jeudi 3 avril 2014

C'était le printemps, elle venait de planter un arbre et se dit que maintenant elle pouvait mourir

C'est l'histoire d'une fille qui a fini d'écrire la suite de son livre. Elle veut pas l'envoyer à l'éditeur parce qu'elle ne supporterait pas un refus. Si ça devait arriver elle commettrait un suicide spectaculaire pour qu'il soit publié. Mais à cause du caractère quelque peu extrême et définitif du suicide et le fait que ce soit sûrement inutile pour atteindre la plupart de ses objectifs dont celui d'être publiée, elle souhaite ardemment trouver et tenter quelques solutions intermédiaires plus appropriées.

Les autres survivent à ça. Ils prennent une brosse ou partent en voyage, reviennent meilleurs et écrivent autre chose. Faut tout le temps qu'elle fasse toute une histoire.

Elle attend donc de savoir ce qu'elle va faire s'il dit non. C'est quoi la suite de l'histoire. Pour l'instant chaque fois qu'elle ferme les yeux, tout ce qu'elle imagine, c'est une nouvelle façon plus violente et tordue de mettre fin à ses jours.

Elle sait très bien qu'elle est ridicule, ignorante et gauche. Faut pas se raconter d'histoires. Elle sait qu'elle ne sait rien. Qu'elle s'est retrouvée sur les tablettes par accident. Mais l'inverse serait absurde. Elle n'est jamais contente.

Elle le savait tout le temps, depuis le début. En répondant à l'appel de l'éditeur, signant son contrat, en corrigeant, au lancement, au salon du livre. C'était au printemps, la ville donnait des fleurs et elle venait de planter un arbre. Elle savait. Elle se disait que c'était sans doutes la dernière fois qu'elle faisait tout ça et que c'était quand même pas si mal pour une idiote de sa trempe. Quand on a écrit un livre après on peut mourir. Fin de l'histoire.

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