jeudi 29 juillet 2010

Sur la rue Joliette

Les jeunes vont toucher le ciment où il s'est effondré. Comme une obsession, Ti-cul fait le tour, passe et repasse avec sa voiture, emprunte la ruelle, revient.

-J'comprends pas, j'comprends pas comment c'est arrivé.

Dans son groupe au camp de jour, il y a le frère et la sœur de Ti-bout. Il se revoit à huit ans avec Ti-bout, jouer au hockey dans la ruelle, manger des pop-sicles, aller dormir chez l'autre.

-Si c'était moi qui étais allé manger une pointe de pizza avec Ti-bout ce soir-là? Me serais fait tuer pour rien!

Pour rien.

mardi 27 juillet 2010

Il est mort

Mais c'est pas lui qu'on essayait de tuer.

L'autre, celui que j'appelais Ti-bout, le meilleur ami de Ti-cul à la petite école, il a couru et couru, il est entré dans le club et a tout cassé en criant, c'est moi qui ont essayé de tuer, c'est moi. Mon chum est en train de crever à cause de moi.

Ti-cul et Ti-pit pleurent, parce que celui qui est mort, c'était le meilleur au baseball de toute la ligue, celui qui est mort, il commençait à vivre.

Ti-cul aura dix-huit ans dans une semaine, il a choisi un autre chemin, travailler fort pour presque rien pendant des décennies, plutôt que de choisir le chemin le plus facile, l'argent, le pouvoir, se faire tirer et mourir comme un chien, tout seul sur l'asphalte.

Il aimait les chips au ketchup et la crème glacée aux pistaches. C'était un petit gars tranquille, il enlevait ses souliers avant d'entrer et m'appelait Madame, Ti-cul riait et disait, elle c'est juste ma soeur Cannelle...

lundi 26 juillet 2010

Mes vacances

À la chasse aux arcs-en ciel.















Des confitures.















Des marinades.





















Et je pense à l'halloween...






















vendredi 16 juillet 2010

Petit constat d'amoureux

-Tu es mon garde-fou. Je suis un malade mental très dangereux, mais tu es là, ça m'empêche de faire des conneries.
-Même chose pour moi!

jeudi 15 juillet 2010

Je n'ai pas envie d'aller faire ces radios

Puisqu'il fait si beau et que je termine mon contrat dans une petite semaine.

Puisque ça ne fait pas si mal que ça, dans les bras de mon mari et avec un verre de margarita, tout s'endure.

Puisque j'ai fait semblant pendant des mois que ce n'était rien.

Ce n'est pas un pied qui ne marche plus qui m'empêchera d'avancer.

Je ne veux pas en parler.

Oups la clinique vient de fermer, comme c'est dommage.

jeudi 8 juillet 2010

Ça pourrait vous arriver

Ça commence quand ton père trouble ton sommeil profond d'enfant avec son pénis sale à sucer. Ça continue avec ta mère qui refuse de te croire. Ta mère qui te répète que t'es tellement laide que tu devrais te cacher. Ton seul ami qui crève dans tes bras parce qu'un chien, ça ne vit pas assez longtemps. Tu meurs un peu chaque fois que tu te sens jugée, quand t'entends des rires, t'es persuadée qu'on rit de toi, ce ne peut être que toi. On t'a mis sur la terre pour se marrer, tu n'es qu'un rat dans un labyrinthe sans issue. T'aimerais répondre quelque chose d'intelligent, mais t'es pas intelligente, t'as d'autres qualités, mais pas ça.

Les salauds, les avortements et les souris qui viennent chier dans ton tiroir de bas. Ça n'arrête pas, tu te dis que c'est fini là, ça ne peut pas être pire. Mais ça peut toujours être pire. La vie, c'est fait pour souffrir son soixante ans, c'est ça que tu te dis. Le propriétaire qui veut son loyer, tes amis veulent que tu rembourses les vingt dollars empruntés. Tu sais pas quoi faire, t'es épuisée, tu cours tout le temps, tu mens, t'inventes un plus gros mensonge pour couvrir le précédent. Hostie que ça pue chez vous. Ça te tente pus de te laver. Même quand t'es propre, même quand tu te maquilles, pas moyen d'avoir du bon cul.

Tu remontes tout à coup. C'est dans l'air, le printemps, tu souris au miroir et tu demandes à une amie de te couper les cheveux. Tu te trouves une job à vingt piastres de l'heure, autour de toi, les gens sont jaloux, toujours les mêmes qui ont toute câlisse! Comme si tu méritais de vivre dans marde jusqu'à la fin de tes jours. Comme si ces tabarnaks de caves prématurés gâtés à l'os étaient en mesure d'en juger. Tu payes le party tous les soirs, l'argent c'est fait pour être dépensé, t'en as jamais eu, tu ne comprends même pas ce qu'économie signifie. Tu payes même pour ceux que t'aimes pas, c'est des restants de tradition judéo-chrétienne comme ton vieux chandail troué que tu ne te vois pas jeter. Ne pas faire aux autres ce qu'on ne voudrait pas se faire faire. Venez et commandez ce que vous voulez, c'est moi qui paye. Tu as une nouvelle carte de crédit, tu as un compte en banque, tu achètes de la nourriture qui moisie dans le frigo et tu en jettes des sacs pleins, pas grave, tu en achèteras d'autre.

Et puis arrive encore une merde, tu tombes. Ça fait mal, la douleur on l'oublie si vite, on ne se souvient jamais bien de la douleur. Quand elle te prend, tu te dis, coudonc sacrement, je me souvenais pas que ça faisait mal de même. T'avais pas grand chose, mais tu te trouvais confortable, c'est fini, déjà. Réveille la grande tu pensais quand même pas que ça allait durer? Pauvre folle, c'est pas pour toé le bonheur, vas-tu comprendre? Obstine-toé pas pis lâche prise. T'as pas d'énergie à perdre à espérer pour rien. Faut s'y faire. Un jour à la fois. Les nuits sans sommeil, les semaines d'angoisse et le temps qui s'étire comme du spaghetti en canne.

Et l'autre vache qui ne comprend rien, qui dit que t'as juste à te fouetter et que tout est possible, Céline Dion était laide et pauvre, regarde ce qu'elle est devenue. L'autre vache, tu lui souris et fais semblant de la croire, parce qu'elle ne peut pas comprendre, c'est pas donné à tout le monde, l'empathie, la compassion, elle est si pauvre cette vache aux lunettes D&G, bronzage intégral et dents trop blanches. Tu souhaites quand même qu'un jour elle comprenne. À force de congeler ses restes dans des vieux plats de margarine et de les réchauffer au micro-onde, elle finira bien par choper un cancer, son chum prendra la fuite suite à la mastectomie, elle se retrouvera sur le BS après ses quinze semaines de prestations spéciales d'assurance emploi de maladie et un jour, oui un jour, tu la verras arriver sur ton coin de rue et tu lui diras décâlisse! C'est moé qui travaille icitte. Va vendre ton cul plus loin.