samedi 31 août 2013

J'ai rencontré Fanny à la vente trottoir

En secondaire 1 j'ai rencontré Fanny la première journée dans le cours de Madame Martin. C'était sa dernière chance, si elle coulait encore son secondaire 1, elle allait en cheminement particulier. Elle s'en foutait. Elle est venue me voir pour me dire que j'avais des belles boules pour mon âge, son chum aimerait ça. Moi, j'avais douze ans et demi. Fanny avait un chum de 24 ans. Dix ans de plus qu'elle, mais elle l'aimait. Lui aussi, il l'aimait pour vrai. Quand je suis allée dîner chez elle, son chum était là et il a dit que c'est vrai que j'ai des belles petites boules, j'étais bien développée pour mon âge. Les parents de Fanny étaient d'accord. Fanny me les pinçait et tout le monde voulait les voir, je mettais mes mains devant, j'essayais de me cacher, j'étais trop gênée pour le faire. Je ne le trouvais pas vraiment beau, mais quand il la prenait sur ses genoux, il se passait quelque chose, c'était très sexuel, je sentais ça de l'autre bout de la table. J'avais envie d'y aller aussi et qu'il me serre avec ses grandes mains. J'avais envie et j'avais honte parce que j'étais certaine que c'était pas bien. Quand elle disait que ça faisait deux ans qu'elle était avec lui, je trouvais ça très bizarre. Et injuste, qu'à mon âge je n'aie pas encore fait l'amour alors qu'elle le faisait tous les jours depuis deux ans. Ça veut dire que Jane avait pas raison quand elle disait qu'on est trop jeune. Fanny a promis de plus me pincer les seins pour que je retourne dîner chez elle. Des fois, je restais et je jasais avec ses parents en haut pendant qu'elle allait faire une pipe à son chum dans le sous-sol. Après il nous reconduisait à l'école dans son pick-up. Sur la route ils me racontaient ce qu'ils avaient fait. Ce que j'avais manqué. Fanny disait qu'il était dans une gang.

Fanny attendait d'avoir seize ans pour lâcher l'école parce qu'elle ne voulait pas que ses parents aient de problèmes avec la DPJ. Fanny voulait bien faire les choses. À seize ans, fini l'école, elle allait déménager avec son chum et tomber rapidement enceinte pour ne plus être sous la responsabilité de ses parents et pouvoir enfin toucher un chèque de BS.

Pendant des mois, dans le cours de Madame Martin, Fanny me donnait des petits papiers. Elle me tapait l'épaule, m'envoyait des baisers. Elle voulait que j'aille dormir chez elle le vendredi, avec son chum. Son chum lui avait dit de me le demander. T'as jamais fait ça un trip à trois, qu'elle disait, manque pas ta chance. Elle arrêtait pas de dire que j'aurais mal parce que son chum a une méchante grosse graine. Tu vas aimer ça, tu vas voir. Je vais aimer ça ou je vais avoir mal? J'avais un peu peur de sa grosse graine. J'avais surtout peur de pas savoir quoi faire avec et que Fanny le dise à tout le monde. J'avais pas si peur du chum de 24 ans, ni de sa grosse graine. J'avais peur de me déshabiller devant Fanny. Elle était beaucoup trop belle.

Elle est encore belle. Je l'ai vu poser dans l'uniforme de sa fille, il lui fait bien. On dirait encore qu'elle a quatorze ans. Sauf que sa plus vieille a cet âge et que Fanny vient encore d'accoucher. Elle accouche, comme une chatte, de petites princesses délicieuses. Rien que des petites filles. Six ou sept, j'ai perdu le compte. Elles sont belles. Photogéniques comme leur mère. On les voit faire des câlin à leurs parents qui fument un joint et tiennent une bière de l'autre main. Elle pose enceinte avec sa cigarette et son verre de vin.

Elle s'en câlisse Fanny. Ses enfants, sont les plus beaux d'Hochelaga. Elles sont capables d'être bonnes à l'école, mais ne se forcent pas et ça la fait bien rire. Au moins sont capables, c'est ça l'important. Sont capables de se débrouiller. Sont capables de tout ces enfants-là. Elles ont reçu quelque chose qui manque à tant d'autres. L'ingrédient principal. J'ai jamais vu autant d'amour dans une maison. Autant de câlins, de je t'aime, entre les cris et les pleurs des bébés, les émissions de télé trop fortes des grands-parents et les jappements des chiens. Tout ce qu'on remarque dans cette maison à part la fumée, c'est l'amour. Fanny a aimé son gars de vingt-quatre ans jusqu'à ce qu'il se fasse tirer par les policiers pendant une poursuite à deux rues d'ici; à trente-cinq ans. Maintenant elle aime un gars de son âge qui aime ses enfants comme les siens et lui en fait de nouveaux pour ne pas qu'elle s'ennuie le jour pendant qu'il dort.

Fanny a la vie qu'elle voulait, elle fait de son mieux et réussi assez bien et si notre société reconnaissait le travail invisible des femmes, elle ne serait pas obligée d'être sur le bs.

T'es pas obligé de me répondre, mais ça m'intéresse

Quand t'avais douze ou treize ans, t'es-tu déjà masturbé en groupe, toi? Nous autres on faisait des concours.

vendredi 30 août 2013

Ce garçon trop gentil

Il m'écrit pour me dire qu'il vient de s'ouvrir une bière à la cannelle. Que la prochaine sera à la cannelle et au thé du labrador. Qu'il faut que j'y goûte.

On va brasser une bière spéciale, juste pour l'halloween.


jeudi 29 août 2013

Alice pleure

Ça tombe comme des mouches. On l'a appris hier, que t'es mort, toi aussi. Alors on a ajouté ton nom à côté de tous les autres morts de surdose, sur notre cercueil. T'as choisi la bonne journée, on commémorait ça, justement.

"J'ai appris ta mort
sur facebook
c'était froid"
- S.

J'ai passé une belle soirée

Il a dit que la poésie érotique, c'est pas nécessairement juste du cul, c'est pas hardcore. Je suis montée sur scène et j'ai dit que j'étais complètement, mais alors là complètement d'accord avec lui, mais pas cette fois. Et à un moment donné, je les ai vraiment sentis retenir leur souffle. Et quand j'ai eu fini, je les ai regardés et ils aimaient ça, quelqu'un a dit "il fait chaud!".

C'est comme quand quelqu'un que j'admire me fait un compliment, c'est arrivé cette fin de semaine, sur le coup, ça a l'air de me faire du bien, mais c'est de la drogue et c'est de la marde parce que j'en aurai jamais assez. J'en veux plus toujours plus et c'est peut-être pour ça que je suis allée me faire applaudir dans ce bar au-dessus de la maison de la presse ce soir. Ah je suis donc contente, j'étais donc bonne, le monde m'aime. C'est tu ça être une écrivaine? C'est pas ça pantoute. Écrivaine, je le suis depuis que j'ai six ans et c'est difficile. C'est être toute seule et s'arracher la tête devant son ordinateur. C'est se réveiller au milieu de la nuit. C'est l'urgence, c'est la résistance. Si un jour j'oublie ça, j'aime autant crever.


mercredi 28 août 2013

Constat de starlette

Tu sais que tu as un problème de gestion de tes priorités quand tu passes plus de temps à coller tes faux cils qu'à répéter ton texte.

mardi 27 août 2013

-J'ai la job que je veux depuis que j'ai douze ans. J'ai un bon salaire. Je suis où je me voyais.
-Je connais ce sentiment-là.
-J'ai fait ce que tu voulais.
-Je t'ai fortement encouragé à faire ce qui te ressemble et ce qui te rend heureux. Depuis que tu as douze ans je te dis que si tu t'impliques et que tu restes impliqué ils vont t'engager.
-T'as tout le temps raison.
-Surtout quand je me mêle pas de mes affaires.
-J'étais nerveux en tabarnak. Je m'étais préparé pour vrai. J'ai dit que j'ai tout fait dans c'te bâtisse-là. Si tu me donnes pas c'te job-là ça va être une autre. J'ai lavé les toilettes, j'ai chanté des tites chansons tout l'été, j'ai été technicien de son, DJ, organisateur d'événement, bénévole. Tu peux compter sur moi pour appliquer sur tous les postes que tu vas afficher, mais pour l'instant c'est lui que j'veux.  Pis là pendant l'entrevue, je lui ai dit, un jour tu vas prendre ta retraite, ça va prendre quelqu'un pour te remplacer, quelqu'un comme moi.
-T'as pas dit ça.
-Il a dit mon p'tit christ t'es ben capable!
-T'as dit ça pour vrai.
-Je vais travailler à l'école. L'école que j'ai lâchée. Je vais travailler avec des petits gars surtout pis moi je vais les empêcher de lâcher. En jouant au Hockey. Parce que la vie c'est comme une game d'Hockey. Tu vas voir, mes jeunes, ils vont être ben avec moi.
-T'as fait combien d'heures de bénévolat l'an dernier?
-Je sais pas mais j'ai reçu un prix parce que j'en ai fait beaucoup.
-Ouais, tu es bien mon petit frère.
-Je vais réussir comme toi.
-Mieux que moi. maman me l'a dit. Elle a été impressionnée par ton show. Elle a dit, Einstein est encore meilleur que toi, Cannelle. Il est bon avec le monde.
-M'man t'a dit ça!
-Elle te le dira jamais, elle me le dit à moi quand elle est fière de toi.
-Elle était sûrement soûle.
-Elle était soûle, mais c'est pas grave. Moi j'ai un truc. J'ai décidé que quand m'man est soûle pis qu'elle dit quelque chose que j'aime; c'est vrai. Si j'aime pas ça; c'est pas vrai! Essaie ça.
-T'es sérieuse là.
-Non. Mais j'ai pensé que pour quelqu'un comme toi qui écoutes des radios poubelles dans son char et qui lis juste le journal de Montréal et des biographies de golfeurs, ça pouvait marcher.
-Tu me fais chier. t'es jalouse.
-Bien au contraire, je suis fière. Tout ce que tu arrives à faire avec un si petit potentiel, y a de quoi être invité à prendre un train pour raconter ta vie à Josélito.
-Heille t'as-tu fini? Vous allez arrêter de me parler comme si J't'ais un estie de cave pis un bébé. J'ai une bonne job, je paye mon loyer pis mes comptes comme vous autres. J'ai pas de leçons à recevoir de vous autres.
-Qui ça vous?
-Tout le monde! Je vais travailler pour ceux qui m'ont sauvé quand j'ai lâché l'école. J'ai juste vingt-et-un ans pis je fais ce que je veux dans vie. Dans Masosh en plus!
-Touche pas aux tite-filles. Si tu savais quand j'avais seize ans tout ce que je faisais endurer aux stagiaires et aux techniciens en loisirs et aux animateurs de pastorale et aux directeurs et aussi aux techniciens en labo et parfois aux parents bénévoles et aux enseignants et même aux enseignantes. Oh si tu savais...
-T'es-tu conne toé. Tu me parlerais pas de même si j'étais une femme. Tu sais pas comment c'est dur de faire ma job, je peux même pas changer des couches.
-Je sais. M'excuse.
-Si une fille me regarde, je la sors de mon groupe.
-Tu vas lui briser le coeur.
-Ouais, la vie c't'une salope, bébé.
-Ouais t'es mon p'tit frère.
-Ouais.
-Ouais.
-Ouais.
-Ok bonne nuit.
-Je t'aime ma tite soeur.
-Câlisse que t'es téteux.
-Toi t'es comme m'man. Faut attendre tu sois soûle pour te dire qu'on t'aime.
-Soûle? Moi?
-Ben c'est ça. Personne a jamais le droit de t'aimer. Si tu prenais un coup peut-être qu'on aurait le droit.
-OK bye.
-...
-Heille Einstein!
-Quoooiiiii?
-Sais-tu de quoi tu peux être fier?
-De quoi?
-De rien produire pour c't'hostie de système de marde. Rien qui se consomme, se jette, se gaspille. Juste du bonheur.
-T'es endoctrinée ben raide.
-Marx pis moi on t'aime, ti-cul.
-Fuck you, un jour je vais l'avoir mon bloc appartements. Je passe Go je prends ma paye, je vais chez Mcdo avec mes nikes pis je vais penser à toi en mangeant mon quart de livre. En veux-tu?
-Non j'vas juste te piquer une couple de frites.


Si tu me dis que je suis belle, je vais répondre que c'est juste une belle robe. Pas moi.

Tu pourrais le répéter des centaines de fois, je ne crois jamais un homme quand il dit que je suis belle. Habituellement c'est pour m'emprunter de l'argent ou me poser une question complexe sur les impôts.

Mais j'aime l'entendre, c'est une drogue.

Tu as dit montre-moi ta main gauche et j'étais gênée, tu as dit ah oui, ça y est et j'ai dit ça fait longtemps, depuis toujours. Tu as fait semblant d'être content pour moi. Tu m'as demandé si ça allait bien. Mais que pourrais-tu faire de plus si je te disais non? J'ai dit que ça peut pas être toujours bien, pendant quinze ans. Tu as dit oui, je sais. Je suis devenue triste, j'ai peur que tu ne me dises plus jamais que je suis belle, ça ne sert plus à rien de porter une robe.

Il n'a pas ce problème, lui, depuis qu'il a perdu son alliance en ramassant les feuilles mortes. Il a l'air libre.

lundi 26 août 2013

Les enfants d'un siècle fou

Quand j'étais jeune, je regardais en boucle ce documentaire que j'avais enregistré aux beaux dimanches. Les enfants d'un siècle fou. Ça parlait du Québec, des années 70, de la révolution. Je l'ai regardé jusqu'à l'apprendre par coeur. Il y a un moment où Serge Fiori, triste, il dit que c'était comme une parade et qu'on aurait pu embarquer dedans, mais qu'on l'a regardé passer.

J'ai trouvé ça très très difficile à regarder Carré rouge sur fond noir.

Ce qu'il me reste de cette grève, un carré rouge tricoté et quelques souvenirs de toi qui marches sans me voir. Mais tu savais que j'étais là. Quelque part.
Est-ce que vous allez regarder le documentaire à télé-québec?
Est-ce qu'elle posera sa tête sur ton épaule?
Est-ce que tu arriveras à te sauver cette nuit?
Est-ce qu'on se rejoint devant l'école fermée?

dimanche 25 août 2013

Arrête de m'écrire

Bientôt je vais me mettre à te cruiser pis tu vas trouver que je fais pitié ou tu vas en profiter. Moi je vais te laisser faire si tu arrêtes pas de m'écrire.

Scarlett O'Hara au pique-nique des douze chênes

J'ai mon petit parasol et ma robe à pois, mais j'ai pas de soupirants.

samedi 24 août 2013

Ma mère m'a réveillée ce matin. Elle voulait que je lui donne quelque chose à faire. Elle m'a demandé si j'avais des produits nettoyants. De l'eau de javel. Je me suis dit, maman ne va pas bien, il y a quelqu'un qui lui a fait de la peine. Ou alors elle a déjà fini le lavage d'Einstein.

Il y a Johnny qui a débarqué et puis Mélodie et Le grand et mon petit frère Einstein au téléphone qui nous a raconté comme son show fut un succès pendant que maman nous servait des crêpes aux bleuets.

Après maman a fait la vaisselle. On lui a réexpliqué pourquoi c'est important pour nous de trier les matières recyclables et compostables et elle m'a raconté l'histoire d'un vieux salaud. Il trouve que maman travaille trop bien alors il a baissé son salaire. Elle en fait trop en moins de temps. Elle est trop parfaite.

-Pis il m'a dit "Quand votre bourgeois vous libérera, venez me voir, j'ai des petites affaires à vous faire faire."
-"Votre bourgeois?"
-C'est ça qu'il a dit.
-Je veux plus que tu ailles là, maman, il te parle comme à une domestique.
-Je sais.

Et pour se consoler de tout ça, ma maman, elle vient jouer à la domestique chez moi. C'est comme un devoir de mémoire. Nous avons travaillé très fort toutes les deux pour ne pas que je sois comme elle, mais elle n'en retire pas grand bénéfice. Que la satisfaction de savoir qu'elle a élevé une bourgeoise. Ma mère a toujours été au service de quelqu'un, mais ce qu'elle préfère, c'est être au service de ses enfants.

vendredi 23 août 2013

Je vais finir par lui demander si elle est pieds nus parce qu'elle est pauvre ou bien parce qu'un écoeurant lui enlève ses souliers avant de l'envoyer travailler. Ses vêtements sont trop grands. Elle est toute sale, sur les mains et le visage. Elle ne sourit jamais. Elle fait des crises et pleure et crie en pleine rue.

Elle est tellement belle. C'est ma voisine, je l'appelle Cendrillon.

Hier Mélodie est venue chez moi et on est sorti avec la voiture et son chum a klaxonné en voyant Cendrillon pour la niaiser parce que c'est le genre d'épais qui niaise les filles sur le trottoir. J'avais tellement honte. J'avais peur qu'elle me reconnaisse dans le char. Je ne veux pas qu'elle pense que je suis comme lui.

Lui il trouve ça drôle d'écoeurer une fille qui passe les jours à se faire pisser dessus, une fille qui n'a même pas de souliers dans les pieds; il trouve ça drôle. 

Podium

Mais à quoi est-ce que tu t'attendais? À une petite vie étriquée et un mari sans maîtresse? Tu mérites mieux que ça mon ange.
Des fois tu vas lire la définition de violence conjugale pis tu te reconnais.

C'est pas un sentiment agréable.

Y a une expo que je voudrais te montrer

On y va ensemble tout à l'heure si tu veux.

jeudi 22 août 2013

C'est décidé

Je pars refaire ma vie à Détroit.
J'ai rentré sous la pluie,
pieds nus,
mes souliers dans les mains.
J'étais toute trempée
et j'ai croisé des filles
jalouses
avec leur parapluie.
J'espérais tomber sur toi.
Que tu sois aussi
en train de marcher
dans la pluie.
Mais on sera toujours
en avance ou en retard sur
l'autre.
Jamais prêt en même temps.
Si tu sors marcher sous la pluie,
pense à moi.

Quelle est la plus douloureuse des blessures

Savoir que mon père est mort
et qu'il ne me prendra jamais dans ses bras
ou qu'il soit mort sans m'avoir jamais prise dans ses bras.

J'ai perdu quelque chose

Je ne sais plus comment être facile à aimer. Être gentille pour rien, sourire, rien dire. Je ne sais plus. Je sais juste crier, pleurer, me plaindre et haïr tous ceux qui ne comprennent pas ce qui m'enrage.

Comment je vais faire pour retrouver ça, Docteur?

mercredi 21 août 2013

mardi 20 août 2013

Tu me connais

Je te suce un peu,
le temps que tu finisses ta cigarette.
Mais c'est pas pour ça qu'on est là.
Tu me connais,
je veux que tu ailles
sous ma jupe.
Quand tu l'as demandé j'ai presque applaudi.
Je croise mes jambes autour de toi.
Ta langue va où il faut.
La pression est parfaite.
Tes doigts entrent, le geste est lent,
ininterrompu.
Jusqu'au fond.
Le soleil est fort,
je suis obligée de me fermer les yeux.
Tu pousses, tu touches.
Tu fais des demi-cercles avec tes doigts.
J'aime pas le bruit mouillé que ça fait.
Toi, tu aimes.
Tu aspires mes jus en sapant comme un gamin.
Je mouille encore,
je t'en mets partout.
Tu ressors ta main d'un coup sec
Je crie pour la première fois.
Le vide me fait mal.
Tu lèches tes doigts dégoulinants.
J'ai une sale crampe. Il faut que tu reviennes.
Il faut que tu rentres.
Je monte sur la barre de la clôture
en fer forgé.
Tu appuies sur ma tête et je sens
les barreaux durs et froids me meurtrir les tempes.
Tu viens dans le condom.
On l'enlève.
Tu me connais, faut que j'y goûte.
Je te suce, mais ça ne revient pas.
Tu me fais pencher et  tu rentres ton doigt
tout doucement.
Tu me dis de m'étendre sur le ventre.
J'appuie mon visage sur mes bras croisés.
Tu déboutonnes la robe dans mon dos.
Tu le lèches, mon dos.
Tu souffles, tu embrasses et mords.
Et tu me défonces avec
ta raquette de badminton.
Je comprends tout de suite ce que c'est.
La texture.
Le manche
octogonal.
Tu l'enfonces et me la laisses
au fond du ventre.
Tu me frappes les fesses.
Tu mordilles mon cou et mon dos.
Tu vérifies si la raquette est bien au fond.
Bien bien au fond.
Tu rebandes.
Tu t'assois sur mes jambes,
te glisses entre mes fesses et ramènes
mon jupon et ma robe sur mes fesses.
On ne voit pas nos sexes cachés
qui se cherchent.
Sous mon jupon.
Tu te branles entre mes fesses.
Et tu dessines avec tes doigts dans mon dos
pour me détendre.
Tu me connais,
je suis nerveuse comme
avec mon premier.
Tu prends tous mes cheveux
et les tires gentiment.

"J'vas te la mettre
dans l'cul.
Ah oui,
j'vas toute te la mettre
dans l'cul,
tu vas voir."

Je ne verrai rien.
Tu me connais,
je veux que tu prennes ton temps.
Bien te sentir.
Je sens que tu essaies d'entrer.
Tu la tiens à deux mains pour
ne pas qu'elle plie.
Tu dis que je suis faite petite.
Ça me fait mal.

"Aide-moi,
écartille-toi
un peu"

Je dis oui.
Toujours prête à rendre service,
moi.
Je ramène mes mains sous moi
sur mon cœur.
Je pose mon visage
sur l'herbe;
Les yeux clos.
Tu peux me faire tout ce que tu veux.
Mais tu me connais, je vais vouloir manger
quelque chose de sucré après.
Je te visualise
violacé
et
palpitant
entre mes fesses
toutes mouillées.
Ça y est maintenant.
J'expire, je suis calme,
tu charges.
Mon souffle coupe, puis reprend.
J'essaie de ne pas faire trop de bruit.
Tu bouges un peu, sans entrer au complet.
Je t'ordonne d'être gentil.
Tu me laisses le temps de m'habituer.
Je pense que tu as eu mal aussi.
Tu appuies encore sur ma tête
j'ai des petites roches qui me rentrent dans la joue.
Tu me connais, tu sais que j'aime quand tu parles.
Tout bas.
J'ai du mal à comprendre.
Il faut que je me concentre
sur ce que tu dis.

"Bouge pas,
tu l'as
presque
toute.
T'aimes ça?"

Je dis oui et je souris.
J'ai l'impression d'être bien prise au bout de ton bâton.
Je te tiens.
Je te serre.
J'appréhende le retrait.
Tu t'accroches à mes épaules et
tu t'éloignes.
J'anticipe le retour.
Tu reviens.
Tu passes une mains derrière toi
et tu joues avec la raquette.
Ça me rend folle.
Mes jambes gigotent.
Mon corps a des réactions
que je ne contrôle pas du tout.
Je crie et je ne reconnais pas ma voix.
Je ne suis plus moi.
Tu la ressors et encore le vide.
Le mal.
Grosse crampe.
Un fil de jus la suit.
Me chatouille en coulant.
Comme du sang.
Des fois je trouve que je mouille trop.
C'est une hémorragie.
Tu me connais, il faut me fourrer fort
pour que ça passe.
Tu y vas.
Je ne résiste pas.
Je t'encourage.
Tu me rassures.

"Hostie
y est bon
ton cul!"

Tu me connais, je veux
que tu viennes
en dedans.
Et que tu restes.
Tu me connais, je veux te sentir ramollir
en dedans de moi.
Je veux te sentir rapetisser jusqu'à ce que tu sortes.
Tu me connais, tu vas me serrer contre toi,
jusqu'à ce que ce soit moi qui veuille partir.

C'est pour ça qu'on passe l'après-midi
ensemble.
Tu me connais.


Mon père avait un petit manteau
gris
comme le tiens.

Ma mère appelait ça un manteau
de printemps.

lundi 19 août 2013

Clash

-Les enfants sont bien plus informés et articulés ailleurs. Chaque année j'ai des élèves qui font de l'anxiété à cause de l'environnement. Ils sont tellement conscientisés sur les changements climatiques, ils vivent de la culpabilité, de l'impuissance...
-Icitte les ti-culs, ils ont des vrais problèmes, comme les coupures du BS, la violence familiale, des retards de développements. Ils ont pas le temps de réfléchir et de se demander s'il y a un monde après la rue Viau. Sont en train de se préparer au pire depuis qu'ils sont nés. Tes ti-culs s'en font pour l'avenir. De mon côté au mieux pour avoir une vie tu espères être recruté par un groupe criminalisé ou l'armé. Icitte, ils se posent pas de questions sur leur avenir. C'est clair, on sait en venant au monde où on s'en va et on ne va pas bien loin. On ne s'inquiète pas de l'avenir, le présent est assez misérable pour ne pas vouloir y penser. L'environnement c'est une belle préoccupation de bourge, pour recycler faut consommer. J'irais pas jusqu'à dire que t'as moins de mérite quand tu travailles juste avec ceux qui ont toutes les chances de leur côté, mais...
-Je pourrais pas vivre ici. Je peux même pas me promener avec mon petit neveux. S'il ramasse une seringue...
-Je m'en contre-câlisse de ton petit neveux. Vous êtes combien à vous occuper de lui dans cette famille? Il manque de rien, il ne court aucun danger si tu lui tiens la main. Profites-en pour l'éduquer, on ne ramasse rien par terre. Excuse-moi de pas être touchée par ton histoire, mais je pense qu'il y a assez de monde qui veille sur cet enfant-là, toi tu ne penses pas deux secondes à l'être humain qui tenait la seringue. Est-ce qu'il ou elle va bien? Est-ce qu'il ou elle s'est débarrassé de cette seringue à la hâte parce que les cochons l'interpelaient? Est-ce qu'il ou elle sait où rapporter les seringues et en avoir des neuves? Est-ce que quelqu'un s'inquiète de savoir si il ou elle ramassera une seringue par terre pour la réutiliser? Il est fort probable que cette seringue fasse plus de mal à cette personne qu'à ton petit neveux qui prend des cours d'anglais à deux ans et demi. J'aimerais que tu me fasses un graphique ou me présentes un tableau clair avec les critères et les formules de pointages sur lesquels tu te bases pour déterminer la valeur des individus afin de décider s'ils ont droit à la même reconnaissances que tes amis et les membres de ta famille. J'aimerais beaucoup qu'on regarde ça ensemble. Qu'est-ce qu'il faut pour qu'un grand génie, un être aussi exceptionnel que toi, daigne nous enseigner comme à du monde normal? Quels sont le revenu per capita et le quotien intellectuel requis pour avoir le droit de jouïr de ta présence et de profiter du partage de tes connaissances?
-T'es vraiment une enragée. Ça donne rien de parler avec toi.


dimanche 18 août 2013

Je rentre au ghetto

Je me suis cachée dans un coin et j'ai fait attention que personne ne me voit. Je suis restée juste la première période. Je t'ai trouvé beau dans ton chandail bleu des Nordiques. J'avais peur qu'on me voit et qu'on t'en parle. J'avais pas d'affaire-là, même si t'as plus de blonde.

Je voudrais pas que tu aies honte de moi.

Ça m'aurait fait du bien de parler avec toi, je suis dans une sale crise. Je déteste tout le monde. Tu sais, mes amis savent pas qui c'est Noam Chomsky. Mes amis trouvent que la musique classique c'est plate et que la poésie c'est téteux et je ne suis qu'une féministe frustrée qui veut castrer tout le monde.

De loin, c'est vrai que c'est sexy.

Quand tu prenais des cours de piano, je prenais des coups. Pendant tous tes voyages, moi je restais entre la Tario et la Catherine. À cause de toi je suis encore la petite grosse à l'aréna complètement amoureuse du meilleur marqueur. Ne m'invite plus jamais à tes parties.

Je pleure en écoutant de l'opéra.

Ça t'impressionne tout ce que je sais, ce que je fais, vu qui je suis. C'est vrai que c'est de l'art, se fabriquer une vie au milieu d'un dépotoir. Tu me regardes, je pourrais presque penser que c'est de l'admiration, et tu dis wow! Quelle femme! Je sais que je suis rien qu'une bête de foire. Une anecdote.

As-tu un lecteur CD dans ta voiture?

J'ai envie de frencher sur cette chanson.


samedi 17 août 2013

J'admire ça

Celui qui voulait que je monte dans sa smart cette nuit pendant que je marchais sur Lafontaine en fumant mon joint, je sais pas trop quel service il voulait, mais moi dans une smart dans ce contexte-là, je veux dire tsé, faut aimer les défis.

Respect.

vendredi 16 août 2013

Liste de contacts favoris

À qui est-ce qu'une fille peut s'adresser
quand elle a envie d'être bien enculée?
J'ai si peu d'amis dignes de confiance.

Rendez-vous à minuit devant l'église.

jeudi 15 août 2013

Je me mens pour toi


J'ai enlevé tout mon linge
Je ne voulais pas que tu regardes.
J'ai caché mes défauts avec un drap.
Je rêvais que tu me découvres
en le soulevant doucement,
centimètre par centimètre.
Un bisou à la fois.
Et je ne sais plus dans les bras de qui me jeter.
Chaque fois j'imagine que c'est toi.
Les tiens sont restés fermés.
Tu me vois autrement.
J'aimerais être aussi sage et raisonnée.
Arrêter de me languir inutilement,
devant ta porte entrebâillée.
Dis-le que je ne suis
pas assez belle.
Repousse-moi, sois méchant.
Que je cesse de me raconter des histoires.
Tu sais, je me mens beaucoup
pour te garder dans ma vie.


mercredi 14 août 2013

Veux-tu jouer aux adultes avec moi?

On va faire comme les grandes personnes.
Amène-moi dans ta chambre.
Étends-moi sur ton lit.
Fais-moi l'amour tout doucement.

Il m'a oubliée

J'étais là, j'attendais avec ma robe et j'avais arrangé mes cheveux. Il avait dit qu'il arriverait un peu en retard, mais il n'est jamais venu. Alors j'ai passé l'heure du dîner à l'attendre, à sentir mon cœur bondir chaque fois qu'une voiture approchait et je n'ai pas mangé.

Des fois, quand je me sens de même, j'ai cette fausse impression que toute notre vie est comme ça.

Moi qui l'attends.
Moi qui ai faim.
Moi qui pleure dans la salle de bain de la job.
Moi qui vais faire comme si c'était pas grave.

Je devrais me ressaisir et arrêter de me faire de la peine juste parce qu'il m'a oubliée.

C'est normal d'oublier sa femme hein? Ça arrive, faut pas faire de drame avec ça.

Pourquoi est-ce si difficile d'apprendre à compter sur moi-même pour avoir ce que je veux?

Me suspendre
avec les fleurs mortes.
Sécher à l'envers.

mardi 13 août 2013

Les gens en voyage écrivent si bien, juste parce qu'ils sont heureux.

J'ai dit à personne que je t'appelais comme ça. Je ne parle pas trop de toi. Ça serait déplacé. J'ai reçu ta carte postale, comme tu es déjà ici, c'est moins magique. Bébé Baboune tu fais des fautes d'orthographe passibles de prison à vie, mais quand tu écris ... pour pas écrire je t'aime parce que j'aime pas ça et je peux pas répondre (j'ai rien à répondre); tu me fais sourire. Tu fais attention à moi. J'espère que je te ferai pas trop de peine. Tu vas faire la baboune, comme ça : ( et moi je vais te répondre un sourire comme ça :). J'aime tes grosses lettres carrés. Et toute cette retenue parce que tu crains qu'il te lise.

Catherine m'a envoyé cette carte postale de Paris. L'image lui faisait penser à moi. Ça me touche. Elle est partie écrire là-bas la chanceuse. Me demande ce que ça va donner à Olivette. Quelque chose de beau, c'est sûr. L'écriture tire un peu vers le haut. Elle se hisse. Sur la pointe des pieds pour tout voir. Ses lettres sont belles. Dessinées. Une écriture libre et heureuse.

L'écriture cursive n'est plus la même depuis que les religieuses ont déserté les écoles. Le moule rigide. Cette calligraphie unique de registre officiel. Toutes les femmes écrivaient de la même façon. Comme on le leur enseignait. Les hommes passaient des heures à pratiquer leur signature et les femmes prenaient le nom de leur mari.

Moi j'écris pas bien. Tous mes mots sont ordinaires et les lettres croches. Jamais les mêmes, comme si je ne savais pas qui je suis. Mon écriture est comme mes vêtements, comme mes cheveux, comme mon maquillage. C'est inégal, maladroit, laid, ça jure, ça grince, c'est pas harmonieux, ni propre. Au mieux c'est risible. Mais je travaille tellement fort pour arriver à ce triste résultat que personne n'osera me dire que c'est minable. Je devrais voyager.

lundi 12 août 2013

De la spontanéité

Pourquoi les magasins de costumes
sont tout le temps fermés
quand t'as envie de coucher
avec Batman?

Les cheveux des femmes

Nos cheveux, c'est comme notre vagin,
tout le monde pense avoir le droit
de nous dire quoi faire avec.

dimanche 11 août 2013

Je veux la tuer. Je la déteste tellement la salope. Je voudrais lui faire une hystérectomie à froid. Elle doit souffrir. Je veux la dévisager avec un exacto. Lui crever l'oeil avec un pique à brochette et le manger devant elle. Je lui fendrais le cul avec ma hache. Mais vu que je suis non violente, je vais juste coucher avec son chum.

jeudi 8 août 2013

Il faut que je me pratique parce que je suis laite, nulle, maladroite et je prends bien plus de mauvaises que de bonnes décisions quand j'ai le goût de baiser

-T'as l'air drôle.
-J'ai écrit à un poète hier...
-Bon, encore un poète.
-C'est pas ce que vous pensez.
-C'est quoi d'abord?
-Je voulais faire ma smatt, alors je lui ai dit que moi aussi j'écris de la poésie tsé et je voudrais bien participer au festival d'art érotique de Montréal. Il a dit OK, t'es inscrite.
-Ayoye!
-C'est donc ben cool.
-Ouin. Mais j'aime pas ça moi, les micros et les gens qui me regardent. J'ai pensé que Mymy pourrait y aller à ma place.
-Pas question.
-Pourquoi tu veux toujours être remplacée pour ces affaires-là?
-Parce que je suis laite, nulle, maladroite et je prends bien plus de mauvaises que de bonnes décisions quand j'ai le goût de baiser.
J'ai trouvé une fleur séchée dans mon vieux journal, j'avais passé la nuit sur la petite bute de l'espoir, là où y a le chapiteau du marché Maisonneuve aujourd'hui. C'est JP qui avait appelé ça la petite bute de l'espoir. Il ressemblait à Nelligan, il prenait beaucoup de drogue et me récitait des poèmes pour me distraire de mon ex qui était devenu gai. Je déprimais parce que personne voulait baiser avec moi et j'avais peur de mourir avant d'avoir publié mon livre.

Mon livre, il est juste à côté de Janette Bertrand chez Archambault, mais mon éditeur dit que ça lève pas...
J'ai peur du vide,
tu sais, il m'aspire.
J'ai peur du silence
comme dans les films sérieux.
J'ai peur de mourir,
y penses-tu, toi?

mercredi 7 août 2013

Méthode

Tu as des bons nerfs. Je sais que c'est pas facile, quand on a une formation comme la tienne, de travailler avec quelqu'un qui fait tout à l’œil. Je sentais que ça te fatiguait, mais si on avait pris un ruban, on n'aurait pas fait un aussi beau travail. Le ruban, il ressent rien lui. Moi j'ai besoin de toucher pour comprendre la matière et la transformer, tu vois. Imagine, si nous avions mesuré, ç'aurait été plus droit, mais bien moins amusant.

Mémère aussi, elle détestait ça. Quand je prenais le tissus et que je m'enroulais dedans et je coupais un peu n'importe comment et j'attachais ici, je cousais tout croche et camoufflais mes erreurs avec des plis et des boutons. Elle disait : "Tu seras jamais couturière, tu travailles mal."

-Hey, ça, ça m'en fait de la peine. Ne pas pouvoir devenir couturière, comme c'est triste. Tous mes rêves de manufacture sont anéantis. Mais qui te dis que je veux faire cette job de marde-là?
-C'est avec ma job de marde que je te nourris et t'habille.

mardi 6 août 2013

Maintenant que tu es là

Tu sais, je ne te demanderai jamais rien.
Mais si tu me prenais dans tes bras, je ne dirais pas non.

La première fois que tu m'embrasseras,
je vais baisser les yeux et attendre que tu me touches encore.

Tu sais, je ne le quitterai jamais,
Alors tu n'as pas à craindre que je m'attache à toi.

Si tu voulais on pourrait être libres, ensemble.
Marcher dans les rues le soir.
Parler de politique.
Manger une glace.
Se lire des poèmes.
Aller chez toi faire l'amour, si ça te tente
et je repartirai tout de suite après.
Je sais que tu aimes dormir tout seul.

As-tu vraiment une meilleure alternative que moi?

jeudi 1 août 2013

Tu dis que je suis comme Richard Martineau


Non seulement je le dis, mais je le pense. Les fruits et légumes bios, c'est rien que du luxe, c'est rien qu'un trip de riche. Tu manges bio pour démontrer que tu n'appartiens pas au peuple, comme tu envoies tes enfants à l'école privée. Encourager l'agriculture bio à petite échelle comme elle est faite en ce moment, c'est être élitiste, tout simplement. Tu penses peut-être que c'est une bonne affaire d'acheter des fruits et légumes bios américains plutôt que d'acheter local. Alors je sais pas comment tu peux arrimer ça, je comprends pas l'équation que tu fais, mais moi je ne peux pas me prétendre à gauche et manger bio. Ça voudrait dire que je serais pour le gaspillage de nourriture, puisque je préfère lever le nez sur des denrées encore bonnes à manger, mais non bios et payer plus cher pour un item bio auquel la plus grande partie de la population n'a même pas accès.

Les seuls fruits et légumes bios que je consomme sont ceux que je fais moi-même pousser. Parce qu'autrement, j'encouragerais une industrie comme les autres, élitiste et capitaliste dont le but n'est pas de protéger l'environnement mais bien de faire de l'argent en répondant à une demande qui ne vient certainement pas des classes inférieures, c'est pas très féministe tout ça. Considérant que les femmes gagnent encore beaucoup moins que les hommes, qui a les moyens de manger bio?

Pour le prix de trois de tes pommes j'en achète un gros sac que je peux partager avec ma famille, mes collègues et je peux même en donner à la fille qui quête au coin de ma rue. Mais je voudrais surtout pas t'empêcher de te faire du bien avec tes pommes bios pendant que mes amis crèvent dans la rue.

C'est quand même triste que les méfaits d'une pomme non bio dépassent maintenant ses bienfaits, mais c'est l'agriculture mondiale qu'il faut changer, pas juste créer un produit de luxe pour que les bourgeois restent en santé, tsé.

Toi aussi des fois, tu me fais penser à Martineau.