jeudi 29 décembre 2011

Bonne année

C'est fini l'Halloween. C'est peut-être mieux comme ça. Je le savais que c'est fragile, on peut retraverser la rue n'importe quand. Tu baisses la garde pis là. On ne peut pas tous être des gagnants. J'aurai essayé moi au moins. Tant que je l'avais lui, j'allais. Faite pour être deux. Oui tant que et quoi maintenant si? Qui veut d'une épouse mangeuse de bébé?

J'ai laissé une cage de poupées mutilées sur le bord de la ruelle, quelqu'un les a libérées. La cage est vide et glacée comme l'appartement, comme ma vie, comme ma tête. Je ne sais rien pantoute, j'ai perdu mon temps à aimer, je n'ai rien appris.

On se tanne de travailler pour ceux qui ont étudié, ils me semblent tous moins intelligents, mais ils ont l'avantage d'être riches et de m'ordonner n'importe quoi. J'aimerais être à leur place. Ma rage, elle occupe tout l'espace.

Dis-moi de quoi tu as besoin je vais voir ce que je peux faire. J'ai des cigarettes, sont un peu croches. Ok une piastre de moins si tu m'en prends deux. Des bouteilles de fort, vraiment pas cher. Des bijoux pour ta langue ou ton nombril, quasiment donné. Ça me permet de me consacrer à mes œuvres d'art féministe dont on n'entendra jamais parler.

Je vais voir des gros spectacles quétaines avec Maman, elle pleure, on sort fumer des joints à l'entracte. Daddy nous manque, c'est étonnant le temps passé avant qu'on le remarque. Mon frère m'a apporté de la drogue et je trouve qu'il lui ressemble avec sa seringue. Ti-cul est un bon éducateur, c'est écrit dans une carte de Noël offerte par une petite maman contente.

Je voudrais baiser comme du monde sans être obligée de payer une fille sacrement. Peut-être à l'église. J'étais contente quand ma tante est morte. Personne ne me demandait pourquoi je braillais ce jour-là.

mercredi 28 décembre 2011

Fais attention avec lui, il a un tempérament violent

Si ma blonde était morte il y a deux mois à l'urgence parce que les marginaux retombent toujours en bas de la liste dans notre système. Si je perdais mon logement à soixante-seize ans et que des p'tits culs me sacraient une volée pour me prendre mon argent. Si j'avais flambé ce qui restait en roche plutôt que de chercher une place.

Peut-être bien que je serais désorganisée un brin et j'aurais un tempérament violent.

jeudi 10 février 2011

C'est quoi une belle fin?

Quelqu’un n’a plus envie de jouer avec moi. Être un personnage, c’est pas toujours facile vous savez. Je suis emprisonnée dans ce blog que plus personne ne tient à écrire. Je ne vais nulle part, je n’existerai pas ailleurs. Je ne vous ai rien dit, mais vous étiez là, quand même.

lundi 7 février 2011

Quelque chose de grave

Mémère disait que Maman était un bébé affreux. Laide. Ça faisait de la peine à Maman. Elle est pourtant, malgré tout, toujours plus belle que moi.

Maman se peigne sur le côté pour cacher cette vilaine alopécie. Elle est atteinte de cette maladie orpheline ingrate qui la marque. Ça a commencé par une joyeuse plaie ouverte, ça suintait un peu. Ça prend du bon maquillage. Une chouette merde que tu attrapes en accouchant. Elle dit que c'est le choc. Tout le monde a faillit mourir ce jour-là.

Maman travaille dans le public. Une moyenne de dix clients par jour dans son casse-croûte minable de la rue H. Elle se voit servir du café à Ranger boy le lutteur populaire et Évelyne la petite vieille du New-Brunswick pour une couple de piastres. Assez pour acheter de la bière, qu'elle boit tiède.

Et elle tombe sur le sol, se fait mal. Maman souffre tout le temps. Alors elle me téléphone. Je ne devrais pas répondre passé huit heures. Si c'était urgent? Quelque chose de grave...

-Ouin.

-Maman?

-Ouin.

Elle va juste dire ouin, incapable d'articuler autre chose.

-Je te rappelle demain Maman.

-Ouin.

-Ok bye.

-J't'aime hein?

-Oui M'man.

Tout va bien. Maman ne m'aime jamais avant huit heures.

dimanche 6 février 2011

Un genre de thème

Ça parle d'enfance, de sang, c'est assez récurrent. Rien de très original, vous me connaissez. C'est juste l'histoire d'un pauvre type vous savez, il a des problèmes, comme tout le monde. Et puis, c'est une histoire d'amour. L'amour, le pur, le vrai. Quand il voit ces petits êtres, il les aime tellement, il ne voudrait pas leur faire de mal. Il les éviscère par amour, c'est pas difficile à comprendre. Pour ne pas leur faire du mal.

Le mari, on dirait qu'il a atteint ce point de non retour où ça ne le fait plus rire du tout. Je trouve ça ben plate pour lui.

samedi 29 janvier 2011

Y a pas que la grippe qui court

J'ai piqué ça .

Répondre aux questions suivantes avec des titres de livres:

Décris-toi: Bonnes filles toujours (Paul Bomart)
Comment te sens-tu : Comme une odeur de muscles (Fred Pellerin)
Décris là où tu vis actuellement : Le Montréal de mon enfance (Antonio de Thomasis)
Si tu pouvais aller n'importe où, où irais-tu : Le pawn shop de l'enfer (Jean-Sébastien Larouche)
Ton moyen de transport préféré : La culture (Pierre Bourgault)
Ton/ta meilleur(e) ami(e) est : Sarah la givrée (Benoît Dutrizac)
Toi et tes ami(e)s, vous êtes : Bêtes, hommes et Dieux (F. Ossendowski)
Comment est le temps : Gone with the wind (Margaret Mitchell)

Ton moment préféré dans la journée:Qu'est-ce qu'on mange (Le cercle des fermières du Québec)
Qu'est ce que la vie pour toi : Pasta et cetera (Josée Distasio)
Ta peur : Lucien Bouchard en attendant la suite... (Michel Vastel)
Quel est le meilleur conseil que tu as à donner : Poésie, sexe et mélancolie (Binnie Kirshenbaum)
Pensée du jour : Faut de la fuite dans les idées (Marc Favreau)
Comment aimerais-tu mourir : La conspiration cosmique (Stan Deyo)
La condition actuelle de ton âme : Restoration (Rose Tremain)

mercredi 26 janvier 2011

Le vrai courage

-Euh... Je sais pas si t'as remarqué, ton linge est comme beige aujourd'hui.
-Oui mon petit gars. Moi, je n'ai peur de rien!

samedi 22 janvier 2011

On est un peu tous à bout de ressources et Léo n'a plus de souffle

Le rejoindre est une course à relais et les nouvelles sonnent comme le téléphone arabe. Dis à Stef de dire à Pete de demander à Pat si Léo dors là-bas ce soir. Sandra dit que Mélo dit que sa mère a donné des billets de bus à Léo pour qu'il soit à l'heure, mais Johnny est allé le chercher sauf que Léo était déjà parti à pied.

Léo a sa vie dans son sac à dos, il se couche où il peut, prend toute son énergie pour te demander une clope et ne pas pleurer. Même plus d'argent pour la dope. Vivre ça à froid comme si c'était humain. Besoin de pas grand chose, un bain, une bière, le sommeil. Depuis qu'on lui a enlevé son chien, Léo n'y croit plus. Il n'y a pas de repos, il n'y a pas d'amour, l'appétit disparu. Silencieux, il se casse la tête toute la journée à essayer de comprendre, comment émerger.

Tout le monde sait mieux que lui. Tu devrais aller chez ta mère. Tu devrais te trouver une job. Tu devrais arrêter de fumer. Ah ouais, ben ouais, c'est ça que je devrais faire. Et tu le vois se retenir de dégueuler en souriant.

mercredi 19 janvier 2011

La guerre est finie

Retombée en amour avec lui en sortant du métro, il attendait le bus. Alors j'ai couru en me disant que je suis chanceuse. Nous sommes chanceux. Mon amour, je t'aime mon amour. Ses yeux et ses bras, ouverts, juste à temps. La guerre est finie, rentrons chez nous.

mardi 18 janvier 2011

Mon mentor

Il avait envie d'un steak frais. Il est allé drete dans le champ se prélever un quartier sur une vache vivante avec sa hache.

Aujourd'hui, c'est ma hache.

lundi 17 janvier 2011

Ton père serait fier de toi

J'ai reçu ce courriel hier matin.

On dit que t'as de bonnes notes. Je voulais te dire que je suis fier de toi, ton père serait fier de toi.

Non mais, pour qui se prend-il? Convoquer mon père mort le dimanche matin pendant que je fume un pétard.

Et ça tourne comme une chanson. Comme la radio, je sais pas si j'aime ça, y a des chances que non. Ton père serait fier de toi. Je la connais par cœur.

Et je sais donc pas quoi répondre.

jeudi 13 janvier 2011

Tout est sale

Les piles de vêtements, de vaisselle et de livres poussiéreux. Nos empreintes poisseuses près du commutateur. Tes outils, mes cosmétiques, les décorations de Noël fatiguées. Je vais me recoucher, réveille-moi en juin.

mardi 11 janvier 2011

La fin de ma probation

Trois mois de parfait bonheur, se lever le matin semblait moins pénible et je criais sur tous les toits que j'ai changé.

J'ai pas voulu, c'était plus fort que moi. Je suis faite comme ça. Infidèle. Incapable de m'engager. Je voudrais que tout le monde m'aime et tout le monde m'aime. Alors avant que tout le monde constate que je ne suis pas ce que j'annonce, bye bye. On allait se marier samedi, j'annule tout. Dans ma poche, ma lettre de démission, ma liberté.

Pensais-tu vraiment que je passerais ma vie à signer tes chèques et gérer ton agenda? Je pourrais pas. Je me sens pas respectée, sous-évaluée, mal payée. Je peux pas rester là. Tu trouveras quelqu'un d'autre.

J'ai envie des autres. Je sais bien que j'ai dit : j'aime ma job! Ouais, j'aime ma job, c'est juste une expression comme ça, pour ne pas se sentir trop nulle. Je ne suis plus capable de ne pas consulter les offres, je salive devant les postes affichés. Temps partiel, salaire selon échelle, je t'essayerais ben toé, pour voir si tu payes.

On allait se marier samedi, je te sacre là comme une vielle guenille. Tu vaux pas la peine, t'es pas vraiment mon genre et même si je t'aime encore, je mérite mieux. Je vais rajouter ton nom au bas de ma longue liste, ni plus ni moins valable que les autres, t'as fait ton temps, j'ai fini avec toi.