Mon bébé veut un plan

J'vais t'en faire un plan moi! Je déteste tellement travailler à temps plein que je dépense une fortune en taxis, restos, vêtements. C'est quand même fou de penser que j'avais plus d'argent dans mes poches quand j'étais sur l'assurance-emploi à 150 piastres par semaine!

À la maison, je peux porter le même chandail laid pendant des jours. C'est simple si je travaille à temps partiel, je dépenserai moins. Ça me permettrait de consacrer plus de temps à l'écriture et à mes études mais surtout à toi mon bébé. Il m'a adressé son regard de prof, les lunettes sur le bout du nez, les yeux en l'air. On va y arriver financièrement t'es certaine? Qu'il me demande. Penses-tu vraiment que je serais folle au point d'accepter d'être aussi pauvre qu'on l'a déjà été? Ai-je répondu. Il a sourit.

Me reste à démissionner de mon travail. Je le ferai jeudi. J'en ai des papillon dans le ventre. Pourtant je n'entends quitter qu'à l'hiver prochain. La dernière fois que j'ai quitté cet emploi j'avais donné deux ans de pré-avis et ça n'empêchait pas ma patronne d'afficher ce regard désemparé quand je suis partie. Elle m'a rappelé six mois plus tard et m'a offert 3$ de plus l'heure, difficile de refuser une telle offre. J'aime bien être valorisée au travail mais d'être à ce point indispensable, ça me tue. J'ai compris hier en jasant avec mon mari ce qui m'a fait paniqué. J'ai un mari, je n'en veux pas d'autres, je ne veux pas me marier avec ma job. Depuis quelques jours, ma patronne me dit des choses du genre: L'an prochain dans le dossier de ce client, souviens-toi de telle ou telle chose. Elle me parle de 2010-2011. Chaque fois mon estomac se serre et j'ai envie de m'enfuir. J'ai envie de répondre : L'an prochain je serai peut-être en Amérique du sud! C'est un emploi formidable, mais le prochain, je veux le choisir dans une grande bâtisse froide, avec des gens à qui je n'aurez pas envie de parler et je m'en irai quand j'en aurai assez!