jeudi 4 octobre 2012

Ce que pensait le père de la bombe H à minuit moins cinq



S'il est une manifestation suprême des dangers auxquels les sociétés modernes doivent faire face, c'est bien la croissance du racisme, du nationalisme, du militarisme et, plus particulièrement, l'apparition de dictatures policières, d'une cruauté monstrueuse, fondées sur la démagogie et le règne de l'hypocrisie.


Ces phénomènes tragiques ont toujours eu pour origine la lutte de personnalités et de groupes égocentriques pour un pouvoir illimité, l'abolition des libertés intellectuelles et la propagation de mythes de masse intolérants et primitifs(...)


L'un de ces dangers n'est autre que l'abrutissement des hommes (la "masse anonyme", pour reprendre la formule cynique des sociologues bourgeois) par la culture de masse qui, de propos délibéré ou pour des raisons commerciales, avilit le niveau intellectuel de ses consommateurs, hisse l'amusement ou l'utilitarisme au rang de valeurs essentielles et se trouve soumise à une censure rigide.



L'enseignement nous fournit un exemple du même genre : un système d'éducation placé sous l'autorité directe du gouvernement, la séparation de l'Église et de l'État, la gratuité complète des études, autant de facteur du progrès social. Mais toute médaille a un revers. C'est en l'occurrence la standardisation de l'enseignement, appliquée au processus d'apprentissage des connaissance lui-même(...)


Un conformisme excessif est source de dangers graves, tout comme le fait d'entraver la liberté de discussion et l'essor intellectuel, plus particulièrement quand il s'agit de jeunes arrivant à l'âge où les convictions personnelles commencent à se former.


Je ne pense nullement qu'il faille laisser de côté ces méthodes nouvelles ou interdire les progrès de la science et de la technologie, mais il est nécessaire de prendre nettement conscience du terrible danger qui menace les valeurs fondamentales et le sens même de la vie humaine, danger que peut susciter un mauvais usage tant des procédés techniques et biochimiques que des méthodes de la psychologie des masses.


Le capitalisme comme le socialisme sont capables de développement à long terme en s'empruntant mutuellement des éléments positifs, et à condition de se rapprocher l'un de l'autre sur un certain nombre de problèmes essentiels.


Seules la compétition avec le système socialiste et les pressions de la classe ouvrière ont permis les progrès sociaux enregistrés au xxe siècle et, à plus forte raison encore, assureront le succès du  rapprochement, désormais inévitable, entre les deux systèmes.


Ce rapprochement exige qu'il soit procédé, dans les pays capitalistes à des réformes sociales de grande ampleur et à une transformation profonde de la structure de la propriété - un rôle plus grand étant attribué aux secteurs étatique et coopératif(...)


La liberté intellectuelle facilitera cette évolution, au cours de laquelle la patience et la souplesse finiront par remplacer, dans les relations entre nations, le dogmatisme, la peur, l'aventurisme. L'humanité entière, et notamment ses forces les mieux organisées et les plus dynamiques, la classe ouvrière et l'intelligentsia, aspirent à la liberté et à la sécurité.


La convergence des systèmes, sur la base du socialisme, réduira les différences de structure sociale, stimulera la liberté intellectuelle, le développement scientifique et économique, pour aboutir à la création d'un gouvernement mondial et à l'élimination des contradictions entre nations (1980-2000).


L'essor des expéditions spatiales, à ce moment, amènera des milliers d'hommes à vivre et à travailler en permanence sur la lune et sur certaines planètes, sur des satellites artificiels et sur des astéroïdes dont l'orbite aura été modifiée à l'aide d'explosions atomiques.

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