mardi 31 janvier 2012

Ma nouvelle amie Amélie

Elle a un nom doux et des airs hippies, quelque chose de rustique. Elle est gentille, elle prend des billets pour moi quand elle va voir Jimmy Hunt à la maison de la culture. Elle est inspirante, on a des projets, je veux qu'elle dessine. Elle me prête du linge, son épaule et son ex. Il sera là. Ce serait peut-être le moment de lui rendre cette précieuse cassette qu'il m'a prêtée, il y a des mois. Je devais la copier et lui rendre aussitôt. Je l'évite depuis ce temps-là. On a parlé de musique et de télé, de Martin Talbot/James Bande et du Plaisir croît avec l'usage à Télé-Québec. Il est bien trop beau pour moi.

Nous sommes voisins depuis dix ans. Je savais qui c'était quand elle a dit mon ex habite en face, j'ai dit non, pas le beau gars! Et quand elle lui a dit que j'habite en face, il a dit, pas la fille que j'ai vue à la télé! Fuck. Si je faisais de la télé tous les jours ok, mais on est à Montréal. Tout le monde fait de la télé ici, même lui, c'est sa job!. Quand ton quinze minutes de gloire marque l'imaginaire d'un voisin que tu ne connais pas...

Je vais lui faire un gâteau. Amélie aime l'idée elle trouve ça drôle. Quelle sorte de gâteau? Quel degré de difficulté?

dimanche 29 janvier 2012

C'est vrai que ça me ressemble

Tu vois moi, ça me touche tsé.
Tu penses à moi.
Tu vas revenir.
Tu as réfléchi.
Regarde-moi bien changer
les serrures mon câlisse.
Vider tes tiroirs.
Faire de la place pour quelqu'un de mieux.
Ma famille va s'occuper de toi.
Ne viens plus me consoler.
Le contrat est fini.
Paye mon avocat.

samedi 28 janvier 2012

Mon horaire

Deux minutes pour répondre à mes courriels. Deux minutes pour manger. Pour lire, rapidement. Aller hop, il faut que je rende ça, penser ceci, organiser l'affaire. Je suis toujours en retard, tout le monde le sait.

Pas le temps de ne rien terminer, pas même mes foutues phrases. Je travaille moins, mais je bénévole, je magouille, je m'implique tellement et les mots. Les mots sont revenus.

Je pense bien que je vais être obligée de prendre un taxi pendant la pause de cette conférence afin de voter pour mon candidat favori à l'investiture dans Masoch. Je suis big. Je n'ai pas le temps de faire de l'exercice, j'engraisse. C'est ça la politique.

Je commande des jouets pour jouir vite. Pas le temps de chercher, je couche encore avec lui. Ça ne simplifie rien et ça mange ma tête. Mon coeur est en restructuration, on dirait un titre de toune country que Mémère écoutait. Je me suis habituée à être malheureuse et à fonctionner quand même. Je suis devenue ma mère. Félicitations.

Je voulais étudier plus, aller à la patinoire, manger avec une amie, lire ce bouquin, m'inscrire à ce truc, faire une thérapie, planifier un voyage. Je n'ai pas le temps pour tout ça.

Le libraire me drague et ça me fait tellement plaisir. Un peu trop. Il ne faudrait pas que ça paraisse quand même. Oh j'aime ça. Tu es tellement mon genre. Tu as tout ce que je veux, j'en suis certaine. Attends-moi, je vais revenir. Je voudrais que tu m'invites chez toi. Je prendrais le temps.

dimanche 22 janvier 2012

Prends le contrôle de ton avenir

-Tu as bien fait de me téléphoner Gilles. Quelle est ta date de naissance?
-13 octobre 1978.
-Je vais mélanger mes cartes en pensant très fort à toi. Je t'imagine assez grand.
-J'ai pas de moustache.
-Entendu Gilles, pas de moustache, merci de la précision. Tu as des questions dans ta tête. La première question?
-Je voudrais savoir si je vais gagner un montant d'argent.
-Humm. Ça se pourrait, ce n'est pas exclu, achètes-tu pas mal de billet pour les tirages?
-Je vais aussi au Casino, ma femme veut me laisser, mais moi je le sais que je vais gagner ben vite.
-Quel est son signe?
-Capricorne.
-Ah oui, c'est dommage, ce n'est pas la femme de ta vie Gilles. Tu vas rencontrer quelqu'un d'autre très prochainement. Avec des belles grandes jambes.
-W0w, j'ai vraiment ben fait de t'appeler. Merci.
-Ton père est décédé Gilles?
-Mon père, ben oui! Pourquoi?
-Je suis en contact avec lui en ce moment.
-Est-ce qu'il est fier de moi? Qu'est-ce qu'il dit?
-Ton père ne parlait pas beaucoup, hein Gilles?
-C'est vrai. C'est vraiment lui. Il était de même le bonhomme, jamais un mot.
-Qu'est-ce que tu voudrais qu'il te dise?
-Je le sais pas.
-Lui non plus.
-C'est indescriptible comment je me sens. Avoir la chance de communiquer avec mon père mort. T'es forte en tabarnac.

mardi 17 janvier 2012

1998

Personne ne voyait que je souriais, il faisait noir comme tu ne peux pas t'imaginer. Montréal silencieuse, sur pause. Pas d'autres lumières que les phares des voitures qui avançaient doucement, à tâtons. Du monde partout avec des gros sacs, des bagages. Tout le monde patinait sans un mot. Une belle ambiance de guerre, mais c'était juste le verglas. La 125 était là, drète sur le coin de la Tario. Ça n'arrive jamais ça.

J'étais contente parce que c'était mon idée. Cat à dit oui tout de suite et Ka était accessoire. Être bénévole dans un camp de réfugiés au stade, j'espère avoir la chance de refaire ça. On ne dormait pas, le café était gratuit. Quelqu'un quelque part avait besoin de nous pour surveiller des portes, indiquer le chemin, amuser les petits. Quand on avait une pause, on en profitait pour téléphoner à des postes de radios et dénoncer les conditions atroces dans lesquelles nous vivions. Dormir à même le ciment, affamés. Pas de douche. Où est l'armée?

Quand les Rolling Stones ont annulé leur concert, on a eu le droit de manger leur bouffe. Des fraises! Dans ce temps-là, on ne voyait pas ça, des fraises en hiver dans Masoch.

dimanche 15 janvier 2012

Mon voisin à ramené une fille

Ça fait douze ans que je dors dans cette chambre-là. Je n'avais jamais entendu personne jouir ici avant. Cette salope a pris ma place dans le bloc.

Ça me ferait du bien de baiser moi aussi. Personne n'a pensé m'offrir ça pour mon anniversaire.

samedi 14 janvier 2012

Corpus Français, pourquoi j'ai pris ça?

Je ne sais pas pantoute comment je vais arriver à lire tout ce que j'ai à lire et à l'analyser quand je ne suis même pas certaine de comprendre c'est quoi une calvasse d'analyse.

Ma moyenne va baisser.

jeudi 12 janvier 2012

Des grosses mains roughs

Me semble que tous les cours sucent cet hiver.

J'ai le goût d'aller à Concordia pour parfaire mon anglais et avoir une aventure avec une belle grosse Ontarienne aux cheveux courts, étudiante en art visuel, évidemment. L'art à Concordia, ce n'est pas drôle. Ça fait mal, tu ressors de là transformée. Ils n'approchent pas ça n'importe comment eux-autres. Elle aurait des grosses mains et je serais du bon matériau.

dimanche 8 janvier 2012

Hier j'ai eu trente ans

Je ne me sens pas différente, sur l'emballage il est écrit que je dois utiliser le modèle 2 de Diva cup. Des petites affaires de même qui te font passer une mauvaise journée. Fini le rabais étudiant au théâtre. Quand je dis mon âge les gens ont l'air désolé.

On est allés ensemble à ma fête surprise. Parce qu'on s'aime encore ou parce qu'on sera toujours des bons vieux chums, pas évident de déterminer précisément ce qu'on ressent en ce moment. Notre vie est floue, on n'avance pas vite, on se cherche ou on se perd. Nos vieux chums ne savent pas encore. Comme des enfants, on les protège, les épargne. Pas tout de suite, laissons passer Noël. Tu mérites un beau party pour ta fête, il a dit. Une chance qu'il est là pour me donner ce que je mérite ; comme la moitié de sa retraite.

Je suis une star. Pour mon anniversaire, ma gang a construit un cirque de puces qui s'est brisé en vingt secondes. Le bébé qui fume, je le garde pour toujours c'est sûr. Puis il y a eu le théâtre de marionnettes et on m'a présenté ma vie en six actes. Il était partout. Ma vie commençait carrément avec lui. J'ai pas de vie sans lui, c'était ça mon cadeau ce soir. Réaliser ma connerie. Sandra dit qu'on est un modèle.

-S'il fallait que ça finisse vous deux, je ne croirais plus jamais en l'amour.

Moi non plus. On est capable de vivre sans ça tu sais, mais ça me rend amère un peu.

Il est venu me reconduire, il m'a déballée. J'ai dit non, ça va faire. Branche-toi.