lundi 16 avril 2012

C'était un jour d'élection

J'avais travaillé toute la journée pour le perdant et je n'avais même pas encore de numéro d'assurance sociale. Le party était vraiment plate. Les enfants couraient aux deuxièmes étages. Les enfants, mais pas moi. Pourquoi pas moi? Parce que je ne suis pas comme les autres enfants. Je suis différente, je ne les aime pas et ils me le rendent bien. Je pense que je suis une adulte. Bientôt je vais faire l'amour et quitter la maison pour de bon.

Maman fonce dans l'escalier, elle veut battre un enfant, elle a le visage de ces jours-là. L'odeur du houblon. Les enfants font du bruit, on lui a probablement fait remarquer. Ce sont sans doutes ses enfants à elle qui font du bruit. Qu'elle les calme. Elle a honte, elle pourrait tuer pour ça. J'étais assise dans l'escalier, je ne faisais rien.

Elle a commencé à me battre et moi à crier. Le diamant de sa bague de fiançailles me déchire la lèvre et j'essaie de la repousser, je crie. On nous sépare. On me dit de sortir dehors. Je cours dans une rue que je ne connais pas et il fait noir, mais je n'ai pas peur. Je n'ai pas peur de m'éloigner, ça me fait du bien.

Ma tante Claudette me rattrape. Ma tante Claudette pleure en me lavant la face.

-Ta mère est aigrie en ce moment. Sais-tu ce que ça veut dire?
-Non.
-Ta mère a besoin de toi.

Me semble que je fais rien que ça l'aider tabarnak. Changer le bébé de couches, faire le souper d'une main en repoussant les avances du demi-frère dégénéré de l'autre. J'ai toujours bien rien que douze ans et demi moi!

On m'a dit de m'excuser et je l'ai fait, même si je ne comprenais pas du tout pourquoi. Je suis allée voir ma mère, me suis excusée et l'ai consolée. Aujoud'hui je comprends que j'ai mangé une volée parce que ma famille avait perdu ses élections. Que j'ai dû m'excuser pour avoir crié et non encaissé les coups en silence. C'était pour m'apprendre à perdre.

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