dimanche 29 août 2010

On n'oublie pas la face de ceux qu'on tue

Ben non, on n'oublie pas. Souvent c'est la nuit mais il se peut que ce visage grimaçant fasse éruption en plein jour. Dans le fond du chaudron en stainless qu'on astique, dans l'armoire derrière le bocal de flocons multigrains, sous le lit.

Il faut faire comme si. Sourire, rire des blagues, manger même si on n'a pas faim. Faire l'amour même si on n'a pas faim.

Les maladresses, les excuses et les pleurs, pour rien, pour rien, c'est juste un coup de cafard. Je ne pense à rien, arrête de me demander. Je ne pense à rien qui ne se dise, rien qui ne s'avoue, si tu savais...

On se souviendra toujours du ronronnement du premier chat battu à mort.

La chaudière d'eau de javel pour laver le sang d'un salaud.

Et le bruit des poignées de cheveux arrachées aux enfants.

mercredi 25 août 2010

Maman et moi

Nous croyons que c'est dans les petites choses. Un geste, un mot et toute ta vie vient de changer.

Pour la petite puce d'en bas à qui le bon docteur Julien vient de donner un vélo fée clochette, Maman a fait des rideaux pour qu'on puisse enlever l'affreux drap de sa fenêtre.

Pour les deux mousses d'en haut dont la pauvre maman dépassée s'est faite sacrer là et n'a rien à leur fournir pour la rentrée, je vais acheter des beaux coffres à crayons, des cahiers Canada, des cartables et des duo-tangs colorés. On passera l'après-midi à identifier les articles et les petits commenceront l'année du bon pied.

Maman et moi, allons passer une belle journée.

mardi 24 août 2010

Est-ce que ça se mange?

Tout a commencé quand tu t'es mis à me parler pendant que je choisissais les tomates pour mon ketchup aux fruits, le meilleur au monde, celui de ma Mémère. Pis tu disais que t'aimerais ça faire la cuisine avec moi, j'ai donc des beaux yeux, j'ai l'air d'une gourmande. Ben oui, ben oui, attention je pourrais te manger. Tu trouvais ça drôle.

Moi, je ne trouve pas ça drôle, je suis sur le chômage, je magasine mes produits sur le rack à pauvres au marché et j'aurais préféré cuisiner un grand intello bio qu'un misérable inculte et stupide comme toi, carburant à la budwiser et aux patates frites. Non, t'es pas un filet mignon tu sais. Je ne te mangerais pas saignant, tu vas mijoter longtemps mon pauvre con.

Tu riais tout le temps en me suivant dans les allées. Il me manquait du thym frais, y a rien de drôle là-dedans, le cave, du thym frais.

Tu ne riais plus quand je t'ai planté la hache dans le dos, t'es tombé en pleine face. Je t'ai amené dans le bain pour te dépecer. Je me suis dis, toi, tu vas être bon. T'es rien mais je vais faire quelque chose de bon avec toi, parce que j'ai un foutu talent pour la cuisine. Haché finement avec mon vieux moulin en acier, un peu de clou de girofle et de la cannelle, pas besoin de viande de première qualité pour faire une bonne tourtière. Avec mon fameux ketchup aux fruits, un gibier cheap comme toi, ça va faire l'affaire.

Je t'ai découpé en souriant, j'en ai saisi un morceau dans la poêle pour avoir une idée, christ tu goûtais l'orignal, le vieux buck aigri. Quelles genres d'habitudes de vie de merde tu as pour goûter si fort? J'ai aiguisé mon couteau, t'as la chair difficile à découper, de la vrai peau de cochon comme disait ma Mémère.

Ce qui m'a vraiment fait flipper c'est la petite boule dans ta nuque. Cher, t'as un morceau que j'ai jamais vu. Est-ce un ganglion, un kyste, un cancer? Est-ce que ça se mange? Curieux, je n'avais jamais vu ça.

Finalement ce n'était pas très bon. Un peu caoutchouteux et sans véritable goût. Peut-être qu'avec un peu d'ail et du fromage bleu... Trop tard, il n'en reste plus.

dimanche 22 août 2010

Les trente ans de Mélo

-Où t'as pris ça, ces bonbons-là?
-Dans les gosses de latinos

-À Province Town, y avait un gay avec des grandes jambes.

-O76.
-Bingo!

-Qui a joué avec les lettres et a écrit 30 anus sur le gâteau? Répondez!

-Moi je reste à côté des sandwiches.

-J'ai eu mon chèque des fous, j'ai pus besoin de travailler, le médecin y a marqué fou sur son rapport, là le gouvernement y l'sait que c'est vrai que j'suis un vrai fou là. J'ai des pilules.
-Sont tu mauves?
-Non, sont pas mauves.
-C'est quoi ta maladie?
-J'pas capable de vivre comme tout l'monde, en société là. Vous autres c'est correct, mais le monde est trop laid.

-De quoi y est mort?
-Y est pas mort, y est juste dans l'coma.
- Ben là, de quoi y s'plaint?

-C'est Cannelle qui renverse son verre de vin partout.
-Ben là, faut ben en mettre sur le plancher, sinon Sandra aura quasiment pas de ménage à faire demain.

-J'veux prendre une photo, faites semblant de danser, comme si on avait ben du fun.

-Piste de dance avec un "c"?
-J'aime pas ça moi, écrire danser avec un "s" bon!

mercredi 18 août 2010

Daniel Paillé engage des réceptionnistes ignares

Cannelle - Bonjour, je voudrais m'adresser au député pour une question d'assurance emploi.
Ti-clin - Euh... Ben, je pense que vous devez contacter Madame Carole Poirier...
Cannelle - Non non, l'assurance emploi c'est une compétence fédérale.
Ti-clin - Ah oui?
Cannelle - Oui oui.

Comme il avait du mal à trouver papier et crayon pour prendre mon message, j'ai raccroché et j'ai décidé d'aller au bureau Service Canada de ma région avec ma hache.

dimanche 15 août 2010

Chut c'est un secret

Je parlais tout bas avec Johnny.

Le mari - Quessé qu'vous complotez vous autres?
Johnny - Cannelle veut aller chez Walmart pour le cadeau de Mélo.
Le mari - Quoi?! J'pensais que c'était clair, j'pensais qu'on était d'accord...
Cannelle - Veux-tu venir?
Le mari - Ok, mais vous dites à personne que j'ai mis les pieds là! J'y vais juste pour voir s'ils ont des produits bio.

vendredi 13 août 2010

Cannelle se pète la gueule chez Ho wan

J'ai manqué la marche et Ratapataclan!

-Êtes-vous correcte madame?

Je suis toujours étourdie quand je viens de me péter la gueule. Quelqu'un s'est avancé pour m'aider. Mon mari s'est objecté.

-Laissez-la se relever, elle aime pas qu'on l'aide.
-Ouin, j'capable!
-Avez-vous besoin de quelque chose?
-Une soupe miso.

mercredi 11 août 2010

Sur le balcon

J'ai vu des mouches, des maringouins, des bibittes que je ne connais pas, de grosses araignées, un perce-oreille grand comme ça, une fleur que je ne me souvenais pas avoir plantée.

Et des tas des tomates pour le souper.

mardi 10 août 2010

Laisse un message

Ça fait quatre fois que tu appelles en dix minutes.

Ça fait six mois qu'on ne s'est pas parlé.

Laisse un foutu message.

vendredi 6 août 2010

Rhum, coco, ananas...

J'avais envie d'un petit pâté jamaïcain comme il y en avait à l'école et comme on retrouve dans certains dépanneurs du quartier.

Mes pâtés jamaïcains torchent en sacrement. Moins gras, moins salés, meilleurs.

Mais j'étais pas pour bouffer juste des pâtés.

J'ai Jerké le poulet, fait du riz au lait de coco, une petite salsa mangue et ananas avec ça.

Là, je sirote mon cinquième Piña Colada pis je trouve toute drôle.

Note : Habanero sur une coupure, c'est joyeux.

mercredi 4 août 2010

Tête fromagée (10 portions)

J'étais fébrile et mauditement maladroite, j'avais peur d'avoir perdu le tour, mais c'est comme le vélo, ça ne se perd pas. Ça faisait longtemps. J'attendais le bon moment, j'attendais d'être inspirée et je t'ai vu.

Quand je t'ai vu avec tes grandes oreilles, j'ai pas pu m'empêcher de te suivre. T'as pris la ruelle, tu sais, les ruelles ça m'excite tellement. Je t'ai tranché la tête d'un coup et je l'ai mise dans mon sac réutilisable, j'ai laissé ton corps là, près des ordures.

Je riais toute seule en revenant chez moi. Je pensais à tes oreilles, à mon livre de recette à base d'humains dont tu allais certainement faire partie. J'ai bien gratté l'intérieur de ton crâne et j'en ai fait une cretonnade pauvre en gras absolument délicieuse. Mes invités ont adoré ta tête. Pourtant, ce n'est pas compliqué, tu sais, ma cuisine est traditionnelle et simple, avec des produits frais et beaucoup d'amour, j'oserais dire, de la passion.

Faire revenir la viande avec quelques branches de céleri, des carottes, un peu d'ail, d'oignon et d'échalote française. On ajoute de la chapelure, des herbes de Provence, une pincée de cannelle et du gras de canard. J'ai tout remis dans ta tête et j'ai réfrigéré jusqu'à l'arrivée des convives.

Tes oreilles, elles avaient cette forme affreuse et extraordinaire. Je les ai gardées pour moi. Tes oreilles, je les ai fait frire puis les ai mangées avec un peu de vinaigrette à la framboise et de la roquette.

lundi 2 août 2010

Ma poule à Montréal

Pis j'veux pas en entendre un tabarnak chiâler que ça fait du bruit.

On endure vos maudits chiens qui jappent à l'année longue, ça fait que vos gueules.

Ça se passe ici.