mardi 27 novembre 2012

J'ai une grande maison et pas un sou

À deux pas de l'épicerie, du métro, de l'autobus, de la Tario, de la Catherine, du CEGEP, de l'UQAM, des parcs, des écoles, des garderies, des piscines, des bibliothèques, du Château Dufresne, de la Place Valois, du Village des Valeurs, du MAGNIFIQUE STADE OLYMPIQUE, du marché Maisonneuve, des cafés, des restos et pubs branchés de Masoch, du centre-ville, des filles de joies. Tu peux trouver tout ce que tu veux autour, la barmaid du bar au coin vend des steaks épais de même, quatre pour vingt piastres.

J'habite au premier étage. La cour est grande. On s'habitue au bruit. Aux camions sur le boulevard. Aux pleurs de bébé-crécelle en haut. C'est la musique de la place. Le matin, quand je mange mes gaufres Eggo avec du sirop Habitant, il y a du soleil plein la fenêtre et on dirait le film Blanche Neige avec les écureuils et les petits moineaux dans l'arbre, si j'ignore le stationnement.

Je veux que tu sois un garçon. Parce que je préfère les garçons. En plus, c'est sûr que tu vas me voir toute nue. Tout le monde me voit toute nue un jour où l'autre. Ça arrive. Alors je préfère que tu sois un garçon. Faudrait que tu ne sois pas trop regardant sur le ménage. J'ai plein d'autres talents. Je cuisine... dans une cuisine équipée et sale. J'ai d'ailleurs un sérieux problème de fourmis. Faut pas être dédaigneux. Y a plein d'affaires à réparer ici, je dirais pas non à un coup de main, mais je suis capable de m'arranger. Il faut que tu sois fiable. Pas de bibittes, au propre comme au figuré. Quelqu'un de calme, qui ne crie pas. Quelqu'un d'honnête. C'est préférable d'aimer la musique toute la nuit et la fumée. J'ai beaucoup d'amis bizarres. Je jouis très fort, mais j'aime pas entendre les autres. J'aimerais que tu aies un chat ou un petit animal, enfant en garde partagée accepté. Il ne faut pas avoir peur des araignées. C'est pas un château icitte. C'est humide, pollué, il y a des champignons et des araignées. Je vis parmi des dizaines de Chiracanthium mildei qui n'hésitent pas à attaquer si je fais un geste brusque. J'ai capitulé devant leur supériorité numérique et leur agressivité; elles sont venimeuses. Si tu veux jouer au chevalier je te promets des cris stridents à t'en faire saigner du nez quand tu les écrases.

C'est pas mal ça. Je te laisse me pogner les fesses et me déshabiller un peu si tu ne pues pas trop de la gueule et on peut partager l'épicerie ou pas. J'oublie de faire ma vaisselle, mais je n'oublie jamais de payer le loyer.

En fait tu peux être ou faire ce que tu veux. J'ai juste besoin de 450$ pour la chambre du fond, ça comprends l'électricité et le Wifi. Sauf que j'analyse tous les packets transmis sur le réseau. Ça me divertit. Mais je ne te juge pas. J'ai une éthique quand même.

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