lundi 31 mars 2014

Madame Bertrand

C'est vrai que c'est pas gentil de dire que Janette Bertrand est sénile. C'est vrai qu'on fait ça parce que c'est une femme. On n'entend pas la même chose sur Parizeau ou d'autres hommes d'âge respectable. Bien des gens beaucoup plus jeunes pensent comme Janette et c'est ce qui est bien dommage. Janette n'est pas seule. Mais ce n'est plus notre Janette. C'est cette cassure que je ressens. Janette parlait d'amour et défonçait les tabous. Elle n'écoutait pas ses peurs et ne nous avait jamais recommandé d'en faire autant.

Avant que Julie Snyder l'appelle pour lui demander d'appuyer le projet de charte. J'aimerais que Janette fasse ce qu'elle faisait le mieux; des recherches. Sait-elle les réelles conséquences de l'application d'une telle charte? Elle savait écouter. Qui écoute-t-elle? Depuis quand elle pense à sa piscine d'abord?

Janette me déçoit. Janette m'a tellement appris depuis que je suis toute petite. La première fois que j'ai entendu parler de la culture du viol (ce n'était peut-être pas nommé, mais c'était ça quand même) c'était par Janette. Les troubles alimentaires, les maladies mentales, l'inceste, l'abandon, la violence conjugale, le féminisme. C'était Jannette qui m'en parlait et m'éduquait. La première femme à assumer sa sexualité dans le paysage télévisuel québécois en partageant le lit de son époux et en jouant enceinte. Janette a déjà montré des tampons hygiéniques à la télé.

Janette m'a enseigné l'amour, l'empathie, la communication et le dialogue. Pas le repli, la fermeture et l'ignorance. C'est extrêmement déstabilisant quand tu perds un mentor. Quand tu as l'impression qu'il te tourne le dos. Quand tu te demandes si tout ce que tu penses avoir appris de cette personne n'était pas finalement qu'une erreur d'interprétation.

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