vendredi 19 juin 2009

Le personnage

J'aimerais qu'il parte en vacances, me laisse le temps de réfléchir, à notre avenir, au sien. Il ne me laisse pas un pouce, pas une seconde. Tapis dans un recoin de ma tête, il me lance des réflexions pour me déconcentrer. Il est là, même si je l'ai mis de côté plusieurs fois. Même si j'ai essayé de l'oublier.

Quand je l'ai créé, je ne savais pas. J'étais naïve quand j'ai écrit le premier chapitre, c'était comme un jeu. Mais une fois qu'il a pris forme, une fois que j'ai eu fini de le façonner, il est devenu réèl, je peux presque le voir. Une fois, sur la rue, je suis presque certaine qu'il est venu me demander l'heure. Quand je le néglige, il me le fais payer. Il revient à la charge, me supplie de m'occuper de lui, il envahi mes jours, mes nuits, il n'y en a plus que pour lui. Je n'existe plus, le reste, n'existe plus.

J'ai essayé de le laisser tomber. D'aller ailleurs, d'inventer d'autres lieux, d'autres péripéties, d'en inventer un autre. C'est impossible et je ne l'ai pas créé pour l'abandonner à la page 194.

Je croyais que j'avais terminé. Son histoire, elle était imprimée et rangée dans une enveloppe. Il n'était pas satisfait. Ce n'était pas la fin qu'il souhaitait. Il m'a fait tout recommencer, comme s'il suffisait de le demander. Il suffisait de le demander. Je l'ai fait. Et là, je suis prête, mais il n'est pas là. C'est aujourd'hui qu'il a décidé de prendre congé. Alors que je n'attendais que lui, qu'il me dise ce qu'il veut, ce qu'il attend de moi, pour la fin.

Je l'écrirai seule et quand il se repointera, il aura évidemment encore quelque chose à dire. C'est ainsi que je l'ai créé, insatisfait...

2 commentaires:

  1. C'est exactement quand on veut qu'ils se pointent sur la page qu'ils ne viennent pas, ces personnages...
    Ça sert à ça, l'insomnie : il faut se lever quand ils nous empêchent de dormir et continuer à les façonner, comme tu dis. Ce sont eux, les maîtres de notre horaire, parfois... je crois.

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