mardi 29 janvier 2013

Quand je serai grande

Des fois Mémère me frisait avec des guenilles pour que je ressemble encore plus à Shirley Temple. Papa criait. Christ, mom, lâche-la, elle sera jamais bonne comme Shirley Temple. Il avait raison. Mais je suis bonne pareil.


Spooky & Sue

Ça commence par Johnny Cash.
Ça continue avec la musique de la seconde guerre et de fil en aiguille tu tombes sur ce bijou.
Une chanson de cirque avec du linge de cirque. 
Pis tu te dis qu'il faudrait bien que tu te tricotes un chandail comme le sien.

Pour être à la mode.

dimanche 27 janvier 2013

Cendrillon

Pat Le chasseur a retrouvé mon soulier
dans son stationnement.
Je l'avais perdu pour vrai.
Échappé à vrai dire.

Mais je sais que j'ai pas perdu
ma boucle d'oreille chez toi.
Elle ne s'est pas détachée,
elle n'est pas tombée par terre.

C'est quand tu es passé derrière moi,
tu as relevé mes cheveux,
embrassé ma nuque et mon cou.
Tu m'a sucé l'oreille.

Je sais que tu l'as prise à ce moment-là.
Pour que je revienne.
Tu la trouves belle. C'est rien
qu'une cochonnerie fabriquée en Chine.

Cette nuit tu m'as fait un bleu.
Pour que je pense à toi cette semaine.


Porte-panier

Qu'est-ce que ça te donne de faire ça? Tu te sens bien? Ça te procure une sensation de pouvoir, c'est ça? Tu sais que ça marcherait pas de même si c'était moi le boss. Tu me verrais jamais faire chier quelqu'un parce qu'il fait des erreurs ou arrive en retard. Mais tu peux être sûre que je serais sévère en estie avec les stools comme toi.  Ça me dégoûte tellement, ton petit sourire satisfait quand quelqu'un n'est pas parfait. Pas à ton goût, à toi. Je me dis que t'as pas toujours été de même. Étais-tu de même dans rue? Quand t'étais sur le bs pis que tu travaillais en desous de la table dans un dépanneur, j'imagine que tu faisais moins chier le monde avec ta morale élastique. Dénonçais-tu tes pairs aux flics, comme tu les dénonces au boss aujourd'hui?

samedi 26 janvier 2013

L'histoire de ma vie

J'ai besoin d'une nouvelle job. Ce que je fais, ça vaut facilement cinq piastres de plus l'heure et tout le monde le sait.

Torture et masochisme # 8

C'est un feuilleton que Yves Corbeil voudrait jouer dedans.

 #1#2#3#4, #5#6, #7

Le soleil

Elle porte du rose et espère tomber sur un garçon gentil, pour une fois.   Il fait chaud et c'est la fête. Il est là. En train de parler à une fille trop belle. Personne ne l'a prévenue, elle se sent piégée. Qui l'a invité? Elle va se sauver, mais il la remarque, la salue, se précipite à sa rencontre.

-Tu as l'air bien.

Elle ne l'est pas.

-J'espère que t'es pas mal à l'aise.

Elle l'est.

Il lui apporte un verre et la monopolise pour la soirée. Elle cherche le héros dans le regard, le salaud dans les gestes, elle ne trouve rien.  Il est différent, comme le soleil. C'est dangereux.

Pour la première fois, elle aime sentir la langue de quelqu'un d'autre caressant la sienne. Il n'en a déjà plus envie; elle sent l'herbe et goûte le tabac.

#9

Au chalet

Pis là j'ai dit tabarnak t'es plus gros que d'habitude.
T'as dit non, c'est toi qui est plus serrée.
J'ai pas reconnu ta voix.
J'ai compris que je m'étais trompée de porte.
Que c'était pas toi.
Mais on était bien parti, j'ai pas rien dit.
Je le sais pas si ton frère s'en est rendu compte.

Tous les partis politiques ont la même idée

Ce sont vos voisines, vos soeurs, vos mères, vos cousines, vos filles. Leurs enfants vont à l'école avec les vôtres. Elles sont comme vous.

Ce sont vos voisins, vos frères, vos pères, vos cousins, vos fils. Leurs enfants vont à l'école avec les vôtres. Ce ne sont pas des criminels.

On veut que les filles sur la rue, soient des êtres misérables et malades. On veut que les hommes soient des êtres violents et dominants qui suivent leur pénis. Des prostituteurs, c'est dégueulasse comme terme. On refuse l'idée qu'une fille fasse ce choix-là. On ne peut admettre qu'une fille puisse en avoir envie. Pourtant toutes les femmes y ont pensé au moins une fois. Peu importe leur condition de vie et leur statut social. C'est une réflexion quasi obligatoire dans le développement d'une fille, comme l'orientation sexuelle ou encore se demander si elle veut des enfants. Nous sommes conditionnées à avoir honte de cet aspect de notre féminité. Forcées à croire que c'est induit par l'homme. Le méchant homme. Le sexe c'est sale, une fille c'est propre, les hommes aiment le sexe et les femmes le font par obligation. On en est encore là, on n'a pas bougé. Et on se prétend féministe.

Quand j'entends que des filles dépensent à mesure l'argent gagné, travaillent de longues heures dans des conditions difficiles, ont fait des dépressions, que certaines détestent leur travail et se sentent exploitées, je me dis que ça se peut, mais à ce compte-là, pas mal toutes les serveuses de casse-croûtes sur la Tario, vivent la même chose. Personne ne va déchirer sa brassière pour une serveuse, parce que c'est pas par elle que le technicien de Bell va se faire sucer entre deux installations. Et ça nous dérange que le technicien de Vidéotron se fasse sucer. Parce que c'est humiliant sucer un technicien d'Hydro-Québec, c'est ça? Alors on ne peut pas respecter une fille qui s'humilie en suçant le technicien de Gaz Métro. Si tu ne la respectes pas et moi non plus, pourquoi le col bleu la respecterait? Et c'est tant mieux parce que ce qu'on veut, c'est qu'elle "s'en sorte". Faut la détruire complètement avant de la reconstruire à notre image. La re-conditionner. 

Et si, collectivement, en tant que société, on choisissait de cesser de les exclure? Ne plus accepter que les filles sur la rue soient criminalisées, stigmatisées. Leur faire confiance pour identifier elles-mêmes leurs besoins et ne pas juger leurs choix. Leur permettre de payer des impôts. De se syndiquer. De se représenter, d'être consultées et considérées lorsque des décisions les concernant sont prises. 

Elles ont le droit de travailler. C'est un droit garanti par la charte. Trudeau aimait les putains.

Un passe-temps bizarre

Je lis les mémoires de maîtrise
des gens que je croise dans ma vie. 
Ça les surprend tout le temps.
Un fille m'a dit : 
T'es certaine? C'est assez complexe et c'est lourd.
Vas-tu comprendre? 
Toute la question des femmes amérindiennes et métis
qui épousent des non-amérindiens
avant le bill de 1867
J'lui ai dit : Toé, si tu lis juste
des affaires que tu comprends,
tu dois avoir une vie plate en sacrement.

vendredi 25 janvier 2013

Café Bedondaine

C'est une place d'artistes. Les comédiens du théâtre Denise Pelletier mangent là. Suzanna connaît ça le théâtre. C'est évident juste à la regarder. Il est toujours là-bas à parler de moi. Quand il est avec moi, il parle d'eux. Ils veulent une copie du cirque pour leur bibliothèque. Ils veulent que je lance mon bouquin chez eux. Suzanna dit qu'il a fait froid toute la semaine. Ça ne se fait pas trop ressentir parce qu'il y a tellement d'amour dans la place. Stéphanie est drôle et belle et gentille. Elle me parle d'une étudiante française qui concocte des cupcakes et des popcakes. C'est bon, tu devrais les essayer. On parle de Johnny Cash avec l'écrivain assis à l'autre table. Un jeune couple, encore plus beau que nous, entre. Alors comme ça, je peux me pointer dimanche pendant qu'ils enregistrent, juste parce que je suis avec lui. Je ne comprends pas très bien pourquoi.

Ce serait différent si j'étais un homme

Je me fais trop souvent flusher quand je révèle le nombre de mes partenaires sexuels...
Je suis assise toute seule. Toujours toute seule. Et je pleure à cause de toi. Tu as gâché ma journée et tu ne t'excuseras pas, tu ne t'excuseras jamais pour tout ce que tu as fait. Je l'ai accepté.

J'ai besoin d'une pause là, ok? S'il-te-plaît. Je suis vraiment à bout. Je te jure. Si on peut mourir de chagrin, tu devrais commencer à craindre pour ma vie.

jeudi 24 janvier 2013

Diatribe

J'ai de la misère à me concentrer. Quand tu m'engueules comme ça, je fonds en larmes, ma tension monte, mes mains tremblent et je veux mourir. J'en ai vu d'autres. Mais toi, tout ce que tu me fais prend des proportions énormes.

Tu es grotesque, méchant, violent. Ça ne changera pas.

Comme d'habitude à la fin, c'est moi qui s'excuse pour avoir la paix. Dans ce temps-là je me sens vraiment comme de la marde. Je suis certaine que tu le sais.

Parce que toi, je t'aime.

Je t'aime malgré tout. Malgré moi, surtout.

mardi 22 janvier 2013

Ongles papier journal

Une femme du monde sait qu'il faut toujours coordonner sa manucure avec sa lingerie. J'allais magasiner des pyjamas en flanelle et des tenues décentes pour apparaître devant mon prochain nouveau colocataire et je n'ai trouvé que des tenues légères, transparentes, courtes, en solde... Il n'aura qu'à regarder ailleurs si ça l'indispose, une petite grosse en dentelle qui mange ses céréales en lisant Calaferte.

Oui, c'est superficiel et inutile, mais ça me permet de me détendre une trentaine de minutes par semaine. Et tous mes amants aiment que je les touche avec mes ongles. Ils me demandent; est-ce que c'est toi qui fais ça? Oui, c'est moi. C'est spécial, comment t'as fait? J'ai mis une couche de blanc puis j'ai trempé du papier journal dans de l'alcool et j'ai appliqué sur mes ongles.

Il dit qu'il faut que je les fasse comme ça pour mon lancement. Mes ongles d'écrivaine, qu'il dit.


lundi 21 janvier 2013

C'est ce soir, à 21 heures à Télé-Québec

Il faut voir ce film pour comprendre que j'ai la plus belle job du monde. Je vends pas des produits financiers moi tabarnak.




vendredi 18 janvier 2013

Question comptable pour revenu Québec

Moi je dis que quand je fourre dans un hôtel à 50$ sur la rue St-Hubert, je peux déduire la facture de mes impôts parce que c'est une dépense de recherche et création.

Prouvez-moi que j'ai tort!

jeudi 17 janvier 2013

La reine

-Cannelle, c'est quoi l'hostie de trip du portrait de la reine?
-Quoi? Tu l'aimes pas?
-Qu'est-ce que tu fais avec une photo de la reine sur ton mur?
-Je l'adore. En plus c'est nos impôts qui ont payé ça.
-Hein?
-Pour le jubilé de la reine, notre premier-ministre a fait imprimer des photos de la famille royale et a décidé que chaque canadien pouvait avoir son portrait de la reine gratis s'il le souhaitait.
-Ayoye.
-J'ai appelé pis là le téléphoniste m'a demandé combien j'en voulais? J'ai demandé : Combien je peux en avoir? Il m'a dit cinq. Je vais t'en prendre cinq d'abord! Mais j'en ai reçu juste un.
-Mais pourquoi?
-Parce que j'ai payé pour avec mes impôts! Pis je l'aime. Tout le monde en parle de ma reine. Je pense que je vais mettre une photo du pape à côté.

mardi 15 janvier 2013

Pire

Il y a toujours pire. Aujourd'hui c'est pire qu'hier. Demain risque d'être pire qu'aujourd'hui. Même si aujourd'hui j'ai le sentiment que c'est pire que tout.

M'emprunter de l'argent pour te payer une pute.

Tu es de plus en plus créatif pour m'atteindre.

Quand tu vas rentrer, je vais être smooth, tu comprendras pas pourquoi. Je viens de m'envoyer une morphine.

lundi 14 janvier 2013

J'ai une vie excitante

J'étais dans la 125 quand j'ai reçu un courriel de l'illustrateur me demandant mon avis sur des images pour mon livre.

Ça n'en prend pas plus pour me combler de joie.

dimanche 13 janvier 2013

Ma grosse tête

J'ai la tête enflée.

Je parle beaucoup de moi. J'oblige les gens qui m'aiment à s'intéresser à mes projets pour qu'ils me disent combien je suis extraordinaire. Je leur montre mon film, Manifs. Je parle tout le temps du cirque. De comment j'ai hâte. De comment je veux qu'ils soient tous là. Je veux qu'on me regarde, qu'on m'approuve. Je tombe par hasard sur ma grosse face et j'en parle pendant des heures. J'ai complètement oublié cette entrevue-. Je suis bonne hein? Je m'aime même si j'avais la face gonflée parce qu'on n'avait pas encore trouvé les bons médicaments. C'était une bonne journée, il m'a embrassé et il m'a dit que j'étais parfaite. Quand il m'admire comme ça, je n'ai besoin de rien d'autre.

J'aime pas ça. J'aime pas être comme ça. Me trouver bonne et belle. C'est pas mon genre. J'aime pas vouloir que tous les hommes me regardent et me touchent. Qu'on me trouve intelligente.Qu'on me reconnaisse, qu'on m'aime.

J'aime pas, mais j'ai peur que ça s'arrête. Ça me distrait un peu. Je m'endors tous les soirs en me demandant comment il ira demain. Mieux ou pire? Est-ce que ce sera une bonne ou une mauvaise journée. Depuis un peu plus d'un an, ma semaine type ressemble à :

Lundi : J'ai tout gâché parce que j'ai dit une connerie sans trop réfléchir. Il est d'une sale humeur, je lui rappelle de prendre ses médicaments à l'heure, il m'envoie chier. Je fais mieux de me cacher dans mon bureau à travailler. Avec un peu de chance, je gagnerai de l'argent. Je décline toutes les invitations. Tout le monde croit que je suis préoccupée par mon travail et que je culpabilise parce que j'ai pris congé hier. Je me demande où il est, avec qui? Je sais que si je l'appelle, il va en profiter pour me faire de la peine.

Mardi : Il me regarde comme de la marde, je ne suis pas capable de le supporter. Je ne dois rien dire, rien faire. Il dit que ses amis sont tous des cons et qu'il ne veut plus rien savoir de personne. Il ne veut pas me voir. Je suis de trop chez moi. Je m'enferme dans mon bureau pour travailler. Quand je l'entends sortir, je suis soulagée. Puis j'ai peur, s'il ne me parle pas et qu'il ne parle pas à ses amis, ça veut dire qu'il est seul. Complètement seul. Je sais comment il se sent et je suis impuissante. J'ai peur qu'il soit trop saoul pour se protéger et qu'il me transmette une cochonnerie ou pire, qu'il mette une fille de dix-neuf ans enceinte.

Mercredi : Il est de plus en plus agressif, il publie des trucs décousus sur Facebook. J'aime mieux rester dans mon bureau, je ne veux pas le provoquer. Le soleil va revenir. J'ai juste à être un peu patiente. Ça revient tout le temps. Je sais que c'est improbable, mais j'ai quand même peur qu'il me frappe. Il fait pire. Il m'évissère avec ses mots bien aiguisés. Il me connaît mieux que n'importe qui. Il sait comment me faire mal et c'est la seule façon qu'il a trouvé de se sentir mieux.

Jeudi : Il m'engueule parce que je travaille trop, me dit qu'on n'a plus rien à se dire et sa vie est tellement nulle qu'il envisage de se ruer sur une police pour se faire tirer. Il dit que je serai mieux quand il sera mort. Je sais qu'il a raison et je m'en veux. Je pleure dans mon bureau et j'essaie de me concentrer sur mon travail pour ne pas devenir folle. Je découche.

Vendredi : Je lui en veux. J'en ai assez. Je ne mérite pas ça. Je mérite un homme bon et gentil qui plie lui-même son linge et me surprend en me faisant à déjeuner une fois de temps en temps. Un homme qui me remercie quand je cuisine pour lui (même quelque chose d'ordinaire) après avoir travaillé pendant dix heures. Un homme qui a envie de me sourire et de me prendre dans ses bras. Et j'essaie de me rassurer en discutant avec un ou deux garçons intelligents, seins, équilibrés, pour ne pas perdre toute confiance en l'humanité. Et j'écris le cirque pour me souvenir que les hommes, je les aime n'importe comment. Même fous. Fou, je l'aimerai même s'il doit le demeurer. Parce que j'aurais rendu fou n'importe quel homme. C'est ma faute. Je suis comme ça.

Samedi : Il m'aime. Il ne doute plus que je sois la femme de sa vie. Sa femme. Il s'en veut, il s'excuse, il regrette de ne pas me mériter. Il fait soleil. Je reconnais ses yeux. J'ai tellement peur de tout gâcher en disant ce qu'il ne faut pas. Je me tais. C'est un petit bonheur serré. Un petit bohneur effrayé et discret, tassé dans le fond de mon coeur brisé et je ne veux pas penser à quand il repartira. Je souris et je travaille la tête tranquille au lieu de profiter de ce qui passe. Travailler c'est maintenant tout ce que je sais faire. Pour oublier un peu que bientôt, il pleuvra.

Dimanche : Il appelle Léo pour se faire tatouer mon nom. Il parle des enfants que je ne peux pas avoir. Il s'en fout, tout est possible, j'ai épousé Superman. Nous sommes le couple le plus solide du monde. Nous ne nous quitterons plus jamais. Je prends congé. J'y crois pour vrai. Mais demain c'est déjà lundi.

Je peux être fière. J'ai appris que je peux survivre même quand la seule personne sur laquelle je compte n'est plus en mesure de me secourir. Je suis capable de marcher toute seule, de manger seule, de dormir seule. Je peux même m'occuper de lui toute seule et réussir deux ou trois trucs. Je suis une machine capable de tout faire.

Tout ça m'épuise. Ça me ferait du bien de t'impressionner en t'énumérant les cent plus grands hits d'Elvis dans l'ordre de ton choix ou en calculant 192 754 852.85 / 18 655.87 en moins de dix secondes sans crayon ni papier. Je veux défaire tes arguments contre l'indépendance de la Catalogne un a un en retirant tes vêtements. On peut juste fourrer quelques minutes dans ton char, si tu veux. Si t'es pressé, ça me convient. J'ai gravement besoin qu'un homme heureux me prenne dans ses bras et me dise que ma robe noire me fait des esties de belles boules.


Ça te tente-tu?

samedi 12 janvier 2013

Mes amis m'aident à guérir

Martin dit que son psy l'a traité de cas désespéré, à sa place je serais pas mal fier de dérouter mon psy. Pourquoi il arrêterait de déprimer d'abord? Peut-être que c'est là-dedans qu'il est bon. C'est de même qu'il s'épanouït. Je pense qu'il devrait écrire. Il est déprimé comme un écrivain. C'est dans ses yeux. Martin écrit, mais ne le sait pas encore.

Mélodie m'organise une fête et elle a réclamé la présence de Dick. Dick étant un phallus énorme qui se promène comme ça, dans la gang. Il est habillé comme un matelot et on lui a dessiné un air légèrement surpris. Il se cache un peu partout chez moi depuis un an. Du coup, parfois tu ouvres une armoire et tu tombes face à face avec Dick. Ça surprend et ça fait comme peur et tu refermes aussi vite. Ma mère l'adore, elle va s'ennuyer.

Sandra dit qu'elle a hâte de me voir et de m'entendre parler de sodomie avec Denis Lévesque.

Ma belle punkette de St-Hyacinthe, elle passe son temps à s'émerveiller. Elle a avoué comme ça en mangeant de la fondue qu'elle venait d'apprendre que les crevettes changent de couleur quand on les cuit.

-Je pensais qu'il y avait deux sortes de crevettes, les roses et les grises. Tsé moé dans rue depuis que j'ai quatorze ans, j'en ai pas mangé souvent des crevettes.

J'en doute pas, belle My. Je suis comme toi. Réaliser que je ne connais rien, ça me fait toujours triper.

Sam pense que je n'ai plus de coupes à vin parce que je les lance quand je ne suis pas satisfaite de mon travail et il est un peu jaloux de ma relation avec lui, car il écrit comme moi. Sam se sent injustement exclu d'une confrérerie imaginaire de briseux de verre. Des crises d'écrivain, qu'il dit.

Quand j'ai dit que je suis sur les antidépresseurs, Joanie s'est écriée : C'est digne d'une écrivaine!

Mélanie. J'aime pas rire d'elle parce qu'elle était dans une classe spéciale. Je l'aidais en lecture parce que j'avais toujours fini avant tout le monde. J'achetais des collants avec mon propre argent chez Rossy pour la récompenser. Mais quand elle écrit sur FB que c'est facile de rire d'elle et de plaindre son chum quand on apprend qu'elle suce pas mais on sait pas tout ok? Elle a eu une mauvaise expérience!

jeudi 10 janvier 2013

Si vous saviez ce que ça me fait

Vous me l'avez fait deux fois aujourd'hui. Vous ne vous connaissez même pas. C'est pas normal que mes deux jobs pensent de même. Des punks c'est pas supposé penser comme des politiciens. Alors c'est moi qui provoque ça. Ces commentaires qui me font si mal. J'attire ça.

Ça commence toujours de la même façon. C'est pour me faire plaisir. Mais ça donne des fourmis dans les jambes, j'ai tellement le goût de me sauver. J'aimerais défaire ce mécanisme-là. Pourquoi je veux me pousser et surtout comment je fais pour toujours en arriver là? À vous faire dire ce que je ne peux pas entendre

Parce que c'est ma faute. C'est à cause de ce que j'ai fait que vous m'avez fait mal comme ça. J'ai certainement fait quelque chose pour vous amener là.

Vous avez dit que je suis parfaite.

Il faut pas me dire ça.

Il faut pas me dire que je peux pas partir, non plus. 

Et je pense à ma troisième job, ma préférée. J'ouvre ce courriel de l'éditrice qui dit qu'on ne changera pas grand chose, je suis tellement bonne moi tsé.

Ça se peut pas. Ça doit être parce que je fais pitié qu'on me traite de même. On veut pas me faire de peine en me le disant en pleine face que je suis nulle. C'est pas normal.






lundi 7 janvier 2013

Tu as pensé à mon anniversaire

Tout le monde l'oublie et je m'en fous, pas toi.

J'ai tellement hâte de te raconter ma vie de malade mentale en mangeant des sushis.

Te parler de ses mains d'artiste. Écouter Les Dorothée avec toi.

Je veux que tu sois la première à voir mon film.

dimanche 6 janvier 2013

C'est quoi ton nom déjà?

Tu sais que je t'ai choisi.
C'est parce que tu es rare.
J'aime imaginer
que tu n'existes pas
quand je referme la porte.
Tu t'animes et tu joues juste pour moi.
Tu es ma boîte à musique.
Tu es ce que je cherchais.
Tes mains magiques et toutes sales.
Tes cheveux trop longs.
C'était toi que je voulais.
Je souhaitais que tu habites un deux pièces
et que tu te foutes de ce que t'as l'air.
Je les aime tes chaises dépareillées.
Chez toi il n'y a pas d'écran,
chez toi il n'y a pas grand chose.
Nous n'avons besoin que d'un lit.
Et encore,
on s'en passerait bien.
Juste nous deux.
Si peu de temps.
Et tu prends ton temps.
Et je me sens précieuse.
Et je n'ai rien à t'offrir.

En cours

Je m'arrête au milieu de n'importe quoi, je prends un feutre et j'ajoute des mots. Ça me détend.

vendredi 4 janvier 2013

C'est la fin des vacances

J'ai semé des gummy bears sur ton ventre
et partout dans la chambre, dans ton corridor, ton escalier,
sur la neige
pour retrouver mon chemin jusqu'entre tes cuisses,
si je reviens un jour ici.

Le pouvoir d'Antoine Gratton

Ti-cul vient toujours ici pour faire le plein de musique. Il me fait écouter ses affaires de jeunes et je l'oblige à souffrir Gainsbourg et Avec pas d'casque. Et je lui parle de la Patère Rose.

-Tu connais pas? C'était avec Fanny Bloom. Écoute ma préférée : Duet Tacet.
-Du piano...
-Oui, attends, tu dois pas avoir beaucoup d'Antoine Gratton dans ton Ipod toi.
-J'aime ça le piano.
-Ah ouin, je savais pas que tu aimais le piano à ce point-là, Ti-cul.
-Ben oui! Heille, t'as une belle grande maison.
-Ça ressemble à chez Papa ici.
-C'est pareil! Dans ton salon, y a de la place pour un piano.
-Oui, c'est drôle que tu parles de ça...
-On va te trouver un piano. Moi je vais t'en acheter un s'il faut.
-J'ai déjà tout arrangé, c'est pour ça que je trouve ça drôle.
-Je veux que t'aies un piano pis que tu joues. Comment ça, c'est arrangé?
-Comment j'ai arrangé le coup pour un piano, c'est une longue histoire...

***

Tout a commencé au party chez Mélodie, quand elle nous a présenté son nouveau chum, Pat le Chasseur. Un type bien sympathique qui vient d'ici, on n'a pas besoin de traduire ou de se retenir, il est comme nous autres. Je voulais le mettre à l'aise et lui expliquer à lui et ses amis comment Mélodie est extraordinaire. Alors j'ai raconté la légende de Mélo. Sa naissance mystérieuse, sa vie misérable, sa bonne humeur contagieuse. C'est pas vraiment une sorcière, c'est pas une fée non plus, tu sais jamais comment elle va faire, mais elle va faire ce que tu veux et va convaincre tout le monde d'embarquer. C'est pas un génie, d'abord, elle était nulle en math et t'es pas limité à trois voeux. Si tu veux une montgolfière, tu le demandes à Mélodie et si elle n'en trouve pas, elle t'en fabriquera une. Si tu t'es trompé et que finalement c'était un dirigeable que tu voulais, tu lui en demandes un. Moi, j'avais demandé un Cirque pour ma fête et j'ai eu une fête épique, je te jure. Connais-tu beaucoup de filles de mon âge qui ont eu la chance de voir leur biographie montée par une troupe de théâtre de marionnettes composée de ses meilleures amies. C'est une belle histoire qui ressemble à une comptine pour enfant, mais je sacrais tous les deux mots et j'envoyais du vin partout sur son plancher en faisant de grands gestes. Pat le Chasseur était très impressionné.

Trois jours plus tard, c'était la fin du monde, j'ai attendu que tout le monde soit un peu saoul pour formuler ma demande.

-Mélodie-i-i!
-Quoi Canne?
-Tu sais que je déteste tous les surnoms que tu me donnes?
-Oui!
-Si j'avais un piano, je pourrais cruiser Antoine Gratton.
-Pourquoi tu parles tout le temps d'Antoine Gratton.
-C'est parce qu'il a une étoile dans face.
-Non, c'est parce qu'il a un piano.
-Je me suis jamais vraiment remise d'avoir perdu mon piano.
-Comment on perd un piano, Cannelle? Tu l'a amené au parc pis tu l'as pas surveillé comme il faut?
-Il pesait presque une tonne en plus. Comment j'ai perdu mon piano, ça, c'est une longue histoire...

***

J'étais dans le salon et le mari me tenait la main. J'ai dit, j'ai ben peur de jamais revoir mon piano. Je n'oublierai jamais le son des cordes, quand ils l'ont reviré sur le côté pour l'embarquer dans leur camion, ces notes-là sont gravées dans ma mémoire. Je savais que je ne le reverrais jamais.

Tout a commencé quand il a fallu vider l'appartement de mon père. On était tous là, debout dans le salon à le regarder et à se demander, qu'est-ce qu'on va faire avec le tabarnak de piano. Mon piano. C'est dans le testament de mon père que ce piano-là, c'est le mien. Ça coûte pas loin de mille piastres pour le déplacer. J'habite un deuxième étage, ça prend une grue et il faut absolument démonter une partie du balcon. Est-ce que le plancher va tenir le coup? Je le sais pas, je connais pas ça. Je sais juste que c'est impossible.

Ma mère connaît quelqu'un, ma mère connaît tout le temps quelqu'un pour tout ce que tu veux. Le gars déménage des pianos. C'est un vieux chum d'enfance du Chat (le chum de ma mère avant qu'il meurt). Ce gars-là, il m'adore. Il me donne tout ce que je veux parce que je l'appelle papa. Ma mère déteste quand je fais ça. Il va nous le déménager, c'est sa job. Il va même le garder dans son entrepôt spécialisé là-dedans, gratis. Ça prendra le temps que ça prendra pour m'organiser, mon piano va être en sécurité en attendant. Tout est parfait.

Mais Le grand, que j'appelais Le gros dans ce temps-là, arrive chez nous le lendemain avec une face comme si notre père était mort une deuxième fois. Une face de soldat qui remplit une sale job.

-J'ai parlé avec un notaire qui a parlé à Grand-p'pa.

La dernière fois qu'il l'a envoyé chez nous avec cette face-là, c'était pour me dire que je méritais pas mon héritage, fait qu'on m'en donnerait juste la moitié. J'avais pas été voir mon père assez souvent à l'hôpital.  Qu'est-ce qu'il pouvait m'enlever de plus?

-Il veut pas que le piano reste plus qu'un an dans l'entrepôt.
-C'est pas de ses affaires!
-Ça a l'air que le piano a jamais été à Papa.
-Quoi?!
-Grand-papa a jamais légalement donné le piano à Papa, c'était un prêt.
-Mais c'est Papa qui savait jouer, c'était mon piano depuis tout le temps, tout le monde le sait! Qui veut mon piano?
-Sophie le voudrait. Elle sait jouer.
-C'est pas sérieux. Vous êtes en train de me faire ça pour vrai?
-Qu'est-ce que tu veux que je dise? C'est pas si grave, t'as encore une chance de l'avoir.
-Que je suis chanceuse. Et faut que je fasse quoi?
-Elle habite un deuxième étage, elle aussi. Vous avez toutes les deux, un an pour vous organiser. Grand-p'pa dit que celle qui va s'acheter une maison et s'installer, celle-là va gagner un piano.
-Ma vie est un soap Américain. Le gros, je rêve-tu ou ma vie est un estie de soap Américain?
-Il a écrit un contrat, il veut que tu le tapes, l'imprimes et le signes en trois copies.
-Tu trouves pas ça humiliant, toi? Qu'il me dépouille de même pis qu'il me prenne pour sa secrétaire en plus?
-Je sais pas quoi te dire.
-C'est sûr, tu dis jamais rien. Es-tu fier toi? Es-tu fier d'être coincé de même et de faire sa sale job. Tu expliqueras ça à Ti-cul. Tu lui diras comme tu viens de le faire là, que le piano de Papa est pas à nous autres. Ça c'est pire que tout ce que Papa a pu me faire. Ça me fait même l'apprécier, parce que je le sais qu'il haïssait son père autant que moi. Il nous a légué sa haine du père. C'est fantastique. Pis toi, je te plains, mais je me fâcherai même pas parce que c'est ça qu'il veut le tabarnak, que je me chicane avec mes frères.
-C'est vraiment ça qu'il veut.
-Il l'aura pas.
-Moi non plus, j'veux pas me chicaner avec toé.
-Roule un joint.
-J'en ai un de prêt, j'attendais de voir si tu me mettais à la porte pour l'allumer.
-C'est quand même moins pire que quand il a faillit te tuer en faisant sauter ton char pour empocher les assurances.
-Ouin, bon point.
-Mais c'est chien pareil.
-C'est clair.

***

-Fait que c'est ta cousine qui a ton piano.
-Non, elle n'est jamais allée le chercher. Elle ne l'a jamais vraiment voulu.
-Pourquoi tu es pas allée?
-Parce que ce n'était plus mon piano. Je ne veux pas de ce qui ne m'appartient pas.
-Wow.
-Sont toujours malades les histoires de famille à Cannelle.
-T'es vraiment pas si fuckée quand on prend ça en considération.
-Ça prend plein de bras. Mais je pense qu'on peut. avec des couvertures, des rampes, un camion. Et le concours de Mélodie!
-Moi!
-Hostie regardez-la, est en train de la convaincre.
-Il s'en trouve des gratuits. Ces mastodontes-là, plus personne n'en veut, ça pèse une tonne, c'est un casse-tête quand vient le temps de les déplacer. Mélodie, je veux un piano!
-Moi aussi je veux que tu aies ton piano. On va le faire ou je m'appelle pas Mélodie!
-Vous êtes folles, moi je déménage pas un piano avec vous autres!
-On le savait, Sandra. On t'en veut même pas.
-Oui, on t'aime pareil. Toi Sam?
-Ah ouin, si tout le monde y va, m'a y aller. Léo, viens-tu?
-Ben oui, Léo c't'une fée.
-Ouais, j't'une fée!
-Avec  plein de poils pis une méchante grosse graine.
-En plein mon style de fée ça!
-Ça t'arrive-tu de penser à d'autre chose qu'au cul Cannelle?
-Ben oui, là je pense à mon piano. J'ai tellement hâte de fourrer sur ce piano-là!
-Est-ce qu'Il va nous aider?
-Il, n'est pas en mesure de s'aider lui-même en ce moment, on lui cherche une thérapie couverte par nos assurances.
-Cool!
-Ça va lui faire du bien!
-À moi aussi...
-On va demander à Les dents.
-Pis à ta mère.
-Va chier!
-Pis toi, Pat le Chasseur, ça va être ton initiation!
-Ok!

***

-Ça fait que c'est comme ça, Ti-cul,  que je me suis arrangée pour avoir un piano!
-Je suis vraiment content.

Il est vraiment content, mon petit frère.

Prends-moi comme un joueur de hockey

Quand est-ce qu'on joue? Je suis prête!
Je veux voir ce que t'as dans le jack strap.
Ça m'excite tellement que tu me prennes pour une artiste.
Tiens, lis ça.
C'est pas de l'art ça, c'est du sexe.
J'ai marqué les pages où ça fourre.
J'aimerais ça que tu me montres l'impact de ton entraînement,
sur ton cardio,
ton endurance.
Es-tu fort? Fort comment?
Veux-tu me donner une fessée?
Juste ici,
je vais me pencher et appuyer mes coudes sur la table.
Je relève la robe et je la tiens au-dessus de mes fesses
pour que tu vois que je ne porte rien en dessous.
Pour que tu te dépêches à faire ce que tu as à faire.
Oui, je suis venue comme ça, en taxi.
Tellement cute d'avoir peur que j'aie froid.
Ça serait dommage que j'attrape une bronchite.
Réchauffe-moi!
Je te dis de venir me fourrer right fucking now!
Tu dis que tu aimes comment je parle.
Moi, ce que j'ai remarqué en premier,
c'est que tu sais accorder tes participes passés,
même si tu viens de l'ouest de la ville.
Je mouille toujours quand je lis de quoi
d'intelligent sans trop de fautes.
Johnny dit que l'instruction
c'est aussi important que le cul pis la boisson.
Tu es un gars intelligent et sans trop de fautes.
Mais tu devrais mettre du Downy sur tes chandails.
Tu m'excites trop avec ton t-shirt de Batman.
Le sais-tu, ce que ça me fait, Batman?
Sur toi en plus.
La plus part des héros ont d'abord été des criminels.
Je m'en sacre de ce que t'as fait.
Tu me plais assez pour que je te laisse me mettre
un doigt dans le cul,
mais pas deux, pousse pas ta luck.
J'peux t'en mettre aussi des doigts,
j'en ai dix.
Tu sais pourquoi je suis aussi vulgaire?
Parce que mes parents sont ben riches.
Ok, vas-y arrête de me faire parler.
Pogne-moi pis rentre.
Je suis plus capable, faut que je te sente
en dedans de moi.




jeudi 3 janvier 2013

C'est à cause de mon père

Et si j'aimais les hommes qui bandent mal.
Parce c'est valorisant de les faire jouir.

Quand mon père a arrêté de bander en me fourrant
il a dit que c'était de ma faute.
Je n'ai jamais voulu le croire.

hâte

Oui, j'ai hâte que tu rencontres une fille,
pour que mon coeur arrête de tirer
vers toi.

Je viens de prendre ton message

Tu étais saoule.
Ça va très mal.
N'importe quoi d'autre c'est cool.
Pcp, lsd, poudre, E, speed, tu gères bien ça.
Pas l'alcool. C'est génétique.
Tu me souhaites bonne année.
Tu veux me voir pour me la montrer.
Je l'ai vue en photo avec tes petits yeux d'innus.
J'ai peur de ta voix.
Celle que tu as quand tu veux te sauver de toi.
Et tu ne sais plus comment.
Ni vers qui te tourner.

La grande panique.
Je sais comment c'est arrivé, tu me l'as dit.
Pas besoin de mentir avec moi.
Tu buvais et tu frappais.
Je ne te juge pas, tu le sais.
Après deux semaines de galère,
saoule,
fourrée par des clients qui ne te paient même pas
parce que t'es trop partie pour t'obstiner.
Quand t'as eu fini de boire, sniffer et fumer ton chèque de bs
et tes cadeaux de Noël à la place de payer ton loyer,
tu as vu, ton bébé, dans son lit.
C'était le jour de mon anniversaire. Dans quatre jours.
Tu as habillé ton poupon et tu l'a remis
à une travailleuse sociale.
Et tu as arrêté de boire.
C'est un grand garçon aujourd'hui.
Tu ne l'as jamais revu.
Tu l'imagines heureux et normal, puisqu'il est loin de toi.

Tu n'étais pas certaine de le garder
avec toi.
Parce que l'avortement, dans ta culture, ça marche juste pas.
Tu peux pas briser le cycle de la vie, t'es faite de même.
Quand tu te fais avorter, ça prend trois ans t'en remettre.
Tu ne t'en remets jamais complètement.
Ça te fait tout plein de cicatrices, tu ne les comptes plus.
Tes enfants.
Tu voulais le donner, tu es une fille généreuse.
L'envoyer chez toi, loin au nord.
Puis un jour tu m'as demandé avec ton grand sourire,
le veux-tu?
Comme si c'était ton restant de dessert.
Et ma main sur ton ventre.
J'ai dit non merci.
Tu as insisté;
tu sais en tant que mère, je peux décider où va mon enfant.
Mais moi, je le sais comment c'est dur à gérer, un p'tit
qui souffre d'alcoolisme foetal et de manque de coke.
J'avais pas d'énergie.
Et lui veut un enfant parfait, à son image. Le sien.
Et ton grand salaud est revenu et vous êtes tombés amoureux du bébé.
Mais là, tu es fatiguée.

Alors j'ai peur de rappeler.
De t'inviter à prendre un café.
J'ai peur de tes larmes, de ton désespoir
et du sourire de ta fille.
Peur que tu me la mettes dans les bras et que tu te pousses.
Parce que c'est ça que je veux.