vendredi 4 juillet 2014

Roger la Mouette

Une fois sur deux quand je te demandais comment ça va, tu répondais que t'avais mal dans le cul. Je savais pas trop si c'était métaphorique comme phrase, j'ai jamais creusé. Mais je doute pas que la rue ça fasse mal au cul. De toutes sortes de façons.

Tu es mort dans ta chambre. J'espère que c'était doux.

C'est fini Roger. Tu dormiras pus jamais dans rue. Tu auras pus froid. Tu auras pus jamais mal dans l'cul. Le Bistro Sanguinet te refusera plus jamais de rentrer. Pus besoin d'emprunter de cigarettes, de t'épuiser dans Toxiconet pour vivre. Bonne nuit Roger, beaux rêves. Pus de puces, pus de punaises.

Moi j'entendrai pus jamais "Comment c'qu'a va la p'tite." La p'tite espère que t'as toute la bière que tu veux maintenant. T'étais pas content quand on m'a engagée, parce qu'on t'avait pas demandé ton avis.

C'était la fin de l'été. Les directrices revenaient de vacances. Tu t'es assis à la table, t'as pas voulu qu'on partage notre dîner avec toi et tu leur as demandé comment s'étaient passé leurs vacances. En gaspésie, dans le sud de la France. Tu as dit que toi aussi, tu avais passé des belles vacances sur la rue de Bullion. Et tu es parti à rire. Et on a rit avec toi.

Je me souviens de tes mimiques, tes grimaces. De ta voix rocailleuse dans une vidéo de PLAISIIRS qui disait : On est mieux icitte ensemble que tous seuls dans rue!

J'oublierai jamais tes adaptations des chansons d'Aznavour ; Hier encore, j'avais vingt piasses!...

Ce fut un privilège de me battre à tes côtés et de travailler pour toi.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire