mardi 29 mai 2012

C'est flatteur

Trouver par hasard sur Facebook qu'on utilise une de mes images, ça fait ma journée.

L'utilisation de l'idiot

Lester tient des propos absurdes. C'est un vieux truc de s'adresser aux idiots en les rassurant sur leur intelligence. Tout le monde est cave sauf lui pis sa gang? Je ne crois pas qu'il y ait une seule personne qui frappe sur sa casserole sans savoir pourquoi. On aime penser que les jeunes et les enfants sont des imbéciles, incapables de réfléchir, ça c'est les infantiliser. Le paternalisme de nos gouvernement et de nos médias, on en a plein le cul, tous autant que nous sommes. La hausse et la loi 78 sont les principaux sujets de conversation partout, même dans les cours d'école. Exercer un jugement critique est heureusement une compétence transversale. Les enfants qui frappent sur les casseroles savent ce qu'est la démocratie et la liberté d'expression, mieux que bien des adultes.

L'avenir du Québec francophone ne passe plus par le Bloc ou le parti Québécois et c'est ce qui dérange les vieilles fripouilles journaleuses et polémistes, complètement dépassées par l'originalité et la nouveauté des moyens utilisés pour se reconnaître et défendre notre culture. Dénigrer et vilipender ce qui nous échappe, n'est toutefois pas un signe d'intelligence. Les ampoules aux doigts et aux pieds, c'est moins confortable que de lire le journal de Montréal en mangeant ses deux œufs bacon. Ceux qui s'enferment ne comprennent pas le mouvement, ils sont trop occupés à le discréditer et à l'insulter car les arguments valables manquent. Évidemment que l'action dérange les inactifs et les insatisfaits dociles devant leur écran. Rester sur son balcon avec une grosse bière et commenter la parade, ça, c'est un peuple de suiveux. Acquiescer et applaudir les inepties de Lester, ce n'est pas réfléchir. Le nouveau peuple se lève et avance, avec des gens de tous les âges dans ses rangs. Notre société change et l'intelligence collective prend la place des petits dictateurs à bedaine qui régissent la pensée. Si Charest passe, c'est parce qu'on n'a pas un système électoral proportionnel, parce qu'il aura encore acheté ses élections, parce que notre système est corrompu.

Lester parle de démographie en omettant volontairement de parler du taux de natalité qui augmente depuis quelques années, plus d'enfants = plus de parents préoccupés et concernés par l'avenir de ces enfants. Il ne parle pas des groupes féministes, des groupes anticapitalistes, des groupes écologiques, de la grève sociale, des artistes, des intellectuels; il parle des vieux en marchette, parce qu'il s'y reconnaît probablement.

Lors des prochaines élections, les Québécois auront le choix de voter pour des vieux partis confortablement installés dans cette culture politique injuste ou de se prononcer pour le peuple, contre une élite ingrate et malhonnête. Pour ceux qui marchent à leur côté. Ça me rappelle l'arrière-grand-mère d'une amie qui refuse de faire baptiser son bébé, la bonne-femme reste plantée là, bras ballants sans comprendre ce qui se passe. "Mais qu'est-ce qu'elle va devenir ta fille sans être baptisée?" Qu'est-ce qu'on va faire sans le parti Québécois pour nous faire croire qu'il nous défend pendant qu'il se graisse la patte comme les autres? Normand Lester, arrête de commenter n'importe quoi, observe et apprend.

lundi 28 mai 2012

Dans mon coeur

-Hey Punk, on va voir Gogol Bordello ce soir?
-J'ai pas d'argent pis j'pas une punk.
-Ben oui t'es une punk.
-Non, j'ai même pas de bottes.
-T'es une punk pareil.
-J'ai même pas de tatouages.
-Pas rapport.
-J'aime pas les étiquettes.
-C'est en plein ce que je dis, t'es une punk dans ton coeur.

dimanche 27 mai 2012

Morphine

Moi je comprends Michael Jackson.

Je comprends Édith Piaf.

J'ai un kit prêt dans mon tiroir de bas à côté du vibrateur.

Je pourrais faire fondre mes pilules, ça serait meilleur.

C'est pas prudent de garder seringue et stericup en souvenir de toi.



jeudi 24 mai 2012

Décapitonner

Quand ils m'ont mise dans la pièce capitonnée, j'ai sorti le couteau que j'avais caché dans mes cheveux pis je l'ai planté partout. Un trou à chaque pouce. J'ai dû poignarder ce mur-là une dizaine de milliers de fois. Après j'ai commencé à découper, à tirer sur le cuir avec mes mains, avec mes dents. Ça me faisait du bien. En dedans, c'était plein de mousse, de la mousse synthétique qui pique sur la peau. Il y en avait partout. J'en avais dans les yeux, dans la bouche. J'ai caché mon couteau et je les ai appelés.

-Youhou! Vous devriez venir voir ce que j'ai fait.
-Ah ben la p'tite christ! Comment a fait ça?
-Emmène-la icitte.

Il m'ont fouillée n'importe comment, c'était des bébés screws sans expérience, pris pour travailler un jour férié. Ils m'ont emmenée dans une autre pièce capitonnée, exactement comme la première.

Ça fait que j'ai ressorti mon couteau, j'ai commencé à le planter partout, j'ai coupé, j'ai déchiré, j'avais la gueule pleine de fibre, c'était dur de respirer. Je les ai appelés.

-Encore!
-Veux-tu ben me dire comment elle a fait?
-Où c'est qu'on va la mettre à c't'heure?
-T'es contente là? T'as défait nos deux chambres d'isolement.

Certain que j'étais contente.

Oui, mais moi je veux y aller

-Léo, viens me chercher, je vais m'appuyer sur toi, on fera juste le tour du bloc.
-T'as besoin de te reposer.
-J'pas capable.
-Je vais venir, mais on reste sur ton balcon.
-Mais quand ils vont passer ça va me donner de l'énergie, je vais être capable de marcher, tu vas voir.
-Prends un break la grande. T'as le droit.


Elle se pète la gueule en manifestant

Mon genou saigne et j'ai mal partout, mais t'as rien vu Charest. J't'encore capable de frapper sur mes chaudrons. Masoch est en christ, Rosemont est en christ, Villeray, Verdun, partout on prend la rue. Viens donc essayer de nous enlever nos casseroles! Ta loi spéciale, on s'en câlisse.
 

mercredi 23 mai 2012

Rozon pis sa marde

Le gars défend l'indéfendable, la loi 78. Une loi antidémocratique et fasciste. Une loi qui sera invalidée prochainement. Rozon est au dessus de ça. Le gars pense que subventionner son estie de Festival juste pour rire, c'est un investissement et il n'en a jamais assez, il nous traite de caves de pas lui en donner plus. Ça fait rouler l'économie. La belle excuse. Vous connaissez peut-être l'expression, nourris Rozon il viendra chier sur tes rejetons. Quand ça va faire rouler l'économie de manger des bébés, il va s'ouvrir un restaurant pour nous montrer comment les apprêter. Alors que l'éducation c'est une dépense c'est ça? On ne serait finalement que des consommateurs de sous-culture. Le divertissement et l'économie avant le savoir. On va s'en souvenir Rozon. Regarde bien tes galas, ça va être beau, les fumigènes pis l'antiémeute pour deux ou trois jokes de pets bien senties. Le monde va y retourner c'est certain.

On va gagner, on va gagner

Je te le dis, on va gagner. J'ai compris ça quand je me suis arrêtée une petite demie heure en haut de la côte Berri pour voir le monde passer. Le sentiment qu'on l'a, on l'a presque. On va l'avoir. Parce que nous autres on est dehors, nous autres on est dans l'action. C'est sûr que ça dérange le monde devant sa tv. Mais quand on est sorti à huit heures pour frapper de toutes nos forces sur nos chaudrons pendant un quart d'heure. Tu l'as senti toi aussi. On va gagner pis on va écrire l'histoire. Notre histoire.

Ce texte là finirait bien si je n'étais pas bonne qu'à faire des bébés morts. Aujourd'hui, j'aurais fait un enfant avec toi.

dimanche 20 mai 2012

Salon du livre anarchiste

J'ai acheté ce petit livre adorable à Kate Lavut.

J'ai aussi participé à un atelier donné par Frank Poule qui s'intitulait : Écrire et écrier sa révolte. Nous avons composé ce refrain en quelques minutes sur l'air d'Amazing grace.

La guerre des classes maintenant résonne
The monster shows its teeth
Malgré l'état on marche icitte
And we keep smiling on

Désobéissons


vendredi 18 mai 2012

Un moment d'une rare poésie

Je suis sortie du bus en courant, je savais que j'allais vivre un instant de grâce. Comme si l'espoir existait encore. Pat découpait des lettres en papier blanc et expliquait au petit Damien qu'il faut toujours faire les coins ronds pour ne pas risquer qu'on nous prenne au sérieux. Charest, décôlisse!!

Je tomberais amoureuse si j'avais pas le cœur en marmelade, pour faire changement. J'ai donc hâte qu'on me jette pas au bout d'un mois. Je me sens tellement nulle et laide et inutile, je suis tout ça.

Je me reconnais. Je pleure mon pays en lisant Yves Préfontaine.

" QUI CONSTRUIT LE SILENCE SUR L'OSSUAIRE DES PEUPLES?

Mais tant que tu marche toi par des allées où l'agonie des érables t'enseigne le sang de vivre
Tant que tu nages par ces monceaux là-bas de tombeaux aux bras d'accueil ouverts comme des femmes
Tant que brasille ta parole à perte de lèvres et de saisons bleuissantes pour la maturation des poings
Tant que convié à l'espace pour mieux naître à celui des hommes tu défriches partout ces brousses de poitrines et nommes à chacun la voie de ses veines
 Tant que tu marches"

mercredi 16 mai 2012

Il veut la guerre

Il va l'avoir le tabarnak.

J'avais un slogan imprimé dans le dos aujourd'hui

Des couleurs que je suis fière de porter.

J'ai un travail extraordinaire avec des collègues remarquables. Aujourd'hui, j'ai revu ma vieille gang, ils me manquent. Si je pouvais tout faire, être partout en même temps...

Rouge partout demain.

Le salon du livre anarchiste en fin de semaine.

mardi 15 mai 2012

Bobby Mcgee

Ce qui est bien là-bas, c'est qu'on peut manger de la soupe en lisant, boire un café ou juste jaser avec le libraire. Ça commence avec un commentaire sur Alain Dubuc et on finit par parler de la guerre des Malouines pendant un heure. Et puis je mets la main sur Yves Préfontaine. C'est une belle journée.

Moi je fais du bixi

Selon Mémère, montrer ses totons pis son cul y a rien là. Mais elle aimait pas qu'on le fasse pour rien. Enfourcher le bixi avec mes vieux seins qui ballottent et ma jupe trop courte par dessus des leggings transparents, elle aurait pas approuvé. Aurait fallu que ça paye. L'endorphine va m'empêcher de tuer tout le monde pendant mon sevrage.

C'est payant ça.

Ça se passe ben vite

Tu m'accroches,
je l'échappe.
Je voudrais me pencher
pour le reprendre.
Je n'ai pas le temps
un camion roule dessus.
Mon coeur
éclate en pleine rue.
Le sang gicle
sur mon visage,
coule sur la chaussée,
tache tes mains.
Personne ne s'arrête.
Surtout pas toi.

lundi 14 mai 2012

Alain Dubuc qui vomit sur la jeunesse à matin

C'est tellement effrayant que j'ai trouvé ça drôle, des chiffres. On devrait éliminer les jeunes. Commençons par les arrêter et les mettre dans des camps de travail. Qu'ils se rendent utiles! On n'a pas les moyens de leur payer des études à rien faire et puis, ils ne sont pas en mesure de réfléchir ces jeunes, ils sont impulsifs et prennent des risques. De véritables parasites. Qu'ils nous laissent penser à leur place. On est si bien placés. Vous imaginez les économies si on se débarrasse de ces fauteurs de troubles? Alors de deux choses l'une : Si tu as moins de 21 ans travaille ou bedon tu mérites de te faire exploser la gueule en sang par une grosse police.

dimanche 13 mai 2012

Bonne fête

-J'allume les chandelles là, fermez la porte.
-Si vous vous mettez à chanter, moi je décâlisse.
-Tu veux pas qu'on te chante Bonne fête des mères Le grand?
-Hummm, des petits gâteaux.
-Touche pas aux petits gâteaux Ti-cul.
-Pourquoi je peux pas y toucher?
-Parce qu'on te l'a demandé.
-Surveillez-le il va manger tous les petits gâteaux.
-Vous me faites chier avec vos christs de chandelles.
-Ça nous fait plaisir à nous aussi.
-Attendez, je vais chercher ma caméra.
-Vous me faites chier avec vos hosties de photos.
-Vite les chandelles s'éteignent.
-Je vais les rallumer.
-Ça sert à rien, je vais souffler dessus pareil.
-Fuck, regarde ça, mon lighter a fondu.
-T'aurais dû en allumer une pis allumer les autres avec la première.
-Sont où M'man tes calvaires de cendriers? On dirait que tu fais toute pour qu'on mette de la cendre sur ton plancher.
-Bon ok, sont toutes allumées.
-Pffffffffffffffffffffffff.
-Ah, t'aurais pu attendre que je prenne une photo.
-T'avais juste à te dépêcher.
-Tu fais de la peine à Maman.
-Ben non est correcte.
-Regardez! Regardez le petit tabarnak, il a profité de la diversion pour se prendre un petit gâteau pareil!
-Arrêtez de me parler comme un bébé, j'ai vingt ans.
-T'as pas vingt ans pantoute, t'en as dix-neuf Ti-cul!

Ça fait qu'on a sacré notre camp en laissant la vaisselle sale à ma mère. Elle aime ça.

Mémère disait qu'on s'habitue à toute

C'est ça que la bonne femme disait, avec sa grande expérience de la vie. On s'habitue à toute. Elle était habituée à un monde d'hommes, avec le bon Dieu au dessus, les femmes à genoux. Elle a fini par s'habituer à voter, même si au début, ce n'était pas naturel pour elle. C'était l'idée d'une minorité, le droit de vote des femmes.

Elle disait que c'est mieux d'aller à l'école, même si on s'habitue à travailler à la manufacture. Elle disait qu'avec un peu de poudre, on s'habitue à danser en se frottant la plote sur un poteau de métal, mais c'est mieux de ne pas commencer ça. On peut même survivre à ses enfants, on les enterre avec ses parents et la vie continue.Tout est possible. L'être humain est capable de grandes choses quand il est bien conditionné.

N'oubliez pas mes petits enfants que dans la partie de Monopoly de la vie, on change pas les règles à moins d'être la banque, y en a pas de jackpot pour les pions comme nous autres, y en a pas de stationnement gratis, y en a pas de taxe de luxe. Habituez-vous donc tout de suite.

On s'habitue à travailler à la mine comme à n'importe quoi. Quand Osisko décide d'agrandir et que ta maison n'a plus d'affaire là, tu les regardes déménager ton village, tu vas t'y faire avec le temps.La compagnie Nationale d'électricité nous vole trois mille milliards pour les donner à Pétrolia, achète l'électricité non utilisée pendant le lockout de RTA, construit des méga barrages pour les américains, ça en fait des zéros ça, mais on est habitués.

On n'a pas le choix de sucer les graines sales des compagnies qui nous enculent, c'est une tradition. On subventionne, on baisse les impôts pis on ramasse quand ils décâlissent.



Y en a des places dans le monde où les gens vivent bien avec ça, la violence, les attentats, le pouvoir corrompu. Tous les jours.


samedi 12 mai 2012

Interdite

Juste un verre.
Toute seule, un vendredi soir.
Je t'en prie.

Je ne me déshabille jamais.
Menteuse.
Ok, c'est vrai,
je suis tout le temps toute nue.
Il suffit de me sourire et
je me ramasse les tripes à l'air.
J'envoye du sang partout.
Mais c'est rien que des mots
c'est rien qu'un débit.
Je serre les cuisses, tu sais.
Et personne ne me regarde
Non personne ne me voit, moi.
Sinon pour rire, c'est drôle.
Peut-être qu'à trois heures,
je pourrais
attraper un désespéré,
un vieux cyclope,
pâle et désorganisé,
malodorant et volontaire.
Pas à minuit voyons.

C'est injuste d'être punie,
quand c'est toi l'infidèle.

vendredi 11 mai 2012

Journée pédagogique


-C'est quoi le pansement sur ton bras?
-Hier j'ai eu mon vaccin de VPH.
-Sais-tu c'est quoi le VPH?
-Je l'ai demandé, Madame Paulin m'a dit que c'est pour avant d'avoir des bébés.
-Quoi? Ma pauvre pitchounette d'amour... Es-tu en train de me dire que tes parents et ceux qui t'enseignent réduisent ta sexualité et tout ce qui l'entoure à la reproduction? Qu'ils ne parlent avec toi que de "quand tu feras des bébés" et qu'ils utilisent cette excuse (que tu ne sois pas pubère) pour repousser le moment où ils devront répondre à tes questions? Pourquoi crois-tu qu'il le font?
- Parce qu'ils sont gênés...
-Ben moi je suis pas gênée. Qu'est-ce que tu veux savoir?
-C'est quoi dans la tomate?
-De la saucisse italienne, des olives noires hachées, un oignon, de la chapelure de pain aux pacanes, canneberges et érable de chez arhoma et un peu de vinaigre balsamique et d'huile d'olive.
C'est une belle journée pour commencer un sevrage.

jeudi 10 mai 2012

Une chance qu'il y a les petite culottes

Je la tenais avec mes deux mains. Je la tenais serrée, je ne voulais pas l'échapper. J'avais assez peur de la perdre. Pendant qu'il me violait moi je serrais ma culotte bien fort. Quand il a fini, il s'est en allé. J'ai remis ma petite culotte pis c'est comme s'il ne s'était jamais rien passé. Je n'y ai pas repensé pendant un méchant bout.

Souveraineté du vide

Écrire, seulement. Ne rien changer.Laisser s'accumuler la colère, le désespoir. Continuer.

Lecture sans fond, sans fin. Lecture immobile. L'histoire n'avance pas. Il n'y a pas d'hisoitre.
Tout part de cet homme dans la fin de sa vie, dans la fermeture de sa chambre qui ne fait qu'une avec la chambre immatérielle de l'écriture.

Le bruit que font les livres ouvrerts sur cette table : Ils marmonnent.

...la lecture comme ces chants inventent quelque chose de notre âme.

Écrite pour personne. L'histoire de personne. Cela commencerait n'importe où, n'importe comment.

La fraîcheur mortelle d'un désespoir. On ne sait plus rien.

Je ne sais rien de ce que je fais. Je le fais, c'est tout.

Écrire, sur des feuilles blanches ou grises, sur des écorces, sur des pierres. Sur les pierres de taille de la nuit. Je pense aux animaux fossiles qui sont dedans la terre, à ces cerfs fossiles que parfois l'on exhume, à cette empreinte minutieuse de leurs os dans les pierres. Pris dans le mouvement où la mort les a chevauchés. Ils courent depuis des siècles... Depuis des siècles. Immobiles. Ce serait là une assez juste image de l'écriture.

Juste ça.

 -Christan Bobin

mercredi 9 mai 2012

Je suis restée à la maison

Avec ce mal de tête,
je n'arrive pas à travailler.
Je suis malade pour vrai.
Je pense à mon père
que j'ai tué.
Si tu ne veux pas que je passe
l'après-midi en larmes.
Tu devrais venir me mettre
pendant ton heure de dîner.

Dépêche-toi de me secouer.
Je lui parle.
Tu sais,
parler aux morts on fait ça
quand on est fou.
Il est peut-être déjà trop tard.

On pensait que tu me connaissais.
J'ai encore de quoi à te montrer.
Ferme tes yeux.

J'ai besoin que tu me fasses
plein d'affaires.
Faudrait que tu prennes ton temps.
Viens te cacher avec moi.

Dis-le pas à personne
que tu m'as eue encore.
À moins que tu veuilles me faire
de la peine.
T'as le mode d'emploi dans tes mains.
Tu peux me revirer à l'envers.
Mais t'es pas obligé.

mardi 8 mai 2012

Mes chers amis imbéciles


Je n'ai plus l'énergie de vous aimer quand même.

Je ne sais plus où sont passés mes beaux principes. Ma colère les a mangés.

Vous préférez vous faire enculer. Vous dites merci. Vous ne comprenez pas le débat.

"J'attends et je pense à vous : j'ai encore une chose à vous dire qui sera la dernière. Je veux vous dire comment il est possible que nous ayons été si semblables et que nous soyons aujourd'hui ennemis, comment j'aurais pu être à vos côtés et pourquoi maintenant tout est fini entre nous."
-Albert Camus



Témoignage sur la Place Valois

Le train passait icitte, bord en bord de la Tario.

lundi 7 mai 2012

N'en parlons plus

Je ne te dirai pas ce qu'il me fait.
Je ne discuterai pas de sa taille.
Je ne t'avouerai rien.

Toi, t'es pareil comme un chat

Tu te couches sur mes papiers,
avec tes pattes sales.
Tu promènes tes grosses couilles
sous mon nez.
Tu te frottes, tu lèches.
Tu lèches pour mieux mordre.
T'es pas pressé,
tu penses que j'ai rien que ça à faire.


dimanche 6 mai 2012

Pas d'image

Je suis tombée dans le coma sur le divan hier soir. Je n'avais pas dormi comme ça depuis des mois.

samedi 5 mai 2012

Ziggy et Minnie

Sont des enfants adorables, turbulents, effrontés. Ils ont tous les droits. Personne ne s'en fait parce qu'ils mangent des chips toute la soirée et respirent la fumée.

-Est-ce que je peux avoir du rouge à lèvres?
-Tu as quel âge?
-Comme ça.

Minnie a quatre doigts et elle sait se maquiller sans miroir. Elle grimpe sur toi et s'accroche à ton cou, elle te confie ses secrets alors que tu viens à peine de faire sa connaissance. C'est une artiste, je l'ai su tout de suite quand j'ai vu ses bas.

-Je peux jouer avec ton téléphone?
-Je n'ai pas de téléphone, mais j'ai un appareil photo.
-Comment tu fais pour jouer sans téléphone.
-Avec un crayon et du papier.
-Tu me prêtes ton appareil photo?

Ziggy prends des photos artistiques, il précise sa démarche, enligne le débat sur un thème intéressant.

-Je ne veux pas voir vos faces.
-C'est à cause de la grève étudiante c'est ça? C'est pour dénoncer quoi? Qu'est-ce que tu veux dire avec tes photo? Explique-nous Ziggy.
-Vous avez toujours la même face, je l'ai déjà vue. Besoin de changement.
-Redonner le pouvoir au peuple c'est ça?
-Je l'sais pas, je veux juste prendre des photos.

Il a cinq ans et il sait déjà c'est quoi l'essentiel. Faire de quoi.

vendredi 4 mai 2012

Mon vieux chum, pour ta fête

Tu sais que je manque de temps, tout à l'heure j'ai fait sécher mon linge au séchoir en même temps que mes cheveux. Je mange moins. Je ne pleure plus. Je n'ai que vingt minutes et deux dollars. Toute mon amitié. Je te suggère d'ouvrir le paquet de bas de nylon d'abord, ensuite la boîte de sardines. Presse-les et vide l'huile sur les bas de nylon, frotte ça sur tes joues pis rêve au coucher de soleil.

Mon propriétaire est un malade mental.

Je me suis levée à sept heures pour travailler sur le budget de machin, contacter des agents immobiliers. Je voulais remettre du rouge dans mes cheveux avant d'aller à Victo. Il est midi et je n'ai pas encore mangé. Me v'là obligée d'aller porter plainte à la police à cause de ce fou-là. Je n'avais pas besoin de ça aujourd'hui.

Anick Fortin


mardi 1 mai 2012

Bris de condition

Ça ne me manquait pas.
Les avocats putasses
qui dégueulent pour 100 piasses
de l'heure, pas de taxes.
Le téléphone qui
chigne toute la nuit.
Acceptez-vous les frais?
Qu'est-ce que tu veux que je fasse?
Un gâteau?
Ça ne me manquait pas.
Le compte en banque vidé.
Le sang sur tes poings cassés.
Mentir à police.
Brouiller les pistes
Le ventre béant d'angoisse.
Arrête de dire que tu m'aimes
Fais-le donc pour voir.

Je sais pas ce que t'as fait aujourd'hui

Moi j'ai fait une soupe au poulet et au cari.




Jour de congé

Je me suis levée tôt et je n'ai travaillé que quatre heures. Il était content que je propose de sortir manger des sushis. Après, j'ai assisté à l'école populaire sur les médias sociaux à la place Valois.
J'ai rencontré Mélodie et lui ai dit qu'on allait acheter des livres à l'aréna Étienne Desmarteau. Elle m'a trouvé quelque chose sur le Cirque. Félix m'a trouvé l'évangile en papier. J'étais surprise, touchée. Comment tu sais? Il sait, c'est tout. Je ne peux pas m'empêcher d'acheter un livre avec des enfants nus. La manif m'a donné de l'énergie. Je n'ai pas envie de dormir.