensé que c'était un jeu au début.
Mais toi t'étais sérieux.
Quand tu éjaculais sur ma langue.
Tu disais "Tiens ma grosse truie."
Quand tu me forçais à avaler ton sperme amer.
Quand tu me tirais les cheveux.
Quand tu me traitais de salope.
De vraie pute.
Vraie pute. C'est pas un jeu.
Avant j'aimais ça.
Je jouais avec.
Je bavais dessus.
J'avais jamais mal au coeur.
Avant personne n'avait d'emprise sur moi.
Je n'obéissais à personne.
Je fuyais ceux qui pouvaient me faire du mal.
Avant de revenir vers toi
d'en redemander encore.
Tu as transformé quelque chose.
Parce que la première fois, je t'ai laissé faire.
La première fois je me suis sentie humiliée.
Après j'ai plus été la même.
Après que tu m'aies obligée à faire toutes ces choses.
Je ne pensais pas que c'était grave.
Tu as transformé quelque chose de beau
en ce qu'il y a de plus laid.
Je n'ai plus le droit d'aimer ça.

Avant toi j'aimais ça faire des pipes
parce que je trouvais pas ça humiliant.
Et tu m'as fait comprendre que ce n'était jamais un jeu
j'ai toujours été une grosse truie
une salope, une vraie pute.
Si j'aime encore ça je suis vraiment conne.
Je suis vraiment conne.
J'ai rien que ce que je mérite.

vendredi 3 octobre 2014

Sentir ta langue glisser sur mes lèvres.
Ce moment-là où tu cherches.
Puis quand tu trouves.
Quand c'est toi qui me manges,
je voudrais que ça s'arrête jamais.
Et après j'ai toujours un peu envie de pleurer.

jeudi 2 octobre 2014

Même si j'ai le goût que tu m'encules.
J'en parlerai pas.
Je te laisserai rien faire.
C'est moi qui mène.

Je veux que tu te mettes à genoux.
Que tu embrasses mes bottes roses.





Divorce

Ça a pas fait de bruit. On n'a rien cassé. Pas de chicane, on reste amis. C'était vraiment mieux comme ça. Moi j'étais rendue là. Pis j'ai jamais aimé ça les restaurants. Même quand c'est à un socialiste, c'est un resto pareil. Je suis déjà moins fatiguée.

As-tu envie de briser de choses avec moi?







J'ai arrêté de t'écrire.
Des longs messages que j'efface à mesure.
Je ne te parle plus vraiment dans ma tête.
C'est juste fatiguant.
Quand tu te pointes pendant que j'étudie.
Je fixe ton fantôme, je n'ai plus rien à te dire.
Tu me déranges, tu es inutile.
Et dans mon imaginaire, tu es devenu fade.
Je n'arrive plus à te faire vivre.
Je dors pas, je jouis mal.
Tu sais ce que c'est, être décalé.
L'horloge s'emballe.
Je vieillis vite.
Tu ne bouges plus.
Où est-ce que je vais pouvoir lire tranquille.
Moi, chaque fois que j'ai tué un petit animal,
j'ai eu de la peine.
C'est pas vrai que ça nous fait rien.
Chaque fois ça pince.
Le son du cou que tu casses continue de résonner
dans ton ventre
longtemps.
Plus ils sont petits plus ça fait mal.
Ressentir du plaisir à tuer, c'est pas naturel.
On se conditionne.
Je t'ai inventé avant que tu te matérialises.
Je peux te tuer si je veux.