mercredi 20 août 2014

Encore le boule-o-thon

J'ai trouvé ce papier bien intéressant et pas mal plus respectueux qu'à peu près tout ce que j'ai lu sur le sujet. La réflexion sur l'aspect légal, c'est vraiment intéressant.

Sauf que.

J'appartiens pas à mon mari ni à mes frères ni à mon père. Si on veut que les hommes prennent conscience de ce qu'ils font quand ils achètent des services sexuels. On peut pas vouloir en même temps qu'ils refusent que le corps de leur conjointe, fille, soeur servent à vendre des services sexuels... Est-ce qu'il y a juste moi qui s'en câlisse de ce que ma famille et mes proches acceptent à ma place? Personne n'a a accepter que je fasse ci ou ça. Qu'est-ce qu'on veut? Que les hommes nous disent quoi faire et nous protègent? Et qu'est-ce qu'on dit quand c'est pas vrai? Si mon père trouve ça ben correct que je fasse de la cam la nuit, mais qu'il consomme pas vraiment de porn, lui?

La prosto pour payer ses études, c'est une joke. Une métaphore. Y a pas de nobles causes pour travailler, on le fait pour l'argent, pour consommer. Ce que je consomme après, que ce soit des cours à l'UQAM, un voyage en Inde ou de l'héroïne, c'est pas de tes affaires. Point. 

Juste pour le fun, toi quand tu vas au restaurant, à l'hôpital, à la pharmacie, est-ce que tu te demandes si la fille qui est là a fait un vrai choix? T'interroges-tu sur son enfance malheureuse et ses rêves brisés? Tu devrais. T'es qui pour me dire que j'étais moins une pute quand je travaillais au service à la clientèle de vidéotron? Je travaille pour les mêmes raisons que tout le monde : pour vivre estie.

Je ne suis pas qu'un vagin ou une bouche. Tout le monde utilise son corps pour travailler. Tout le monde. 

Les filles sur le trottoir, dans les agences, celles qui font des films. Elles ont pas un pénis dans bouche 24/7. Des fois elles font l'épicerie. Il faut qu'elles achètent le matériel scolaire des petits. Souvent, elles lisent tout ce qui s'écrit sur elles. Ce sont justement vos soeurs, vos filles, vos mères. Elles sont exactement pareilles. Elles ont pas envie de rentrer à job et elles sont contentes quand la journée finit, comme tout le monde.

"Pour chaque femme qui «fait le choix» de travailler dans l'industrie du sexe, des centaines d'autres sont manipulées, forcées, violentées, violées, trafiquées,etc." Et bien c'est peut-être là qu'on doit mettre nos énergies à la place de prêter des intentions à cette fille-là en particulier.

Une autre affaire qui me fatigue, c'est de considérer automatiquement les clients, les acteurs masculins comme des êtres dominants, n'ayant aucune considération pour la femme. Oui, ils sont ignorants, ils n'ont pas reçu l'éducation adéquate. L'éducation c'est notre responsabilité collective à tous. On a tous failli à la tâche. Pourquoi est-ce que 25 gars, un producteur et une filles mangeraient de la marde pour 8 millions de Québécois qui ont les doigts dans le nez pis les pieds dans la même bottine?

Comme dans toutes les sphères d'activités, comme les femmes occupent très peu de postes au pouvoir, la porno ne représente pas ce que les femmes veulent, qui elles sont. Quand les consommatrices de porno exigeront du matériel féministe et alternatif et qu'elles en produiront, elles y seront mieux représentées et valorisées. En attendant, il me viendrait pas à l'idée de critiquer une femme qu'elle soit actrice porno, adjointe de direction ou coiffeuse.

Pis, juste de même, si tu ne veux plus que les filles fassent ce choix-là pour gagner de l'argent, arrange-toi pour que les filles n'aient plus besoin d'argent. Élimine la pauvreté. Simple comme ça

Réfléchis tant que tu veux, lâche les filles qui travaillent tranquilles. Ce texte ne fonctionne pas plus que tous ceux qu'on a lus cette semaine, pas plus que le mien cette fin de semaine. Parce qu'il n'y a pas une réalité liée à la prostitution. Il y en a autant qu'il y a de travailleuses du sexe. Et on peut y réfléchir selon bien des angles. Mais pas avec un article dans La Presse ou Châtelaine. Bonne chance si tu veux organiser ta pensée et dire de quoi d'intelligent en moins de 1000 mots. Regarde juste moi, comment mon argumentation est douteuse et pleine de sophismes.

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2 commentaires:

  1. La prostitution est un sujet inépuisable, puisqu'elle est un fait complexe et difficile à comprendre. Les personnes qui la font s'y adonnent pour des raisons diverses et c'est pourquoi on ne peut généraliser. Il est faux de croire que c'est un milieu qui entraîne toujours une certaine détresse ou de la souffrance. En règle générale, la personne qui la fait commence à souffrir lorsqu'elle ne veut plus en faire, mais qu'elle doit quand même continuer. C'est comme dans tous les emplois. Pour ma part, je crois qu'on devrait leur foutre la paix.

    C'est Adorno qui disait dans «Modèles Critiques» que lorsque les politiciens sont à court d'idées, ils s'érigent en commandos de la salubrité et persécutent les prostituées. C'est la première chose qu'a fait le maire Coderre en arrivant à la mairie: s'occuper des salons de massage.

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  2. Souvent, je m'ennuie de tes commentaires. :)

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