Ti-cul me dit ça, tout sourire, l'air solennel. Qu'est-ce que c'est que cette phrase?
-C'est ma devise! Avec mes chums, c'est comme un pacte qu'on a fait. Jamais le chemin le plus court, ni le plus facile.
J'ai pouffé de rire. Ti-cul est fier. Il travaille en d'sous d'la table pour une compagnie de déménagement. J'essaie de lui faire comprendre que c'est pas comme ça qu'on vit. Qu'il doit retourner terminer son secondaire en septembre. Avez-vous déjà essayé de faire comprendre quelque chose à un ado? Ti-cul s'est mis dans la tête d'aller faire un DEP à St-Lazarre avec son meilleur ami pour ensuite conduire des pépines. Il n'a pas besoin de son secondaire 5 pour le cours, c'est parfait ça! Pour combien de temps? J'ai pas envie qu'il se retrouve comme le chum de Johnny qui travaille depuis dix ans dans la construction. Cette année, il a dû rusher pour terminer son secondaire car la CCQ refusait de renouvler ses cartes de compétences autrement.
Il sort toujours avec sa niaiseuse, selon ma mère, ils passent leur temps à s'engueuler, mais ils s'aiment. Elle n'est pas encore enceinte c'est déjà ça. Ça ne saurait tarder. Les ti-culs qui sont mal dans leur peau, mal dans leur famille, choisissent souvent ça comme porte de sortie. Comme si un bébé les aiderait à s'en sortir...
Ça doit être dans nos gênes avariés, dans cette foutue famille, quand on a le choix, on ne choisi jamais la bonne chose. On aime ça la marde faut croire. Vas-y ti-cul, lâche pas, manges-en d'la marde. Reste dedans un peu, pis quand tu t'y seras assez enfoncé, je me salirai les mains pour t'en sortir. Comme d'habitude.
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